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Bruit entourant l’aéroport de Saint-Hubert: autre son de cloche de la majorité silencieuse ?

le mardi 26 mars 2019
Modifié à 6 h 00 min le 26 mars 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

COHABITATION. Avant même que l’on apprenne l’arrivée des vols de Boeing 737-200 à Saint-Hubert, Le Courrier du Sud a sondé des résidents du secteur de l’aéroport au sujet du bruit des avions et de la gestion des activités aéroportuaires. Si quelques irritants demeurent, il semble que la très grande majorité d’entre eux acceptent bien la cohabitation avec leur voisin. En plus des quelques réponses reçues à la cinquantaine de lettres acheminées à des résidents de l’arr. de Saint-Hubert vivant à proximité de l’aéroport, le journal a pu discuter avec une dizaine de citoyens. «Quand j’ai acheté, je savais qu’il y avait l’aéroport à côté», indique d’entrée de jeu Stéphane Guérard, de la rue Tremblay. Un argument fréquemment entendu au cours de ce porte-à-porte, et qui revient souvent sur les réseaux sociaux. «C’est sûr que lors d’un souper dehors, l’été, quand il y a de petits avions qui passent, il faut arrêter de parler, admet-il. Mais on n’y porte plus vraiment attention.» Quelques maisons plus loin, un autre résident n’est pas importuné par le bruit des avions. «Ceux qui disent qu’il y a du bruit n’ont jamais travaillé sur une base militaire. Là, il y en a!» Johanne et Pierre David, dont la maison se trouve vis-à-vis la trajectoire des avions qui atterrissent, avouent s’inquiéter un peu de l’arrivée des plus gros transporteurs. Mais autrement, ils se sont faits à l’idée des allées et venues des avions des écoles de pilotage. «Ça fait 35 ans que l’on vit ici. Si ça dérangeait, on serait parti!» lance M. David. Il y a quelques années, il entendait fréquemment un avion décoller avant 6h le matin. «Mais depuis 2014, c’est mieux. Ça s’est atténué à 95%», estime-t-il. Christiane Coutu Martin, résidente de la rue Martin, estime que l’Aéroport gère bien le dossier. Elle voit aussi d’un bon œil le développement de la zone aéroportuaire. «Quand je travaillais, j’aurais aimé avoir des vols vers New York et Toronto à partir de Saint-Hubert», évoque-t-elle. Elle a toujours refusé de signer les pétitions pour critiquer le bruit de l’aéroport. «Ne reste pas à côté d’un chemin de fer si tu ne veux pas entendre de train, image-t-elle. Il faut penser aux autres.» Des silencieux... que l’on n’entend pas En vertu de l’entente hors cour conclue en 2015, les avions qui effectuent des posés-décollés doivent être majoritairement dotés de silencieux. Maintenant que c’est chose faite – l’été dernier, 99% de ces posés-décollés ont été faits avec des avions dotés de silencieux, selon DASH-L –, il est toutefois difficile de déceler la différence, selon les résidents consultés. Certains doutent même que tous les appareils en soient munis. Un «bourdon dans l’oreille» D’autres résidents de l’arr. de Saint-Hubert sont toutefois irrités par les mouvements réguliers des avions des écoles de pilotage. Roch Lessard les décrit comme «un bourdon dans l’oreille». Lorsqu’il était en arrêt de travail, il a tout particulièrement remarqué leur présence. «Je les ai chronométrés; il en passait toutes les 32 à 50 secondes», relève-t-il. Selon lui, l’installation des silencieux n’a en rien amélioré la situation. «J’ai réussi à prendre des photos des appareils en vol. Ceux qui ont des silencieux sont plus bruyants! a-t-il analysé. Ça m’a coupé les bras!» Résident de la rue Tremblay, Bernard Mathieu estime que l’Aéroport respecte peu les citoyens, alors que seul le recours collectif a permis de faire bouger les choses. Il est d’avis que les vols de nuit devraient être carrément interdits. «Je n’ai rien contre l’aéroport, tant qu’il respecte les citoyens. J’ai un ami qui habite tout près de Dorval et il trouve qu’ici, ça n’a pas d’allure.»   Les silencieux efficaces ? Depuis que les avions sont dotés de silencieux, aucun test sonore n’a été effectué. Et il ne semble pas dans l’intention de DASH-L d’en faire. «Je ne sais pas, répond la directrice générale Jane Foyle. Il y a eu la directive, on l’a respectée.» Celle qui cumule une vingtaine d’années d’expérience dans le milieu de l’aviation note toutefois que les niveaux sonores demeurent une préoccupation de plus en plus importante pour les principaux acteurs comme l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). «À long terme, je pense que dans les grands avions, Transports Canada et les porteurs ont une grande préoccupation en ce qui a trait au bruit. Si on regarde tous leurs documents, il y a des procédures en place pour des mesures d’atténuation. C’est un sujet très sérieux, qui n’est pas mis de côté.»   Le CAPA-L représentatif ? Alors que le Comité anti-pollution des avions de Longueuil (CAPA-L) a vertement dénoncé l’annonce des vols de Boeing 737-200, le président de DASH-L Charles Vaillancourt doute que cette position reflète fidèlement l’avis de la grande majorité des résidents de Saint-Hubert. Il cite en exemple les multiples commentaires en réaction à ces nouvelles sur les réseaux sociaux, dont une publication sur la page Facebook Spotted Saint-Hubert qui appelait les internautes à porter plainte à la suite de l’inauguration de la piste rénovée. La très forte majorité des commentaires étaient en faveur du développement de l’aéroport. «Je n’arrive pas à réconcilier ça avec la position du CAPA-L. Johanne Domingue [porte-parole du CAPA-L] doit prouver que sa position représente l’ensemble des citoyens.» À ces propos, Mme Domingue répond qu’elle était accompagnée de plusieurs dizaines de citoyens de son avis, à la séance du conseil municipal. «C’est loin d’être tous les commentaires sur les réseaux sociaux qui sont en faveur de l’aéroport», ajoute-t-elle. «M. Vaillancourt s’est-il demandé pourquoi DASH-L ne reçoit plus de plaintes? DASH-L a perdu sa crédibilité en ne répondant pas aux citoyens», souligne-t-elle. Mme Domingue rappelle la pétition de 2000 noms qui avait été déposée au début du processus contre le bruit des avions des écoles de pilotage.   Gouvernance De l’avis du président Charles Vaillancourt, les membres du C.A. de DASH-L désignés par les élus de Longueuil sont même plus représentatifs de la population. À la séance du conseil municipal du 19 mars, des citoyens ont déploré que la Ville ait perdu de son pouvoir d’intervention sur l’aéroport. En décembre, DASH-L a modifié ses règles de gouvernance, de sorte que Longueuil ne désigne plus la majorité des membres du C.A., mais seulement trois administrateurs. À l’heure actuelle, les membres qui siègent au C.A. sont eux nommés par le conseil municipal. «Et la Ville doit continuer [à avoir ce pouvoir], croit M. Vaillancourt. Longueuil désigne trois postes, et ce sont trois postes précieux pour nous.»   À quand une rencontre du comité consultatif ? L’an dernier, une seule rencontre du comité consultatif sur le climat sonore a été tenue. La formation de ce comité était l’une des exigences de l’entente hors cour conclue en 2015 avec l’ensemble des partenaires. La porte-parole du Comité anti-pollution des avions de Longueuil (CAPA-L) Johanne Domingue déplore que les rencontres de ce comité se fassent tant attendre. Elle espère un plan d’action et une politique de bruit «structurée». «S’il ne siège pas, le comité ne peut pas régler la problématique de bruit. C’est lui qui doit faire des recommandations», tranche-t-elle. «DASH-L a un rôle de leadership à prendre», accuse-t-elle. De l’avis de Mme Domingue, le comité ne devrait pas être géré par DASH-L, mais par un agent neutre. Pour sa part, la directrice générale de DASH-L Jane Foyle se défend de ne vouloir tenir de rencontres. «L’an dernier, on a tenté quatre fois de faire une réunion à l’été. Il n’y avait pas de moment où tout le monde était disponible», relève-t-elle, énumérant que des représentants de DASH-L, du CAPA-L, du ministère de la Santé publique, des écoles et de la Ville de Longueuil siègent à ce comité. À court terme, elle espère doter le comité d’une charte de directives et d’un code d’éthique, afin que ce qui y soit discuté ne puisse se retourner contre les intervenants. DASH-L espère aussi collaborer avec la Ville quant au zonage entourant l’aéroport, «pour qu’il n’y ait pas résidences qui se construisent dans le noise exposure forecast. Un grand objectif est de s’assurer que Longueuil se développe en collaboration avec le développement de l’aéroport, surtout pour ce qui concerne le bout de la piste.» Le plan directeur pour le développement l’aéroport sur 20 ans est aussi dans les cartons pour les prochains mois. Outrage au tribunal Le président du C.A. de DASH-L Charles Vaillancourt identifie un autre obstacle à la tenue de réunions du comité l’an dernier. Johanne Domingue avait déposé une plainte pour outrage au tribunal contre l’un des membres du comité, le représentant des écoles de pilotage Richard Blackburn. «Tenir une rencontre avec ces deux personnes autour de la même table n’avait pas de sens. Il fallait laisser retomber la poussière», estime-t-il. Les travaux avaient été suspendus en mai. M. Vaillancourt n’hésite pas à qualifier cette plainte, déposée à titre personnel contre M. Blackburn, de «coup bas». La prochaine rencontre devrait néanmoins avoir lieu 2 avril. M. Vaillancourt espère que le vice-président de Chrono Aviation Dany Gagnon puisse y assister, comme il en a exprimé le souhait à la séance du conseil du 19 mars.

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