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Prolongement du boulevard Béliveau : le développement résidentiel dans le secteur remis en question

le jeudi 21 octobre 2021
Modifié à 11 h 05 min le 21 octobre 2021
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Depuis le début des travaux, le prolongement du boul. Béliveau suscite des craintes quant aux habitats de la rainette faux-grillon. (Photo : Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

Le prolongement du boul. Béliveau connaît un nouveau chapitre. Alors que Longueuil planifiait déjà de développer des habitations le long du boulevard, un article de La Presse révélait le 20 octobre la possibilité d’une plus grande opération qui pourrait, à terme, remblayer une partie du boisé au sud du prolongement. La Ville dément quant à elle qu’un projet de développement résidentiel est dans les livres à l’heure actuelle.

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L’article mentionne qu’un certificat d’autorisation a été délivré à Longueuil par le ministère de l’Environnement du Québec pour remblayer 0,77 hectare de marais et 2,09 hectares de milieux humides à des fins de «développement» résidentiel, pour la construction de 665 unités d’habitation.

Le porte-parole de la Ville de Longueuil Hans Brouillette n’a pu confirmer l’information, mais indique qu’aucun développement résidentiel dans le secteur n’est prévu à court terme, même en bordure du boulevard.

«Il n’y a aucun projet concret dans ce secteur-là à l’heure actuelle, aucune demande n’a été déposée à la Ville pour construire, aucune autorisation n’a été émise affirme-t-il au Courrier du Sud. On ne dit pas que c’est impossible qu’il y ait un projet un jour, mais c’est fortement improbable à court terme.»

Il précise en outre que ces terrains sont majoritairement privés.

«Même s’il devait y avoir un jour construction, il y aura quand même du travail à faire, parce que c’est un milieu à documenter sur le plan environnemental», ajoute-t-il.

L’article évoque également une carte de la Ville qui montre un lotissement détaillé sur deux sections du boisé au sud du boulevard, soit celle entre le prolongement du boul. Béliveau et le boul. Roland-Therrien, et celle entre le boul. Roland-Therrien et le chemin de Chambly.

Selon ce lotissement, seul le corridor de biodiversité subsisterait comme zone verte à cette portion du boisé.

Selon M. Brouillette, le lotissement ne veut pas dire qu’un projet est en cours. Il évoque qu’on en retrouve même sur des terres agricoles depuis 25 ans qui n’ont jamais subi de développement.

Un passage faunique pertinent, peu importe

Le prolongement du boul. Béliveau avait initialement causé la controverse alors que, selon un avis du ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP), il entraînerait la perte d’habitats de reproduction de la rainette faux-grillon, une espèce menacée dont les habitats sont de plus en plus rares.

La Ville de Longueuil avait annoncé qu’elle construirait un corridor faunique sous le boulevard afin de préserver un milieu de vie adéquat à la rainette.

Mais avec un développement résidentiel, le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP) Québec Alain Branchaud affirme que le corridor perdrait sa pertinence.

«Ces documents confirment nos pires appréhensions et ne laissent aucun doute sur le fait que le corridor faunique sera complètement inutile une fois le développement domiciliaire complété», a-t-il mentionné à La Presse.

Le porte-parole de la Ville de Longueuil affirme plutôt que le passage faunique a toute sa pertinence, d’abord pour faire le lien avec le corridor de biodiversité qui, lui, «est protégé maintenant et pour toujours», assure M. Brouillette, mais également parce que la construction se fait dans le contexte actuel, soit sans développement immobilier.

«Est-ce qu’on fait le boulevard, mais pas de passage faunique parce que peut-être un jour il y aura un développement résidentiel? Évidemment, non!, soutient-il. On ne peut pas se permettre de construire sans tenir compte de la rainette.»

Réactions des candidats

Les candidats à la mairie de Longueuil Catherine Fournier et Jean-Marc Léveillé ont tous deux réagi à ces révélations en soulignant qu’un développement résidentiel dans le secteur ne verrait pas le jour s’ils sont élus.

«Ces projets mettent non seulement en péril l'habitat de la rainette faux-grillon et l'écosystème de ce milieu naturel, mais ils menacent le puits de captation de carbone que représente le boisé Roberval dans le secteur», a affirmé Mme Fournier.

«Si nous voulons être sérieux dans la lutte contre la crise climatique, il faut au contraire protéger légalement tous les milieux écologiques intéressants qui demeurent sur notre territoire», a-t-elle ajouté.

Pour sa part, M. Léveillé estime que la nécessité du prolongement du boul. Béliveau ne fait aucun doute, mais qu’il souhaite modifier le projet et offrir les garanties pour que la réalisation du prolongement se fasse «dans le respect de la sauvegarde de la rainette faux-grillon».

«Je donne aux citoyens l’assurance qu’au lendemain de mon élection, je bloquerai tout développement immobilier qui met en péril la biodiversité, a-t-il soutenu. C’est évident qu’un développement le long du boul. Béliveau ne passera jamais le test.»

«D’ailleurs, s’il faut modifier les aménagements pour améliorer le passage de la rainette faux-grillon sous l’infrastructure, mon équipe et moi, nous allons le faire», a-t-il renchéri.

Une manifestation pour la protection de la rainette faux-grillon dans le secteur aura d’ailleurs lieu ce dimanche, à 14h, à l’entrée du boisé du Tremblay.