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Armand Vaillancourt à la défense de l'art et du mouvement syndical

le mardi 29 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 29 septembre 2015

Face aux critiques de certains citoyens quant au coût et à l'emplacement de l'oeuvre La Force ouvrière, l'artiste-peintre et sculpteur Armand Vaillancourt défend ses choix artistiques et clame l'importance du mouvement syndical pour le bien de l'humanité.

En arrivant devant l'œuvre réalisée en hommage au syndicaliste Michel Chartrand, qui est installée en bordure du parc du même nom, on est tout de suite impressionné par l'aspect massif de la pièce, qui culmine à 10 mètres de hauteur. Même si le monument vise d'abord à illustrer la puissance de la solidarité syndicale, l'artiste voulait aussi illustrer la solidarité des personnes qui composent les mouvements de défense des travailleurs.

«Vue des airs, la structure rappelle une volée d'oiseaux, comme des outardes. En avant, il y en a deux, pour symboliser la femme et l'homme, le yin et le yang, explique l'homme de 86 ans. Devant, les outardes coupent le vent et lorsqu'elles sont fatiguées, elles vont se reposer en arrière.»

Malgré les scandales de corruption révélés par la Commission Charbonneau, qui a notamment éclaboussé le monde syndical, M. Vaillancourt croit toujours à l'importance des mouvements de protection des travailleurs.

«Quelle sorte de syndicats on veut? Ça, c'est une autre paire de manches. Mais de bons syndicats ne peuvent faire autrement que de faire avancer la force ouvrière et pousser les gouvernements à donner des engagements, notamment pour que les ouvriers soient bien payés et qu'on ne tombe pas dans l'esclavage.»      

Coûteux et massif

Lors de la visite du chantier, la grande majorité des Longueuilllois rencontrés par Le Courrier du Sud ont salué l'hommage rendu à Michel Chartrand, tout en critiquant certains aspects de l'œuvre d'Armand Vaillancourt.

«Je suis un ancien syndicaliste, ça représente bien le mouvement syndical, mais j'aurais préféré qu'ils l'installent plus près de la route, plus en vue, explique Marc Hamel. Avant de mettre de l'argent là-dessus, j'aurais aussi aimé que la Ville refasse l'entrée du parc, qui est très étroite pour les automobilistes.»

Un résident du secteur, Pierre Fiset, trouve que la structure d'acier est trop massive et peu appropriée pour un parc. «Je souhaite aussi qu'ils mettent en évidence le nom de M. Chartrand, ce ne sont pas tous les jeunes qui le connaissent», indique-t-il.

Benoît Blier craint quant à lui que l'endroit choisi pour le monument, entre des rangées d'arbres et en retrait de la route, ne le rende sensible au vandalisme. Le résident se questionne aussi sur l'importance des fonds engagés pour la réalisation de l'œuvre. «M. Chartrand mérite ça, mais s'il était encore vivant, je crois qu'il aurait demandé que l'argent serve à autre chose.»

Choix artistiques

Lors de la conférence de presse, M. Vaillancourt a défendu le choix de l'emplacement de La Force ouvrière à l'intérieur du parc, près du chemin du Lac. Il voulait ainsi en faire un lieu de méditation et de recueillement. En plus du support financier et technique de différents partenaires privés, l'artiste a dû ré hypothéquer sa maison à la hauteur de 600 000$ pour assurer la réalisation du projet.

L'artiste a sciemment choisi de ne pas mettre le nom de Michel Chartrand en avant-plan de l'oeuvre, pour plutôt mettre l'accent sur la représentation des travailleurs. Il croit en l'importance de l'art public dans les municipalités, pour exprimer une vérité parfois cachée.

«Un pays qui ne s'occupe pas des arts va dépérir. C'est la santé d'un pays et d'une nation que de pouvoir revendiquer une source de vérité. On n'a jamais la vraie vérité, mais on peut rêver de l'avoir par nos propos», indique l'artiste.