Barrière anti-suicide : un groupe de travail évaluera les « mesures supplémentaires nécessaires »

Un groupe de travail qui regroupe les partenaires impliqués dans l’exploitation du pont Samuel-De Champlain a été créé à la suite des recommandations émises par le coroner Jean Brochu concernant la barrière anti-suicide longeant la piste multifonctionnelle de la structure. 

Le coroner, qui a publié son rapport le 5 janvier, a avisé à l’automne Signature sur le Saint-Laurent de la recommandation qu’il contiendrait. 

C’est à partir de ce moment que le comité a été formé. Il travaille à «évaluer les mesures supplémentaires nécessaires pour prévenir les suicides, en complément de celles qui sont en place et des services offerts par les organismes de prévention sur le territoire», explique Zoltan Csepregi, responsable des relations médias d’Infrastructure Canada. 

Cet organisme gouvernemental collabore avec son partenaire privé, Signature sur le Saint-Laurent (SSL). «La priorité du gouvernement du Canada et de SSL est d’assurer la sécurité de tous les usagers», signifie M. Csepregi.

«Pas d’historique connu»

Au moment de la conception du pont, différents critères ont été pris en compte par les équipes de projet du propriétaire et du concepteur. 

Parmi eux, on compte la protection et la sécurité du public. «La clôture devait être suffisamment haute pour ne pas être facilement franchissable», soutient Martin Chamberland, directeur des opérations de SSL.

Les équipes ont aussi tenu compte de son accessibilité. En effet, étant situé un peu à l’écart des centres-villes de Longueuil et Montréal, ce pont – autoroutier –  est moins accessible aux piétons et cyclistes.

«Le pont Champlain existant n’avait pas d’historique ni de valeur symbolique connu en matière de suicide.»

-Martin Chamberland, directeur des opérations de SSL.

L’aspect architectural a aussi été un élément étudié. «L’équipe d’architectes souhaitait une clôture plus légère, moins carcérale, afin de bénéficier pleinement du point de vue vers le centre-ville de Montréal», ajoute-t-il.

Le concept a été révisé par l’ensemble des intervenants impliqués.  La clôture a été installée sur la longueur du pont, de Brossard à l’île-des-Sœurs, du côté extérieur de la piste.

Une installation plus sécuritaire

Dans son rapport concernant le décès du Brossardois de 38 ans Érik Bouton, qui s’est jeté de la structure le 22 mai 2022, le coroner recommande à Infrastructure Canada de sécuriser la piste cyclable du pont en «rendant impossible l’escalade et le franchissement de la clôture».

Selon lui, il n’est actuellement «pas très difficile» de monter sur la main courante et de grimper la clôture d’une hauteur de 2,55 m. 

M. Brochu la compare à la barrière du pont Jacques-Cartier, en forme de «J» inversé, qui est «beaucoup plus difficile, voire impossible à escalader». 

L’équipement du pont Jacques-Cartier avait été installé il y a 20 ans, à la suite des recommandations du coroner Paul Dionne qui rapportait une moyenne annuelle de 10 suicides entre 1995 et 2003. 

Dans la nuit du 22 mai, M. Bouton a été aperçu «debout et immobile sur la piste cyclable» par un surveillant. Ce dernier a demandé à la centrale que l’individu soit observé par caméra. Deux minutes plus tard, l’homme a sauté. 

Mesures en place

Des mesures sont déjà en place pour assurer la sécurité de l’ensemble des usagers du pont.
En plus de la «barrière dissuasive», un système de 50 caméras offre une surveillance en temps réel, 24h sur 24, assurée par des répartiteurs.

Ils sont appuyés par la Sûreté du Québec et des patrouilleurs routiers «en mesure d’intervenir rapidement auprès des usagers montrant des signes de détresse», précise Martin Chamblerland.

Tous les incidents sont documentés.

De plus, les corridors routiers sont bordés de glissières de béton surmontées d’une rehausse en acier.