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Alinéa, un écosystème pédagogique qui défie les conventions

le mardi 03 mai 2022
Modifié à 11 h 20 min le 04 mai 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

(Photos: Le Courrier du Sud - Denis Germain)

À l’intérieur de la salle se mélangent des divans, des poufs, des coussins, des plantes et une table de LEGO. Tous ces éléments, qui seraient à leur place dans un salon ou une salle de détente, font pourtant partie d’un environnement scolaire : l’Alinéa. Ce lieu de création du Collège Durocher à Saint-Lambert se veut une approche unique où les élèves de l’école secondaire peuvent notamment collaborer avec le monde des affaires pour concrétiser des projets.

Alors que l’Alinéa était présenté à la communauté lors d’une inauguration le 28 avril, les élèves expérimentent la nouvelle bâtisse, adjacente au pavillon principal, depuis décembre 2021. 

On y retrouve entre autres des classes extérieures, de grandes terrasses, plusieurs espaces de travail collaboratif et une serre.

Si l’espace en soi défie les conventions, le directeur général du Collège, Francis Roy, estime que c’est le partage d’expertises entre l’école, le milieu des affaires et les experts qui rend l’expérience innovante.

«Inviter des gens de l’extérieur, comme un conférencier en histoire pour un cours d’histoire, n’est pas nouveau, explique-t-il. Mais inviter un entrepreneur pour travailler dans un projet avec les élèves, ça, c’est plus rare et l’écosystème favorise cet engagement-là.» 

Le nom même de l’espace, l’Alinéa, illustre ce souci d’innovation, souligne M. Roy. Une trentaine d’élèves ont travaillé avec une agence de communications afin de trouver le nom et le logo. 

Le concept s’appelait jusqu’à ce moment le Lieu des possibles. 

«C’est comme s’ils étaient en stage, en immersion. Ils ont vu comment on lance un brief de campagne, comment le processus se fait dans le milieu. De voir des exemples concrets comme celui-là, peut-être que ça aura une influence sur leurs choix pour le cégep», indique le directeur général, qui s’est dit touché par les réactions des élèves à la suite du processus. 

Pédagogie différente

Pour Pascal Turcotte, professeur au collège et ambassadeur de l’Alinéa, la réponse des enseignants et des élèves au projet après quelques mois est très positive. 

Il estime d’ailleurs que l’Alinéa amène un certain soulagement aux jeunes après deux années de pandémie.

«Chaque fois que je viens ici, selon moi, les élèves sont plus éveillés, plus impliqués, évoque-t-il. Ils sentent que le lieu est inspirant, qu’il y a quelque chose à découvrir. Je ne dirais pas que l’Alinéa leur a permis de "sortir de la pandémie", mais de voir autre chose que leur ordinateur, de changer d’air dans un endroit comme celui-ci, ç’a vraiment été bénéfique.»

«On a parfois l’impression d’être chez Google.»
-Francis Roy, directeur général du Collège Durocher

Il s’agit en outre d’une adaptation importante pour les professeurs, qui doivent parfois ajuster leur approche.
«C’est un environnement où l’élève est extrêmement autonome, ça oblige l’enseignant à être ludique dans son approche, à accepter que l’élève circule pendant les moments d’apprentissage, admet le directeur général Francis Roy. Ça demande en effet beaucoup de flexibilité.»

Un système de location des espaces de l’Alinéa est en place afin de donner la chance à tous les groupes d’y passer du temps.

«C’est toujours plein!» se réjouit Francis Roy.

 

Trois pôles du 21e siècle

L’Alinéa est articulé autour de trois pôles : le développement durable, le numérique au service du citoyen et la créativité et l’entrepreneuriat.

«L’idée des trois pôles est qu’ils sont axés sur les compétences du 21e siècle, indique le professeur Pascal Turcotte. C’est vraiment l’avenir, des thèmes qui vont toucher le marché du travail.» 

Ces pôles ne sont toutefois pas rattachés à un cours ou à un groupe en particulier. 

«N’importe quel enseignant peut venir ici pour un projet qui le concerne, informe-t-il. Ça peut aller de mon cours de Monde et leadership, où les élèves travaillent à créer un jeu de société, au cours de français pour une période de lecture, ou même en mathématiques, où le professeur proposait des exercices en fonction du lieu.»

 

 

Un lieu rassembleur

Pour Alexandra Rowat, élève de 5e secondaire, c’est l’aspect rassembleur des lieux qui lui plait le plus.
«À travers les différents pôles, on se retrouve entre élèves avec des objectifs similaires ainsi que des projets complémentaires aux nôtres», mentionne-t-elle.

L’élève ajoute que la diversité des lieux incite les élèves à s’approprier l’espace.

«Que ce soit pour changer d’air et faire nos cours dans un nouveau lieu moderne, ou bien pour socialiser avec nos amis à l’heure du dîner, le grand espace favorise les échanges en nous donnant un endroit éclairé et ensoleillé.»