Culture

Ce que des buffles disent de nous

le mercredi 30 janvier 2019
Modifié à 10 h 31 min le 30 janvier 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

THÉÂTRE. Comment réagit une famille à la perte d’un des siens? Comment surmonte-t-elle les difficultés, les épreuves? Et si une famille de buffles fournissait des pistes de réponses... Mais des buffles, le public n’en verra ni le pelage ni les cornes, pas même en costume dans la pièce Buffles, présentée au Théâtre de la Ville le 4 février. Seules quelques évocations de sabots et ruminations subsistent dans les échanges. Car c’est de famille dont il est question dans cette fable urbaine. Un clan – les parents et six enfants – qui tient une blanchisserie sera bouleversé par la disparition d’un des jeunes frères. «C’est pour parler de la famille, de comment elle évolue à travers ses problèmes, raconte Christophe Baril, l’un des interprètes. Ça permet à mon avis de créer une distanciation avec le propos et de vraiment se concentrer sur l’humain derrière tout ça. C’est drôle que le fait de parler de buffles fait ressortir l’humain!» L’histoire est racontée par cinq voix, qui vont s’échanger et se répondre entre elles, ce qui changera les rapports entre les personnages. Christophe Baril incarne le plus jeune des frères. Le rebelle, le tannant «qui aime faire rire, provoquer les autres… et qui reçoit les claques aussi». De cette fable ressort une réflexion sur notre rapport à l’autre, à la famille. Dans ce texte catalan de Pau Miro traduit et adapté par Clarice Pasteig Dit Cassou, on retrouve cette famille québécoise «très unie malgré la discorde», remarque l’acteur. «On se tient les coudes, mais pas nécessairement et toujours positivement. C’est important de voir qui sont nos alliés, comme on peut passer à travers des situations dangereuses, humainement difficiles. Et à quel point, parfois, il faut juste quitter la famille pour y arriver.» «On voit souvent des contes épiques, où il y a 10 000 morts, des combats. Là, c’est juste une disparition. Il y a quelque chose de fabuleux, oui, mais qui est simple, poursuit-il, expliquant en quoi cette œuvre l’a séduit. Et il y a une poésie qui se dégage du texte, que j’aime assurément, et qui vient rejoindre beaucoup de gens à mon avis.» Transposition Le Théâtre de l’Opsis a chapeauté le projet réunissant de jeunes artistes de l’École de théâtre du cégep de Saint-Hyacinthe et qui s’avère la première production de la compagnie du Théâtre à l’eau froide. La metteure en scène Luce Pelletier souhaitait monter ce spectacle, qui ne cadrait pas tout à fait avec le mandat du Théâtre de l’Opsis. «Le Théâtre à l’eau froide est arrivé comme un sauveur, si on peut dire, car ça entrait très bien dans son mandat. Et l’Opsis a soutenu le projet à 100%. Sans le Théâtre de l’Opsis, on ne serait pas au Théâtre de la Ville», évoque Christophe Baril. La pièce bénéficie en effet d’une résidence de création à l’établissement de la Rive-Sud, afin de pouvoir adapter la pièce. Car après avoir joué plusieurs représentations dans le petit – et intime – local de répétition du Théâtre de l’Opsis, se retrouver à la salle Jean-Louis Millette est un défi. «Mais je crois que l’on pourra retrouver aussi cette proximité en formule à l’italienne. La mise en scène qu’on a fait a su faire ses preuves et je crois que l’on pourra la transposer au Théâtre de la Ville, mentionne l’acteur. Je suis très heureux de le faire et j’ai hâte de voir le résultat.» Cette transformation sera sans doute l’un des volets de la discussion proposée après la pièce, entre les interprètes et le public. Ce sera l’occasion d’aborder la démarche artistique et le contexte de création, mais aussi de recueillir, à chaud, les impressions des spectateurs. Selon Christophe Baril, cette histoire «vaut la peine d’être racontée». Il relate le moment où il a lu le texte pour la première fois. En déplacement, il a tout arrêté pour terminer sa lecture. «C’est une histoire douce, mais en même temps, elle fait mal un peu. Les rapports humains sont tellement beaux. Et comme interprète, je voulais jouer ça, aller plus loin, confie-t-il. Cette histoire, elle est magnifique.» La pièce est présentée hors programmation, le 4 février à 20h. Les billets sont au coût de 10$ et gratuits pour les abonnés.