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Calendrier, science et Bobby Orr selon Martin McGuire

le mardi 25 octobre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 25 octobre 2016

À la suite d'un camp d'entraînement perturbé par la Coupe du monde et d'un été assez chaud, voilà que le Canadien passe avec succès un premier test.

Le Canadien  (CH) a remporté la plupart de ses matchs depuis le début de l'année. Au moment d'écrire ces lignes, à quelques heures d'une semaine importante de quatre parties (dont Philadelphie hier), toutes contre des adversaires de la Conférence de l'Est, le CH a subi un seul revers, à Ottawa en fusillade, le 15 octobre.

La machine roule assez bien. Malgré l'absence de Carey Price lors des trois premiers matchs, même si comme nous le disions la semaine dernière, le jupon dépassait, le CH a mis la main sur des points précieux. De l'argent en banque, quoi!

Si nous excluons la saison précédente, où le Canadien avait chuté drastiquement après la blessure de Price le 18 novembre, une tendance est remarquable dans la LNH: les équipes parvenant à avoir, dès le départ de la saison, une vitesse de croisière intéressante se traduisant par une fiche gagnante en octobre et novembre se positionnent généralement bien lorsqu'arrivent les séries à la deuxième semaine d'avril.

Même si quelques équipes ont représenté l'exception à la règle, à plus de 8 fois sur 10, la date du Thanksgiving américain à l'avant-dernier week-end du mois de novembre, représente une date critique pour les équipes voulant se tailler une place pour la danse du printemps,

Les raisons qui expliquent cet état de fait sont assez vagues, mais comme la parité existe toujours et plus que jamais dans la LNH, si vous accumulez du retard à la fin de novembre, la pente sera difficile à remonter.

Les blessures sont toujours un facteur dominant dans les raisons expliquant les succès ou insuccès d'une équipe. La fatigue en est un aussi et entraîne des blessures chez les joueurs-clés.

Particulièrement cette année, le début du mois de décembre pourrait marquer une étape importante pour les équipes. Pour une première année, l'Association des joueurs et la ligue se sont entendues pour permettre à chacune des équipes, une fois dans l'année, d'avoir plus d'une fois cinq jours consécutifs sans match. Un congé mérité et nécessaire, selon l'Association des joueurs, ce que la LNH a compris. Les propriétaires n'ont pas de difficulté à le comprendre, notamment Geoff Molson du CH et Mario Lemieux à Pittsburgh, qui ont perdu des joueurs-clés pendant un certain nombre de semaines.

La pause annuelle du match des étoiles, à la fin janvier, et cette pause offerte à chacune des équipes, compresse davantage les calendriers. Dans chacune des villes de la LNH, surtout à Montréal, le calendrier d'utilisation des édifices est une source de maux de tête et c'est le cas dans plusieurs autres villes.

Cette année, comparativement aux deux dernières années olympiques, en 2014 et 2010, on a surchargé certaines semaines de travail, forçant les équipes à jouer plusieurs matchs dans une même semaine. Souvent, deux matchs consécutifs dans deux villes différentes. C'est le cas cette semaine pour le Canadien, alors que l'équipe est à Brooklyn mercredi soir pour y affronter les Islanders, pendant que le Lightning de Tampa Bay les attendra sagement à l'hôtel pour se reposer pour le match de jeudi au Centre Bell. Il y aura également au programme les jeunes Maple Leafs de Toronto samedi.

Pour passer à travers un calendrier si exigeant, les équipes ont besoin de profondeur. Déjà cette année, les Kings de Los Angeles se trouvent dans une situation précaire, un peu comme le CH l'an dernier, avec la perte de leurs premiers gardiens de but, dont Jonathan Quick, pour les trois premiers mois de l'année.

Les équipes aujourd'hui redoublent d'ardeur quand vient le temps de préparer les calendriers d'entraînement, les itinéraires de voyage et la complexité des déplacements qu'impose l'industrie aérienne.

Heureusement, la LNH transporte ses joueurs d'une ville à l'autre dans des vols nolisés. Il faut plus que huit défenseurs et treize attaquants pour passer à travers; il faut des nutritionnistes, certains même se tournent vers des spécialistes de la science du sommeil et du repos, et des préparateurs physiques du circuit Bettman rivalisent d'adresse et d'ingéniosité pour préparer physiquement les joueurs à affronter les calendriers.

Chez le CH, le préparateur physique de l'équipe, Pierre Allard, travaille actuellement sur différents projets, importés notamment d'Europe chez les joueurs de rugby, pour en venir à avoir une lecture exacte de la quantité d'énergie dépensée par joueur. C'est presque la NASA!

Chaque joueur du CH, ainsi que les joueurs de six autres équipes de la ligue, ont adopté une technologie apparentée à de la télémétrie en Formule Un. Les joueurs portent une petite combinaison sous leur équipement, doté d'un capteur capable de mesurer les mouvements produits par le corps en situation d'effort. Nous sommes donc capables aujourd'hui d'avoir des données précises sur ce que le joueur dépense comme énergie et comment il le fait quand il est sur la glace.

Des recherches réalisées par des spécialistes en préparation physique, dont celui du CH, permettent donc maintenant d'anticiper les moments où un joueur aura besoin de repos.

Les entraîneurs d'aujourd'hui doivent s'adapter à cette nouvelle réalité. Il est terminé le temps où les coachs tels que le regretté Herb Brooks, juste avant le miracle sur glace de Lake Placid, faisait suer ses joueurs jusqu'à les rendre malades sur la glace, pour en avoir le contrôle total.

Pour les raisons mentionnées dans cette chronique, ces méthodes sont maintenant chose du passé. Une équipe qui gagne est une équipe en santé, qui prend soin de la santé de ses athlètes.

Les points amassés à l'automne deviennent ainsi extrêmement précieux.

Bobby Orr, oublié

Lors d'une entrevue à Cogeco, l'ancien capitaine du CH Serge Savard déplorait le fait que le grand Bobby Orr n'ait pas accompagné Wayne Gretzky lors des fêtes du centenaire de la LNH. Je dois humblement donner mon appui inconditionnel à la remarque de M. Savard.

Bobby Orr a révolutionné le hockey. Son grand talent, son aisance inouïe à transporter la rondelle a fait de lui un précurseur. Avant lui, les défenseurs jouaient du Sherwood et tiraient la rondelle dans les bandes. Ce sont des pionniers comme lui et Jean-Claude Tremblay, qui ont servi d'ancêtres aux Erik Karlsson et Andrei Markov d'aujourd'hui.

Serait-ce parce que M. Orr a choisi d'occuper son temps maintenant en aidant de jeunes athlètes dans leur carrière? Ma foi, la LNH se passerait de Bobby Orr parce qu'il est un agent? J'ose croire que ce n'est pas la réalité. Comme les fêtes du centenaire de la LNH commenceront en décembre officiellement, Gary Bettman a encore quelques semaines devant lui pour ajuster le tir. Les gens doivent savoir qu'avant Gretzky et Lemieux, il y a eu Guy Lafleur et Bobby Orr!

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