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Cancer du sein: deux chercheurs du territoire réalisent une percée importante
le mardi 12 juin 2018
Modifié à 11 h 45 min le 12 juin 2018
Selon la Société canadienne du cancer, le cancer du sein est la forme de cancer la plus répandue chez les femmes et la deuxième cause de décès par cancer chez les Canadiennes. Mais ces statistiques pourraient bientôt s’améliorer, deux chercheurs de la Rive-Sud ayant récemment réalisé une importante percée scientifique qui freinerait la progression des métastases, la principale cause de décès chez les personnes atteintes d’un cancer du sein.
Après plusieurs années de travail, les chercheurs de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) Jean-François Côté, de Longueuil, et Marie-Anne Goyette, de Saint-Lambert, ont mis le doigt sur une cible potentielle pour freiner la progression des métastases chez les personnes atteintes du cancer du sein: la protéine AXL.
«Grâce à cette découverte, un traitement ciblant AXL pourrait diminuer les risques de métastases», se réjouissent les chercheurs.
Ils expliquent qu’une fois désactivée, cette protéine pourrait empêcher les métastases de se développer dans une forme particulièrement virulente de cancer du sein – type HER2 positif – , qui représente 20% de ce type de cancer.
«En bloquant cette protéine dans un modèle de souris, mais aussi dans des cellules en culture de patientes atteintes de cancer, nous avons été capables de bloquer les métastases», explique Marie-Anne Goyette.
Traitement inhibiteur
Avec un traitement inhibant de la protéine AXL, les chercheurs ont constaté que les métastases étaient moins sujettes à se développer.
«Cet inhibiteur fait actuellement l’objet d’essais cliniques chez l’humain pour l’utilisation dans d’autres types de cancer et pour d’autres maladies, précise Marie-Anne Goyette. Notre étude pourrait démontrer que l’inhibiteur pourrait aussi être utilisé pour le cancer du sein.»
«C’est une accumulation d’expertises qui ont été développées pour mener à terme un projet comme celui-là.» - Dr Jean-François CôtéSi les recherches sont concluantes, la découverte de Jean-François Côté et Marie-Anne Goyette permettra l’utilisation de ce traitement chez les patientes atteintes de cancer du sein, en complément à la thérapie ciblant les tumeurs de type HER2 positif. «Comme l’inhibiteur est déjà à l’étude pour le traitement d’autres cancers, ce n’est pas farfelu de penser que ce sera un traitement envisageable dans les prochaines années», explique le Dr Jean-François Côté, ajoutant qu’il faut toutefois toujours rester prudent. Comprendre la situation dans sa globalité Encore loin d’avoir gagné leur pari d’améliorer le pronostic, les chercheurs ont déjà amorcé de nouveaux travaux complémentaires dans le laboratoire de l’IRCM. «Nous observions les métastases; maintenant, nous vérifions l’environnement de la tumeur, comme les vaisseaux sanguins et le système immunitaire, lorsqu’on inhibe AXL», explique Marie-Anne Goyette. L’équipe estime d’ailleurs que c’est en «comprenant la situation dans sa globalité» qu’elle pourra avoir un réel impact sur ce traitement. Les cellules cancéreuses les plus rusées Une tumeur cancéreuse se développe lorsque des cellules prolifèrent à un rythme anormalement élevé et s’agglomèrent dans un tissu sain. Mais certaines de ces cellules s’avèrent encore plus rusées. «Parfois, des cellules cancéreuses parviennent à quitter la tumeur afin de se propager ailleurs dans l’organisme, ce qui complique l’évolution de la maladie», explique le Dr Jean-François Côté. Ces cellules se déplacent plus aisément que la plupart de leurs congénères. Elles se détachent de la tumeur, entrent dans la circulation sanguine et atteignent d’autres organes, par exemple les poumons, les os ou le cerveau. On les appelle «cellules métastatiques». Les cellules métastatiques sont plus difficiles à détruire à cause de leur dispersion dans le corps. Par ailleurs, elles résistent davantage aux traitements actuels. Une des priorités en oncologie est donc de bloquer la propagation des cellules métastatiques. Le chercheur estime qu’il pourrait ainsi sauver plusieurs vies, puisque 90% des décès liés au cancer du sein sont causés par des métastases. (Source: Institut de recherches cliniques de Montréal)