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Arrêt respiratoire en raison d'une surdose : un premier appel au 911 resté sans réponse

Il y a 4 heures
Modifié à 13 h 39 min le 28 février 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Kim Dionne (Photo : gracieuseté)

Triste habituée des surdoses, Kim Dionne, 18 ans, en connait les symptômes.  Elle déplore que les services d’urgence ne se soient pas déplacés lorsqu’elle a contacté le 911 en pleine nuit, mal en point. Un peu plus d’une heure plus tard, sa mère la trouvait en arrêt respiratoire

L’événement est survenu dans la nuit du 25 au 26 février, dans l’arr. de Saint-Hubert. 

Sobre depuis novembre, Kim a commencé par elle-même un traitement de méthadone. Ce soir-là, elle en avait pris. 
Durant la nuit, alors qu’elle discutait au téléphone avec une amie, elle a commencé à se sentir mal. « J’étais fatiguée, je commençais à avoir chaud. Je l’ai dit à mon amie, et j’ai appelé le 911, raconte l’adolescente. Je leur ai donné mon nom et mon adresse, j’ai dit que j’étais en détresse, que je voulais dénoncer mon dealer et j’avais besoin de naloxone.»

Elle a ensuite poursuivi son appel avec son ami. Quarante-cinq minutes plus tard, elle était sans nouvelles.

La jeune femme n’a pas de souvenir des minutes qui ont suivi. Lorsque sa mère s’est réveillée vers 5h du matin, elle a trouvé Kim inconsciente dans son lit. Elle était en arrêt respiratoire. La mère a appelé le 911 et lui a prodigué les manœuvres de RCR. 

Les secours sont arrivés moins de dix minutes après. «Je me suis réveillée, entourée de policiers et d’ambulanciers», relate Kim. 

Celle-ci a reconnu la policière sur place, qui la connait étant donné qu’elle a contacté à plusieurs reprises les services d’urgence en raison de surdoses dans la dernière année. La jeune Longueuilloise lui a demandé pourquoi elle n’était pas venue à la suite de son premier appel.

Selon l’adolescente, la policière lui aurait répondu : «Tu fais pas mal d’overdoses. J’avais autre chose à faire.»
«Oui, je sais que j’ai appelé souvent, concède Kim au Journal, mais je n’ai jamais appelé pour rien. Chaque fois, je finissais intubée à l’hôpital.»

Cette fois aussi, Kim a été conduite à l’hôpital, où elle a séjourné aux soins intensifs. Elle a obtenu son congé le matin du 27 février. 

Kim Dionne, à l'hôpital. (Photo : gracieuseté)

Plus de 20 fois

Jean-François Dionne, père de Kim, est outré que des ambulanciers ne se soient pas rendu chez la mère de sa fille au premier appel. «Si sa mère ne s’était pas réveillée, elle l’aurait trouvé morte», s’insurge-t-il. 

M. Dionne explique avoir déjà appelé le 911 par le passé, craignant pour l’état de santé de sa fille à la suite d’une consommation de drogues. Au cours de la dernière année, plus d’une vingtaine de transports ambulanciers ont été nécessaires.

«Elle a déjà pris du fentanyl, mélangé à de la cochonnerie. Lors d’un séjour à la DPJ, d’autres filles lui ont dit que ça l’aiderait à être moins anxieuse. Une fois que tu commences, c’est difficile d’arrêter», se désole-t-il. 

« Protocole suivi »

Le Service de police d’agglomération de Longueuil (SPAL) assure que le protocole d’assignation et de réponse de l’appel logé à 3h50 «a été respecté en fonction des informations dont nous disposions à ce moment-là».

«Sur la base de ces informations, l’appel n’a pas été traité comme une urgence», indique la sergente Marie Beauvais-Lavoie.

Elle soutient que la situation a évolué lors du second appel, qui a signalé une personne en «détresse médicale. Conformément à nos procédures et à notre rigueur de travail, nous y avons répondu rapidement.»

«Une tierce personne a ensuite composé le 911 à 5 h pour signaler qu’une personne était en surdose et inconsciente, détaille la sergente. Avec ces nouvelles informations, l’appel a été traité comme une urgence, et les ambulanciers ainsi que les policiers ont aussitôt été dépêchés sur les lieux. Des manœuvres de réanimation cardiorespiratoire ont été administrées, menant à un transport vers un centre hospitalier.»
Le SPAL a référé le journal au service de demande d’accès à l’information pour trouver réponses aux questions sur l’état de santé de la patiente et les soins prodigués lors de l’intervention. 

Un seul appel

Avisée de ces faits allégués, la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM) s’est dite préoccupée et a «fait enquête». Elle affirme qu’un seul appel a été reçu de son côté, ce qui confirme que le premier appel n’a pas été traité comme une urgence au service de répartition de la police. 

«Nous avons procédé à nos vérifications avec diligence dans le but de s’assurer qu’il n’y avait eu aucune anomalie de la part de la CETAM, ce qui est bien le cas», indique Renaud Pilon.

«Les paramédics  ont reçu l'affectation à 5:03 et sont arrivés au chevet à 5:08. Le temps de réponse de cinq minutes est dans les normes.  Les policiers étaient sur place à 5:07», décrit-il.

La patiente était alerte durant le transport ambulancier.