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Boul. Béliveau: Catherine Fournier souhaite suivre les recommandations du ministère de la Faune

le mardi 23 novembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 25 novembre 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le chantier du boul. Béliveau (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)

Longueuil étudie les «différents scénarios» concernant le prolongement du boul. Béliveau. L’administration de la mairesse Catherine Fournier entend que ces travaux respectent les recommandations qu’a dressées le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP), dans son avis faunique.

La mairesse avait demandé aux équipes de la Ville, et ce, avant le décret d’urgence annoncé lundi par le fédéral, d’analyser les recommandations incluses dans l’avis faunique qu’avait émis le ministère provincial dans ce dossier.

Les experts y recommandaient entre autres l’aménagement d’un deuxième passage faunique répondant davantage aux besoins de la rainette. L’arrivée d’un tel boulevard dans l’habitat d’une espèce menacée «affaiblit l’importante fonction de connectivité entre les populations du secteur», affirmaient-ils.

Selon le MFFP, le passage faunique que construira la Ville est davantage destiné à la grande faune qu’au petit batracien. La Ville avait toutefois accepté la recommandation de modifier le substrat de pierre à aménager au fond du passage, pour être plus favorable à l’accueil de la grenouille.

Le Ministère prônait également la réduction de l’emprise du boul. Béliveau, suggérant d’éliminer le terre-plein central et de conserver un seul trottoir et une seule piste cyclable.

Les experts recommandaient aussi de ne pas permettre le développement résidentiel, dans le but «d’éviter la destruction de l’habitat, mais également de conserver des étangs et des bandes tampons nécessaires pour maintenir la connectivité et les caractéristiques de l’habitat».

Le décret d’urgence du fédéral, en vigueur depuis lundi, protège environ 20 hectares d’habitat essentiel de la rainette faux-grillon de l’Ouest, «dont des portions sont en développement ou pour lesquelles des autorisations pour le développement futur ont été émises».

La zone protégée par le décret d'urgence (Photo: Gracieuseté)

Catherine Fournier espère arriver à une entente entre la Ville, ainsi que les gouvernements fédéral et provincial afin «de prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger le milieu naturel à perpétuité, en empêchant notamment tout développement immobilier sur les lots des terrains adjacents».

Le lendemain de son élection, elle avait d’ailleurs demandé aux avocats de la Ville de ne pas s’opposer à la prolongation de l’injonction de la Cour supérieure du Québec, qui suspendait temporairement le chantier visant à prolonger le boul. Béliveau de 300 mètres.

La demande d’injonction avait été formulée par le Centre québécois du droit de l’environnement et la Société pour la nature et les parcs du Québec.

Sécuriser le chantier

Entre temps, Mme Fournier demande que des travaux de sécurisation du chantier puissent être effectués avant l’hiver, afin «d’empêcher le drainage et la contamination de la zone du milieu humide toujours préservée».

«Nous avons mandaté les avocats de la Ville de négocier ces travaux d'appoint avec les groupes environnementaux, qui exigent notamment une expertise en hydrologie, une position que nous soutenons», informe Mme Fournier.

Si le décret fédéral empêche ces travaux, un permis devra être demandé afin de procéder aux travaux avant la saison froide, «ce qui devrait être accordé rapidement en vertu des implications environnementales conséquentes», affirme-t-elle avec optimisme.

Le décret interdit de multiples types d’interventions dans la zone protégée, comme celles de creuser ou labourer la terre, drainer ou ennoyer le sol, altérer les eaux de surface, construire une infrastructure et circuler avec un véhicule.

 

Les groupes environnementaux restent «sur leur faim»

Le Centre québécois du droit de l’Environnement (CQDE) et la SNAP Québec, qui réclamaient le décret depuis plusieurs mois, déplorent aujourd’hui sa portée limitée, alors que ce dernier ne protège presque uniquement que des zones déjà détruites et ne s’applique pas à des zones importantes pour la rainette, comme les principaux étangs de reproduction du secteur.

«La portée du décret nous laisse sur notre faim, mentionne Alain Branchaud, biologiste et directeur général à la SNAP Québec. Il est à souhaiter que cette intervention du fédéral donne l’élan à une véritable protection de l’habitat essentiel de l’espèce à Longueuil.»

Le CQDE et la SNAP Québec demandent la collaboration des trois paliers de gouvernements afin que des correctifs empêchent le drainage excessif des milieux humides, qui pourrait compromettre la reproduction de l’espèce menacée au prochain printemps.

«Il est plus important que jamais de moderniser les outils provinciaux de protection de la faune en péril et de ses habitats», relève Sophie-Anne Legendre, directrice générale par intérim du CQDE.

Elle cible entre autres la modernisation du Règlement sur les habitats fauniques afin d’étendre la protection des habitats aux terres privées.