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Bilan de la mairesse de Longueuil : Sylvie Parent préfère regarder les bons côtés

le dimanche 07 novembre 2021
Modifié à 16 h 07 min le 08 novembre 2021
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Sylvie Parent (Photo : Le Courrier du Sud – Archives)

Après 12 années de vie municipale, dont les 4 dernières à titre de mairesse de Longueuil, Sylvie Parent a choisi de ne pas se représenter lors de la prochaine élection. Au cours d’un mandat marqué par une fracture au sein du conseil municipal et par la pandémie, elle se dit néanmoins fière de ce qu’elle a accompli et évoque un bilan positif.

La mairesse sortante souligne que l’adversité encourue durant les quatre dernières années a quelque peu compliqué son mandat, mais ne l’a pas empêché d’atteindre plusieurs objectifs.

«Quand je regarde tout ce qu’on a accompli, en étant minoritaire, et avec la pandémie, c’est comme si notre quatre ans en vaut huit!» lance-t-elle, en entrevue au Courrier du Sud.

 

«Je vis un doux mélange en ce moment; je suis sereine avec ma décision, mais j’ai quand même un petit deuil à faire, c’est une page de ma vie qui se tourne.»

– Sylvie Parent

 

Mme Parent parle de sa campagne électorale d’il y a quatre ans comme d’un moment difficile. Rappelons qu’Action Longueuil, alors largement majoritaire au conseil municipal, s’est scindé en deux avant le scrutin de 2017.

Nommée à la succession de Caroline St-Hilaire à la suite d’un vote des membres, Mme Parent a vu plusieurs conseillers claquer la porte du parti après sa nomination.

Ainsi, même avec son élection comme mairesse, son parti se retrouvait minoritaire au conseil. Elle estime avoir tendu la main à son opposition à plusieurs reprises pour rétablir les ponts, sans succès. Elle croit toutefois que cette situation a été mise hors de proportion par rapport aux résultats actuels.

«Pendant un bon moment, c’est tout ce dont on entendait parler, mais en fin de compte, près de 98% des résolutions ont été adoptées. Donc, en réalité, la Ville a continué d’avancer», nuance-t-elle.

Pandémie et médias sociaux

Jamais, dans un passé récent, une administration municipale n’avait eu à gérer une pandémie. Sylvie Parent mentionne toutefois que les objectifs sont restés les mêmes à travers ce contexte et que c’est simplement la façon d’y arriver qui a changé.

«La pandémie a changé le trajet, elle nous a mis sur la voie d’accotement, illustre-t-elle. Le conseil municipal et le dialogue au niveau de l’agglomération sont demeurés, et, en rétrospective, on a accompli de grandes choses malgré tout.»

Là où la pandémie a eu un plus effet significatif pour elle, c’est dans les rencontres moins fréquentes avec les citoyens. Les activités avec les organismes et autres soupers spaghetti ont tous cessé du jour au lendemain, ce qui a limité les contacts en personne entre la mairesse et les citoyens.

Selon elle, c’est un facteur important d’un climat malsain sur les réseaux sociaux plus intense depuis la pandémie.

«Il y a eu une explosion d’animosité durant la pandémie, explique Mme Parent. Tu annonces une bonne nouvelle, tu te fais traiter de tous les noms, tu annonces une mauvaise nouvelle, c’est pire. Il n’y avait pas de contrepoids. Dans les activités, les citoyens venaient poser leurs questions et on pouvait leur répondre directement. Sur les médias sociaux, tu ne peux pas faire ça.»

Cerfs et salaire

Deux des dossiers ayant fait le plus jaser au cours de son mandat ont été ceux de la surpopulation des cerfs de Virginie dans le parc Michel-Chartrand et de son salaire de mairesse, le plus élevé de toutes les municipalités au Québec.

Dans un premier temps, Sylvie Parent souligne que la décision initiale d’abattre certains des cerfs et de donner la viande à des banques alimentaires était la bonne. Selon elle, le débat a pris une tournure trop émotive pour aller de l’avant, un débat où la science n’avait plus sa place.

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«Notre décision avait été analysée avec le ministère de la Faune et des experts, indique-t-elle. Avec l’opinion publique, ce qu’on n’était pas capable d’évaluer hors de tous doutes, c’était si les gens allaient s’enchaîner aux cages. C’est comme si là, il n’y avait plus de discussion possible.»

Elle précise par ailleurs que le parc Michel-Chartrand est dans une situation critique à cause de la surpopulation et «qu’une décision drastique devra être prise prochainement».

Pour son salaire, la mairesse se défend en rappelant que ce n’est pas elle qui a augmenté son salaire, mais plutôt la loi provinciale qui a changé, en référence à la loi 122 qui permet aux élus municipaux de cumuler les rémunérations liées à d’autres fonctions.

Elle souligne ainsi qu’il n’y a pas eu d’augmentation payée par les citoyens et croit que c’est l’opposition qui doit avoir des regrets dans ce dossier, après avoir voté contre sa proposition de réduire son salaire de 40 000$.

Centre-ville

L’espace autour de la station de métro Longueuil est voué à se transformer en véritable centre-ville dans les prochaines années. Sylvie Parent se dit particulièrement fière d’avoir pu aider à donner l’impulsion à un tel projet et d’avoir trouvé un promoteur, Devimco, en pandémie de surcroît, capable de construire dans un secteur «pas facile».

«Ça fait ma fierté parce que le centre-ville a besoin d’être revampé et que la façon dont Devimco le voit, c’est comme ça qu’on l’avait envisagé dans notre vision centre-ville 2035, affirme-t-elle. C’est le premier domino d’un grand projet, un investissement de 700 M$, du jamais vu pour Longueuil.»

Elle parle en outre de l’arrivée de ces grands projets comme celui du centre-ville ou l’arrivée de l’usine Molson comme une des réussites de son mandat, «qui donneront de l’argent pour d’autres grands projets subséquents».

«On est passé d’une relation plus fonctionnaire avec les entrepreneurs à une relation d’affaires», déclare Mme Parent.

Démolitions

Au cours de la dernière année, de plus en plus de citoyens ont fait part de leurs inquiétudes concernant les nombreuses démolitions sur le territoire.

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«En regardant de plus près, on voyait qu’il se passait quelque chose qui venait dénaturer certains quartiers, certaines rues, et on s’est dit que l’on devait agir», affirme la mairesse.

Elle souligne qu’un mécanisme pour encadrer davantage les pratiques a été mis en place, mais qu’une entente n’a pu être obtenue au conseil municipal pour créer un comité de démolition avant la fin de son mandat. Elle évoque un conflit de vision, la sienne privilégiant une approche plus centralisatrice, tandis que celle de ses opposants opte pour une approche par arrondissement.

«J’ai toujours prôné que Longueuil est une grande ville avec ses particularités, mais il faut qu’elle soit traitée comme grande ville, et non plus comme une fusion de trois anciennes villes», suggère Mme Parent.

Si les démolitions ont beaucoup fait jaser, l’attente de la construction des complexes culturel et aquatique également. Deux dossiers pour lesquels les citoyens «attendent depuis tellement longtemps», mentionne la mairesse, mais qui ont beaucoup souffert de la pandémie, explique-t-elle, alors que les prix des matériaux ont explosé.

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Par ailleurs, elle a préféré ne pas répondre aux questions concernant le prolongement du boul. Béliveau, le dossier «étant sur la sellette de la justice».

Agglomération et déversements

Pour la mairesse sortante, les relations ont été bonnes avec l’Agglomération au cours des quatre dernières années et les municipalités ont accompli plusieurs projets ensemble, malgré quelques remontrances des autres villes à propos des quotes-parts.

Elle évoque notamment le fait d’avoir rétabli la table des maires, l’entente avec la Société d’économie mixte de l’Est de la Couronne Sud (SÉMECS) pour le traitement des matières organiques, la mise en place des policiers RÉSO et le dossier des dépenses mixtes pour les dix prochaines années.

En réglant ce dernier dossier, la mairesse croit que l’énergie du prochain mandat pourra être placée sur les dossiers essentiels, soulignant que l’Agglomération a des responsabilités immenses comme le service de police, les incendies ou l’eau potable.

Mme Parent a d’ailleurs commenté les résultats sur les déversements d’eaux usées, alors que Longueuil se classe première au Québec pour le nombre de déversements en 2020. Elle admet que des efforts sont requis pour améliorer la situation et explique ce résultat par plusieurs facteurs, dont les travaux majeurs au Centre d’épuration Rive-Sud et la pression exercée par les nombreux développements.

Elle précise toutefois que la Ville a montré ses données en toute transparence, «alors que d’autres ne les donnent pas» et que si «on cachait des choses, Longueuil serait parmi les bonnes villes».

«On a mis en place il y a quelques mois la stratégie de l’eau, qui est un investissement majeur sur l’ensemble des équipements de l’agglomération», ajoute-t-elle.

Un beau métier

En regardant son bilan comme mairesse, Sylvie Parent n’a pas de regrets. Elle perçoit toujours le rôle comme un beau métier, qui amène une grande responsabilité, mais qui est très gratifiant également. À quelqu’un qui considérerait la possibilité de lancer en politique municipale, elle dit : «plonge!»

Pour sa part, elle n’ouvre ni ne ferme la porte à d’autres projets professionnels, mais ne voulait pas se laisser distraire d’ici la fin de son mandat, le 7 novembre. Il y a néanmoins une chose qui l’attend à coups sûrs dans un avenir rapproché.

«Du repos!», assure-t-elle.

 

Déclaration de Sylvie Parent à la suite des résultats du scrutin du 7 novembre

«Je tiens à féliciter Catherine Fournier pour son élection au poste de mairesse de la Ville de Longueuil. Félicitations également à Josée Latendresse, Jacques Létourneau et Jean-Marc Léveillé pour la campagne qu’ils ont menée. Je remercie aussi les candidates et candidats de tous les partis qui ont fait le choix d’offrir leurs services à la population de notre ville. Le fait que tant de femmes et d’hommes aient soumis leur candidature constitue une preuve éloquente que la démocratie se porte bien à Longueuil.

Notre ville a fait des pas de géant au cours du dernier mandat et au cours des dernières années mais beaucoup de travail reste encore à faire. Près de vingt ans après les fusions municipales, Longueuil a atteint l’âge adulte et le nouveau conseil municipal devra lui permettre d’assumer pleinement son statut de grande ville québécoise. En tant que citoyenne, je souhaite de tout coeur que nos élus sauront collaborer et établir un climat positif dans les instances décisionnelles de la ville, ce qui implique aussi de savoir s’élever et de voir grand lorsque vient le temps de prendre les décisions nécessaires pour l’ensemble de notre communauté.

Merci encore aux candidates et aux candidats. Félicitations à celles et ceux qui ont été élus. Mais surtout, bon mandat aux Longueuilloises aux Longueuillois!»