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Collège régional Champlain: le rêve d'indépendance des campus se brise

le vendredi 01 septembre 2017
Modifié à 0 h 00 min le 01 septembre 2017

ÉDUCATION. Le ministère de l'Éducation supérieure a tranché: les trois entités du Collège régional Champlain (CRC) ne pourront devenir indépendantes. Le ministère mandate l'ancienne présidente du réseau de l'Université du Québec Sylvie Beauchamp pour amorcer des changements de gouvernance.

Lors de sa visite au campus de Saint-Lambert le 28 août, la ministre Hélène David a présenté les conclusions du rapport Birnbaum sur la gouvernance et le fonctionnement du Collège Champlain.
À la grande déception  de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) et des syndicats des services publics qui réclamaient l'indépendance des trois campus depuis plusieurs années, l'option d'autonomie a d'emblée été exclue. Le 1<+>er<+> septembre, la ministre David a cependant désigné Sylvie Beauchamp pour mettre en pratique les recommandations préconisées dans le rapport.

«Le Collège régional Champlain n'a rien de régional: nous avons un campus en Estrie, à Québec et en Montérégie, déplore la vice-présidente de la FNEEQ Nicole Lefebvre. Ce sont des communautés très différentes, en plus d'être éloignées. Notre centre administratif est à Sherbrooke et ne connait pas nos spécificités; l'indépendance était vraiment la solution à retenir pour parvenir à une meilleure gestion. Nous sommes déçus que le rapport ait écarté l’hypothèse de faire de nos campus, des cégeps comme les autres», exprime Mme Lefebvre qui croit que le ministère n'a pas voulu entamer de trop grands chantiers avant les élections.

Une centralisation pénalisante

Les représentants des enseignants du Collège Champlain reprochent entre autres au centre administratif un manque de transparence et des décisions trop éloignées des réalités locales. Selon l'enseignante en français à l'établissement de Saint-Lambert Hélène Mathieu, les campus se retrouvent également pénalisés sur le plan budgétaire.

«Lorsque tous les collèges de la province ont reçu des subventions pour le développement des ressources pédagogiques en français, nous avons obtenu le même montant, sauf qu'il a fallu le diviser en trois puisque nous sommes un "collège régional". Il ne restait vraiment pas grand-chose pour développer quoi que soit…», regrette l'enseignante.

Un rapport en demi-teinte

Si le rapport de David Birnbaum a éludé la question de l'indépendance, il propose toutefois des recommandations privilégiant l'autonomie des campus, la prise en compte des besoins spécifiques des communautés et le renforcement de la communication entre les différentes entités.

«Nous sommes en processus d'analyse du rapport, commente Hélène Mathieu. Même si nous sommes déçus, nous sommes prêts à travailler et à faire des efforts pour que les choses s'améliorent.»

La FNEEQ, qui n'a pas encore pris connaissance du mandat de Sylvie Beauchamp dans le détail, se dit également prête à collaborer avec cette dernière.

«Nous sommes d'accord pour dire que le portrait qu'a tracé M. Birnbaum est juste et qu'il dépeint bien la situation, ajoute Nicole Lefebvre. Nous allons voir comment tout ça va être appliqué. Mais c'est certain que l'on aurait souhaité qu'il en vienne à nos conclusions. Nous avons déjà essayé toutes sortes de concertation et nous sommes toujours revenus à l'indépendance.»

Le Collège devrait convier la ministre David à une assemblée publique du conseil d'administration dans les prochains mois, afin de faire le point sur la révision de sa gouvernance.