De l’eau blanchâtre du dépôt à neiges coule dans le Boisé Du Tremblay
De l’eau blanchâtre provenant vraisemblablement d’un dépôt à neige coulerait dans un important ruisseau du Boisé du Tremblay, à Longueuil. Les citoyens Tommy Montpetit et Patrick R. Bourgeois, qui œuvrent à la protection de la rainette faux-grillon, s’inquiètent des répercussions néfastes de cette eau sur le refuge faunique, l’un des rares habitats de cette espèce menacée de grenouille. Dans deux vidéos publiées sur Facebook, Patrick R. Bourgeois montre l’eau qui coule dans une vaste partie du ruisseau Massé, qu’il considère comme l’«aorte» du Boisé du Tremblay. [caption id="attachment_111068" align="alignright" width="444"] De l'eau provenant du site de dépôt des neiges usées.[/caption] On y voit une eau «blanchâtre et brouteuse» qui se mêle à l’eau limpide du ruisseau. Le ruisseau se jette à son tour dans les milieux humides du Boisé qui, craignent les deux citoyens, pourraient ainsi être contaminés. «C’est vraiment catastrophique», déplore Tommy Montpetit, qui mentionne que 17 espèces de poissons vivent dans le refuge. MM. Montpetit et Bourgeois remarquaient aussi l’absence totale de traces d’animaux dans la section affectée du ruisseau, ainsi que l’absence du chant des rainettes, qui se fait habituellement entendre à ce moment de l’année. Dans une vidéo publiée le 13 avril, Patrick R. Bourgeois se trouve à l’orée du Boisé du Tremblay, tout juste à côté du dépôt à neige. Il explique que l’eau du dépôt passe par un bassin de décantation et emprunte un tuyau pour ensuite se diriger vers le refuge faunique. «L’eau du dépôt passe ici, sans aucune filtration digne de ce nom, avec une décantation sommaire, détaille-t-il, décrivant une eau «toxique et remplie de sédiments». «Les sédiments, c’est déjà de la pollution.» Fonte rapide [caption id="attachment_111071" align="alignleft" width="388"] Tome Montpetit[/caption] Il ne serait pas nouveau que l’eau provenant du dépôt à neige s’écoule dans la Boisé. Or, le printemps chaud qui a accéléré la fonte de la neige aurait changé la donne, émet comme hypothèse Tommy Montpetit. «L’année passée, l’eau arrivait de plus haut et passait par un marais filtrant. Quand elle arrivait ici, elle était transparente, le marais faisait sa job», expose-t-il. Ce printemps, la fonte rapide aurait surchargé le marais, qui s’écoule alors dans le ruisseau Massé. «On ne peut tolérer qu'un dépôt à neige, montagne de pollution s'il en est une, s'écoule dans une réserve faunique, tuant les rainettes faux-grillon au passage, a dénoncé M. Bourgeois dans un communiqué de la Fondation Rivières, qui a réagi à ses vidéos. Il est plus que temps de revoir la gestion de ces dépôts.» «Un saccage environnemental dans ce qui devrait être un paradis faunique», critique-t-il. Les deux citoyens ont affirmé effectuer les démarches afin que les autorités soient saisies de cette affaire et que la lumière soit faite sur la nature exacte de ce qui se trouve dans cette eau. Révision des normes La Fondation Rivières demande au ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques que soient revues les autorisations émises entourant les dépôts à neige. Elle estime que les normes gouvernementales doivent être révisées pour mieux prendre en considération la fragilité de certains milieux. Les bassins de décantation ne permettraient que de retirer le sable, laissant passer des contaminants, comme les chlorures, sels, métaux et microplastiques des neiges usées. «Les critères de conception sont trop faibles et ne tiennent pas compte du milieu récepteur. Des tests de toxicité devraient être applicables car des mortalités de poissons ont été constatées, soulève Alain Saladzius, ingénieur et président de la Fondation Rivières. Cette année, la rapidité de la fonte des neiges nous rappelle que les changements climatiques occasionnent des bouleversements dont il faut maintenant tenir compte.» Le Journal attend des retours de la Ville de Longueuil et des instances fédérales et provinciales impliquées.