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Centre-ville de Brossard : le potentiel d’un projet d’exception, croit un professeur

le mercredi 20 décembre 2023
Modifié à 13 h 51 min le 19 décembre 2023
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Une des projections du centre-ville de Brossard, près du terminus Panama. (Photo : Gracieuseté)

Brossard pourrait-elle devenir un modèle en matière d’aménagement? Si son projet de centre-ville vient à terme, il se pourrait bien que oui. Afin d’en savoir un peu plus sur le réalisme, les innovations et les freins du projet annoncé le 6 décembre, Le Courrier du Sud a fait appel à un expert en la matière, Michel Rochefort, urbaniste et professeur au département d'études urbaines et touristiques à l’UQAM.

D’entrée de jeu, le professeur rappelle qu’il n’est pas nouveau de repenser la banlieue, de vouloir corriger les erreurs de l’extension urbaine. Ni de revoir le boul. Taschereau.

Mais le projet de la Ville est certainement dans l’air du temps, avec sa volonté de créer des milieux de vie complets. Parmi les éléments qui ressortent : l’accent mis sur la quantité d’espaces publics et la quantité des grands gestes proposés.

«On ne se limite pas à un seul grand geste, qui serait l’esplanade civique ou le parc central, c’est un ensemble de gestes combinés. Si tout ce qui est promis dans le projet se met en place, c’est sûr qu’on est dans un projet d’exception, qui pourrait devenir un modèle, du moins à l’échelle canadienne», souligne-t-il.

Grands projets à Brossard

Le professeur ne croit pas illusoire que cette vision voie le jour. Il note que Brossard a déjà réalisé de grands projets sur son territoire et que des acteurs du monde immobilier sont rendus très forts dans la région.

Cependant, il estime que le projet va demander beaucoup de réflexion et qu’il ne faut pas sous-estimer la préparation en amont.

«Dans les dernières années, on n’a pas acquis un apprentissage très complet sur comment monter un quartier, et là, on passe à une autre échelle totalement. Je pense qu’il faut vraiment mettre une gouvernance très forte dès le départ, peut-être même avoir un organisme porteur, des bureaux de projet», soutient M. Rochefort, soulignant l’importance d’une vision à long terme, qui ne changera pas tous les cinq ans.

De plus, si chaque partie du projet correspond à ce qu’il faut faire théoriquement, le mettre en place amène son lot d’enjeux.

«On le voit bien quand on regarde des quartiers qui se sont faits à Montréal, comme Griffintown. Il y a de bonnes idées qui restent inachevées à la fin, on se rend compte qu’il y a des difficultés et il va y en avoir dans ce projet-là également», suggère M. Rochefort.

Logement pour tous

Certains aspects du projet sont à bonifier, croit le professeur. D’abord, la notion de diversité des types de logement et de population.

«C’est une partie une peu ombrée dans le projet. Je trouve qu’on en fait quelques phrases, mais l’enjeu d’offrir des logements pour tous, sociaux, abordables, familiaux, de différentes tailles qui correspondent à différentes étapes de ta vie, toute la notion de logement est très peu abordée», estime-t-il.

Cependant, si d’autres éléments restent également à peaufiner, il rappelle toutefois que la Ville n’en est à qu’à des étapes préliminaires.

«Il n’y a aucun problème à cette étape-ci d’être à plus grande échelle. Un des premiers trucs à faire en urbanisme, c’est de faire rêver, et là, on fait rêver», assure Michel Rochefort.

 

La zone visée par le projet de centre-ville à Brossard. (Photo : Gracieuseté)

 

Qu’a-t-il pensé de…

La boucle active? «J’aime beaucoup l’idée de la boucle active, mais dans ce projet, c’est l’élément auquel je crois le moins. C’est le projet qui va demander énormément de fonds et est-ce qu’on va avoir les outils nécessaires pour le mettre en place les fonds nécessaires? L’idée est excellente, si elle peut se concrétiser.»

Le verdissement? «Le verdissement s’arrime beaucoup avec la gestion des eaux de pluie, la lutte aux changements climatiques et aux îlots de chaleur. C’est une nécessité maintenant et on ne pourrait plus penser un projet d’aménagement sans laisser une forte place aux aménagements verts. Je pense qu’on en parle assez bien.»

La séparation du centre-ville par l’autoroute 10? «C’est assez intéressant de pas avoir limité le centre-ville à un endroit. Dans le fond, la notion de centre-ville est abstraite. Le centre-ville va correspondre à l’image qu’on va être capable de reproduire et qu’il y ait différents secteurs au centre-ville, moi, ça ne gêne pas. À Montréal, le centre-ville est très grand. Il y a différentes ambiances, différents secteurs.»

Taschereau? «Un truc qui est innovant, c’est que tous les autres projets de revitalisation du boul. Taschereau étaient très linéaires. On le revitalisait, mais toujours en tant que boulevard. Donc ça restait une voie de circulation et on apportait une meilleure qualité du cadre bâti. Ce qui est intéressant là, c’est qu’on perd la vision linéaire. Je pense que c’est très actuel cette vision proposée.»