Chronique - Le perfectionnisme
Se dépasser constamment et toujours donner le meilleur de soi-même est souvent considéré comme une qualité importante et même très bien vu dans notre société. En effet, non seulement le dépassement de soi peut être très enrichissant, mais il peut même en résulter des gains concrets tels qu’une promotion au travail, une victoire dans une compétition sportive, un rôle de mentor au sein de son entourage, etc. Or, la quête de la perfection peut aussi venir avec un lourd fardeau de conséquences.
Par Dre Andrée-Anne Bouvette-Turcot, PhD, psychologue
Le perfectionnisme est caractérisé par une tendance à se fixer des standards tellement élevés qu’ils sont irréalistes ou inatteignables. À la longue, une personne perfectionniste finira par croire que le fait de ne pas atteindre ses objectifs mènera à sa perte. Bien souvent, le perfectionnisme peut mener à des symptômes dépressifs et/ou anxieux.
Des chercheurs ont catégorisé le perfectionnisme en 3 sous-types (Hewitt & Flett, 1990, 1991) :
(i) Le perfectionnisme prescrit socialement : La personne croit que l’amour et le respect des autres dépend de sa perfection. Cette forme de perfectionnisme a souvent été associée à des sentiments de désespoir et d’impuissance pouvant mener à la dépression.
(ii) Le perfectionnisme orienté vers les autres : La personne porte des exigences élevées envers son entourage (famille, amis, collègues, etc.). Ce type de perfectionnisme a été associé à des problèmes relationnels et à de l’isolement social.
(iii) Le perfectionnisme orienté vers soi-même : La personne souhaite être parfaite et n’avoir aucun défaut.
Comment surmonter son perfectionnisme?
Tout d’abord, identifier votre perfectionnisme et ses manifestations. Si vous avez l’impression de mettre trop de temps pour accomplir certaines tâches (ou affronter certaines situations), que celles-ci vous causent de l’anxiété, de la tristesse, et/ou de la frustration ou si vous êtes incapables d’atteindre vos objectifs et que votre entourage vous presse de les revoir à la baisse, vous êtes possiblement perfectionniste. Analysez ensuite le rapport coût/bénéfice lié au fait d’être perfectionniste.
Puis, tentez de déconstruire vos pensées négatives associées au perfectionnisme. Pour ce faire, vous pouvez relativiser vos croyances en vous posant des questions telles que : « Quel est le pire qui pourrait arriver? Quelle est la probabilité que le scénario du pire se produise réellement et, le cas échéant, que ferais-je? Est-ce réellement quelque chose de grave? » etc. Vous pouvez également essayer d’adopter la perspective d’un de vos proches sur la même situation. Par exemple, demandez-vous ce qu’un de vos amis penserait dans la même situation. Si vous trouvez que de travailler moins de 9 heures par jour fait de vous quelqu’un de paresseux, penseriez-vous la même chose de votre ami qui travaille 8 heures par jour?
Essayez aussi de trouver des compromis à vos croyances. Tentez de vos entraîner aux trois jours au lieu de tous les deux jours par exemple ou permettez-vous de faire une ou deux erreurs dans une performance que vous souhaitiez parfaite. Finalement, donnez une tournure plus positive à votre discours interne. Dites-vous que vous faites de votre mieux, que l’important est d’être suffisamment bon et non parfait, que vous apprendrez de vos erreurs, etc.
Quoiqu’il en soit et comme toujours, soyez bienveillant envers vous-mêmes!
Dre Andrée-Anne Bouvette-Turcot est détentrice d’un doctorat en psychologie et d’un post-doctorat en psychiatrie. Elle travaille aux Centres de la jeunesse et de la Famille Batshaw (DPJ anglophone) depuis 2018.