65 ans : à la découverte du Brossard d’avant Brossard
Si Brossard fête ses 65 ans en 2023, des gens habitent son territoire depuis au moins le 17e siècle. Et avant d’obtenir son statut de ville, elle était bien différente de la banlieue populeuse que l’on connaît aujourd’hui.
Brossard, «c’était rural», a notamment décrit Georges Brossard, fils du premier maire de la ville, Georges-Henri Brossard. Cette citation reprise dans le livre Brossard 1958-2008 de l’historien Michel Pratt montre que le territoire a fortement évolué avec les années.
Des siècles avant M. Brossard, le célèbre navigateur Samuel de Champlain, lors d’un voyage dans la région de Montréal, avait lui aussi fait quelques observations sur la Rive-Sud et sur la rivière Saint-Jacques, qui sépare aujourd’hui Brossard et La Prairie.
Champlain y décrit le territoire comme ayant «quantité de belles prairies», où le poisson abonde et la faune, comme les chevreuils, caribous et ours, est bien présente.
Membre de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Antoine Simonato décrit le territoire comme étant très plat, avec beaucoup d’eau stagnante qui s’accumule qui forme des marécages.
«Vu la proximité du fleuve, les crues du fleuve inondaient quasiment jusqu’au boul. Taschereau», souligne-t-il.
Jésuites, colons et filles du roi
La seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, dans laquelle se retrouve aujourd’hui Brossard, est concédée aux Jésuites en 1647. La région n’est cependant pas habitée avant la paix signée entre les Iroquois et les troupes du régiment français Carignan-Salières, en 1667.
«Des colons français viennent s’établir éventuellement, des soldats de Carignan-Salières, des filles du roi. On commence à peupler la seigneurie et il y avait des gens sur l’actuelle Brossard», indique M. Simonato.
Selon l’œuvre de Michel Pratt, le territoire de Brossard est celui qui se développe le plus rapidement dans la seigneurie et la première partie habitée, face à l’Île-des-Sœurs, se nomme la côte Saint-Lambert.
Une première chapelle de bois accueillant Français et Autochtones est d’ailleurs construite en 1675, puis déménagée dans le fort de la côte Saint-Lambert en 1691, environ à l’angle des boul. de Rome et Marie-Victorin. Une croix y signale aujourd’hui cet emplacement.
Un seul chemin, sur le bord de l’eau, relie à l’époque La Prairie et Boucherville, tandis que l’on retrouve d’autres chemins perpendiculaires, comme le chemin des Prairies et le chemin de Lapinière.
Le boul. Taschereau comme repère
Le territoire garde une vocation agricole durant de nombreuses années. Avant sa fondation en 1958, on y retrouve environ 3000 habitants et un bon nombre de terres agricoles.
Le boul. Taschereau, inauguré en 1932, joue un rôle important dans le développement du territoire.
«La population a augmenté et était aussi plus centralisée autour du boul. Taschereau, avec les services. En parallèle, d’autres rues se sont développées. Il y avait une église, des maisons, des petits quartiers qu’on ne pourrait pas comparer à la banlieue d’aujourd’hui. Vraiment, c’étaient des tout petits quartiers qui commençaient à se développer progressivement autour du boul. Taschereau», note Antoine Simonato.
Cette route permettait notamment aux agriculteurs d’aller au marché, alors que la route 132 n’existait pas encore.
Abolition du régime seigneurial
L’abolition du régime seigneurial en 1854 et une réforme des municipalités amènent de nombreux découpages sur le territoire, alors que des municipalités sont créées, fusionnées et fragmentées.
Ainsi, à partir de 1855, deux entités municipales se côtoient : le village de La Prairie et la Corporation municipale de La Prairie, indique Michel Pratt.
Plusieurs changements s’en suivent : la Corporation acquiert une partie du village, mais est fragmentée par la suite au profit des municipalités de paroisse de Saint-Constant, de Sainte-Catherine et par la création de la municipalité de la Nativité-de-La-Prairie. Cette dernière est ensuite fragmentée à son tour avec la création de Candiac, ainsi que l’agrandissement de Delson et de la Ville de La Prairie.
L’année suivante, la Corporation de la Nativité-de-La-Prairie devient Brossard.
On oublie Forgetville et on opte pour Brossard
Dans son œuvre, Michel Pratt explique que Brossard devait s’appeler Forgetville à l’origine, en l’honneur d’Anastase Forget, l’évêque du diocèse de Saint-Jean décédé en 1955.
Le premier ministre de l’époque, Maurice Duplessis, aurait toutefois refusé «à cause des calembours possibles avec le mot anglais forget». Ainsi, la Ville se nomme plutôt Brossard en l’honneur du maire, un fidèle organisateur de l’Union nationale, parti de Duplessis.
Les Brossard étaient par ailleurs nombreux dans la ville.