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Transport
Les contrôleurs routiers continuent de distribuer leurs contraventions aux autobus
le jeudi 29 mars 2018
Modifié à 16 h 21 min le 29 mars 2018

TRANSPORT. Alors que le ministre des Transports condamne les interventions des constables routiers de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), qui ciblent depuis hier le transport collectif afin de faire valoir leurs revendications syndicales, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) déplorait ce matin 23 contraventions émises à l’endroit de ses chauffeurs et quatre départs annulés.
L’action des contrôleurs routiers continue de créer des perturbations dans l’agglomération. Depuis mercredi matin, les contrôleurs de la SAAQ interceptent les autobus vides afin de vérifier leur poids et distribuent les constats d’infraction lorsqu’il y a un excédant non conforme au règlement.
À Longueuil, ils ont opéré toute la journée de mercredi. Une vingtaine d’autobus ont été interpellés, ce à quoi sont venues s’ajouter une dizaine de nouvelles contraventions jeudi matin. Quatre départs annulés ont créé des perturbations sur le réseau, a notamment rapporté le RTL.
Excès de poids
L’excès de poids d’un véhicule lourd, dont les autobus, entraine un constat d’infraction par les contrôleurs routiers d’un montant de 262$, ce coût pouvant augmenter s’il y a récidive.
Or, cet excès de poids des autobus est «connu et toléré» en cette période de dégel depuis plusieurs années, ont tenu à rappeler les communications du RTL. Une modification de ce règlement serait d’ailleurs en pourparlers avec le gouvernement.
Le président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec René Goulet a cependant indiqué au Courrier du Sud ne pas avoir eu vent de telles ententes ou d’une telle tolérance sur le surpoids des autobus avant ces intervention.
«Nous avons reçu une information récente comme quoi certaines marques et modèles d’autobus étaient en surpoids, et ce, même en étant vides, argumente M. Goulet. Cet excès représenterait environ 1500kg par véhicule, ce qui n’est pas toléré par le règlement. Certains dirigeants de réseaux de transport ont déclaré être au courant de cette surcharge et être en discussion avec le gouvernement depuis quatre ans sur ce sujet. Si c’est le cas, ce n’est pas responsable de leur part», se défend-il, mentionnant que ce surpoids peut abîmer les autoroutes.
Moyen de pression syndical
Ces derniers ne s’en cachent pas, cet excès de zèle des constables du contrôle routier est avant tout un moyen de faire pression sur le gouvernement pour faire avancer des revendications syndicales qui achoppent.
Sur les contraventions distribuées aux autobus, un autocollant mentionne d’ailleurs «Sans contrat de travail depuis 2015».
«Je ne vous cache pas que c’est un moyen de pression qui nous permet d’attirer l’attention sur nos demandes, exprime René Goulet. Nous avons signé une entente de principe avec le gouvernement en 2017, qui prévoyaient une augmentation de 4% s’ils augmentaient les autres constables. Ils ont accordé des augmentations à ceux des palais de justice et aux gardes du corps, nous demandons la même chose, et à ce qu’ils respectent notre entente.»
Le président de la Fraternité anticipe cependant une intervention rapide du gouvernement pour permettre la circulation des autobus en surpoids.
«Tant que le règlement ne sera pas modifié, nous continuerons de distribuer nos contraventions, a fait savoir René Goulet. Il n’y a pas de durée limitée. Si un décret passe, nous avons d’autres stratégies en tête», indique-t-il, en mentionnant que les contrôleurs n’ont pas le droit de grève, que les interventions seront toujours légales et respecteront les usagers.
Des mesures gouvernementales attendues
Le ministre des Transports André Fortin a de son côté dénoncé les moyens de pression qu’il juge «complètement inacceptables», selon ce que rapportait ce matin La Presse. Il a condamné les pratiques du groupe qui, pour atteindre son objectif de négociation syndicale, «prenait en otage les usagers du transport en commun». André Fortin a confirmé que le Ministère des Transport agirait rapidement pour régler cette situation.
La SAAQ, se voulait quant à elle rassurante et mentionnait que ces interventions étaient sécuritaires et ne présentaient aucun danger routier puisqu’elles étaient effectuées sur des autobus vides et à l’entrée ou à la sortie des garages.