Complexe aquatique sur pause pour miser sur l’entretien des actifs

Le projet de complexe aquatique, imaginé en 2020. (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)
En 2021, la mairesse de Longueuil Sylvie Parent avait identifié le Complexe aquatique, le Centre des loisirs pour aînés et le complexe culturel comme trois projets prioritaires à concrétiser. Une pandémie, une nouvelle administration municipale, une situation économique plus fragile et trois ans plus tard, où en sont ces projets?
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Ce n’est pas un hasard si l’on n’entend plus parler du projet de construction d’un complexe aquatique dans l’arr. de Saint-Hubert. Au regard de sa situation financière et de la conjoncture économique actuelle, la Ville mise plutôt sur le maintien de ses actifs, qui ont grandement besoin d’amour. Elle espère aussi conclure des ententes avec des villes voisines pour partager des infrastructures et ainsi combler son déficit de bassins aquatiques intérieurs.
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: combler les besoins sans un site dédié
«On s’est demandé l’année dernière, est-ce qu’on relance le projet de complexe aquatique? On a décidé de le maintenir sur pause, d’autant qu’on a rénové la piscine Olympia et qu’on a un projet de réfection de la piscine Rosanne-Laflamme qui est annoncé», avance la mairesse Catherine Fournier.
La piscine du Centre sportif Rosanne-Laflamme de l’arr. de Saint-Hubert est souvent fermée en raison de bris mécaniques et de la vétusté des installations. «C’est dommage, et les gens s’en plaignent… Pour les cours de natation, il y a un manque de prévisibilité en raison des fermetures à répétition. Donc oui, c’est une priorité.»
Dépendant des résultats des études en cours sur ce bassin, la Ville pourrait analyser une éventuelle augmentation de sa capacité.
La Ville a aussi accordé 1 M$ au cégep Édouard-Montpetit pour la réfection de la piscine de son centre sportif, puisque des cours de natation de la Ville y sont offerts.
«On a préféré miser sur le maintien des actifs, parce qu’on aurait beau construire un nouveau complexe à plusieurs dizaines de millions, si on ne peut investir pour maintenir les opérations des autres installations, on ne serait pas plus avancé», affirme Mme Fournier.
Si les villes peuvent emprunter pour sortir de terre des projets d’infrastructures, il demeure que le service de la dette s’inscrit dans le budget d’opération, lequel ne peut être déficitaire. «Avec les taux d’intérêt qui ont beaucoup augmenté, ça devient plus difficile pour les villes d’investir en infrastructures», souligne la mairesse.
«Je pense que d’un point de vue de finances publiques, c’est plus responsable d’investir dans ce qu’on a déjà. On ne ferme pas la porte [à un nouveau complexe], mais en ce moment, ce ne serait pas la décision responsable à prendre.»
-Catherine Fournier
«Il faut choisir nos priorités dans un contexte budgétaire précaire et l'eau est au sommet de la liste, a-t-elle mis enperspective, alors que l'usine d'eau potable Mario-Pétrone sera reconstruite. Les besoins de base passeront toujours avant le reste.»
Mutualiser
Pour combler le manque de bassins disponibles, Catherine Fournier se tourne vers des villes de l’agglomération qui détiennent des installations aquatiques plus récentes, afin d’évaluer l’intérêt d’un partage des heures d’accès.
«On a des discussions, surtout à Boucherville, car on a un problème [de disponibilité de bassins] dans le Vieux-Longueuil Est. À Saint-Bruno-de-Montarville, il n’y a rien de ficelé, mais on a de bonnes discussions, des rencontres de travail, un comité technique. Ça avance bien, l’ouverture est là», signifie Mme Fournier.
La Ville de Boucherville indique que le sujet sera discuté lors de la prochaine table des maires.
«Quant à l'achalandage actuel au Complexe aquatique Laurie-Eve-Cormier, nous constatons un niveau de fréquentation très élevé», précise Julie Lavigne directrice des relations publiques.
Les démarches auprès de Brossard, qui a inauguré son complexe aquatique durant la pandémie, ne sont pas encore entamées.
Mme Fournier estime que la «mutualisation» des infrastructures est davantage porteuse, d’autant que c’est ce que privilégie Québec.
Rappelons que le projet de complexe aquatique, lancé par l’administration municipale précédente, avait essuyé deux refus dans le cadre du Programme de soutien aux installations sportives et récréatives. «C’est la raison pour laquelle la subvention avait été refusée, car le complexe n’était pas un projet pensé pour la mutualisation régionale des ressources», soulève Mme Fournier.
La Ville avait par la suite refusé la seule soumission reçue, car jugée trop élevée.
Si en campagne électorale, la Coalition Longueuil avait proposé de transformer le projet de complexe aquatique en centre multisports, la réalité économique et l’état des installations actuelles ont eu raison des ambitions du parti. Aujourd’hui, Mme Fournier voit la «mutualisation» comme une façon différente d’arriver au même objectif.
«Oui, c’est une forme de reality check, parce qu’on n’avait pas forcément les données pour montrer à quel point il y a un déficit d’entretien», constate-t-elle.