Culture

Le mois des morts : les traditions perdues du deuil

le mardi 24 octobre 2023
Modifié à 15 h 09 min le 23 octobre 2023

Jeanne Lacoste-Duchastel de Montrouge, Justine Lacoste-Beaubien et Sir Alexandre Lacoste en costume de deuil, 1920. Archives nationales à Montréal, fonds Famille Landry (P155, S1, SS1, D471). Photo : The Palace Studio.

Dans le rétroviseur  
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) 

Par Marie-Pierre Nault, archiviste à BAnQ 

Qu’il s’agisse de la fête populaire de l’Halloween (31 octobre) ou des fêtes catholiques de la Toussaint (1er novembre) ou de la commémoration des fidèles défunts (2 novembre), les occasions sont nombreuses en cette période de l’année de célébrer la mort. C’est aussi un bon moment pour nous rappeler que la relation que nos ancêtres entretenaient avec la mort était plus marquée que celle qui prévaut de nos jours.  

Différents fonds d’archives comportent des documents qui témoignent d’une relation étroite avec la mort et de pratiques liées au deuil. Par exemple, imaginez recevoir par la poste une enveloppe et une lettre bordées de noir, signalant ainsi que votre correspondant est endeuillé. Ou encore, parcourir votre album de famille et y trouver la photographie d’un corps exposé sur son lit de mort. Macabre? Pas le moins du monde pour nos ancêtres.

Lettre de deuil adressée à Madame L. G. Papineau, 12 décembre 1922. Archives nationales à Montréal (P7, S1, D60).

Des lettres entourées d’un bandeau noir font partie de plusieurs fonds d’archives privées conservés par BAnQ. Leur envoi permettait aux correspondants d’offrir réconfort et soutien à la famille et aux proches de la personne disparue. Cette forme de correspondance est précieuse, car elle permet aux archivistes ainsi qu’aux chercheurs et chercheuses de dater approximativement un décès, la correspondance étant souvent datée elle-même.

Bouquet spirituel faisant partie de la correspondance familiale de Séverin Létourneau, vers 1830. Archives nationales à Montréal, fonds Séverin Létourneau (P675, S4).

En plus des lettres de deuil, BAnQ conserve des photographies témoignant des traditions funéraires d’autrefois au Québec, notamment les bouquets spirituels, le costume de deuil et les cortèges funéraires avec corbillards hippomobiles.

Jean portant le deuil de sa grand-mère Dubuc, juillet 1928. Archives nationales à Saguenay, fonds Famille Dubuc (P1, D172, P63-2). Photographe non identifié.

La mort a toujours occupé une place importante dans le quotidien de la population québécoise. Parmi les rites observés, on peut citer l’arrêt de l’horloge de la maison au moment de la mort d’une personne, la toilette du défunt, la veillée funéraire, le cortège funéraire, le service religieux, les obsèques… Suivaient la période du grand deuil, la première année du deuil et la deuxième année. Le deuil était une période de retrait et de restrictions qu’il convenait d’afficher clairement par des actions telles que le port de vêtements noirs ou d’un brassard noir. 

Aujourd’hui encore, le thème des revenants, avec ses fantômes, tombes et autres squelettes qui accompagnent la célébration de l’Halloween, nous aide, parfois par l’humour, à affronter la peur de la mort et ses mystères.

Plus discrets de nos jours, les rituels funéraires demeurent tout de même présents dans les traditions. Ils aident à affronter le deuil, tout en tissant des liens entre les membres de la famille et les proches des personnes décédées. 

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