Nouveau modèle policier à l’agglomération de Longueuil
Présents lors de l’annonce, Sylvie Parent, Lionel Carmant, Geneviève Guilbault, Benoît Charette et Fady Dagher (Photo : Gracieuseté)
L’agglomération de Longueuil apportera un important changement à son modèle policier, voué à adopter une approche plus communautaire. Le ministère de la Sécurité publique (MSP) accorde un financement de 3,6 M$ au Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) afin de mettre en place le projet des « Policiers RÉSO ».
L’idée derrière le projet RÉSO est de placer une partie de la force policière en communauté, avec une approche axée sur la prévention. Les activités de ces policiers, qui ne répondront pas aux appels du 911, seront plutôt dirigées par des principes de disponibilité, de visibilité et d'accessibilité.
«Il s’agit vraiment de redéfinir le mandat et la mission de la police sur le terrain, explique d’entrée de jeu Fady Dagher, directeur général du SPAL. Dans notre équipe, tous réalisent que notre mission a changé et que nous avons le devoir de nous adapter et d’évoluer avec notre approche avec la population.»
Il évoque notamment que 70% des appels au 911 sont maintenant des appels reliés à des enjeux sociaux, et non criminels.
«Nous reconnaissons la nécessité d’une refonte puisque les besoins sur le terrain ont bien changé, renchérit pour sa part la mairesse Sylvie Parent. À titre d’exemple, il y a eu une augmentation de 20% dans les trois dernières années des appels liés directement à la problématique de santé mentale. Les actions quotidiennes et la capacité à répondre des policiers ne se limitent ainsi plus strictement à la sécurité, mais à d’autres types d’enjeux.»
En parallèle au financement du MSP qui sera réparti sur trois ans et réévalué annuellement, le ministère de la Santé et des Services sociaux a annoncé un financement pérenne de 300 000$ par année pour le volet psychosocial du projet.
Une équipe de soutien à l'intervention psychosociale travaillera donc avec les policiers pour assurer notamment de l'intervention de proximité auprès de clientèles plus vulnérables et en situation de désaffiliation.
«On veut miser sur la prévention plutôt que sur la répression, résume M. Dagher. Chaque fois qu’on reçoit un appel du 911, on est dans le domaine du réactif. Là, il s’agit d’y aller en amont.»
«Imaginez-vous un policier qui travaille dans une communauté depuis 5, 10, 15 ans, voit les enfants grandir, devenir des adolescents, des jeunes adultes, poursuit-il. Il va développer des liens de confiance avec eux et pourra intervenir avec une approche de bienveillance.»
Les bases d’un nouveau modèle
Ce sont 24 policiers, soit 21 agents, 2 sergents et 1 capitaine, qui seront formés à l’automne pour ce nouveau projet. Les premiers policiers RÉSO seront déployés en décembre 2021 ou janvier 2022.
L’objectif d’ici cinq à dix ans est d’atteindre une répartition 50%/50% des policiers RÉSO et ceux affectés aux appels. «Un objectif conditionnel à ce que les appels au 911 diminuent,» précise Fady Dagher.
Selon la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault, ce projet pourrait être transposable ailleurs s’il s’avère un succès.
«C’est un projet avant-gardiste, qui pourrait jeter les bases d’un nouveau modèle policier au Québec, affirme-t-elle. On est encore à l’implantation, on va l’essayer, le voir évoluer, mais si tout se passe bien, il pourrait être exportable pour d’autres corps de police de la province.»
Réactions positives
Candidat à la mairie pour Longueuil Citoyen, Jean-Marc Léveillé a salué cet investissement.
«J’appuie entièrement la direction du SPAL dans sa démarche pour une nouvelle gestion du service policier, exprime-t-il. Les sommes annoncées aujourd’hui par le gouvernement du Québec sont une belle reconnaissance du leadership exercé par nos policiers dans le domaine.»
De son côté, la candidate à la mairie Catherine Fournier appuie également ce nouveau paradigme de modèle policier.
«J'ai toujours activement défendu et promu ce nouveau modèle de police innovant, affirme-t-elle. À l'heure où nous sommes collectivement appelés à réfléchir sur les façons de faire des services policiers, je suis toujours convaincue que le nouveau modèle développé au sein du SPAL représente l'avenir.»