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Crise d’Octobre: la «pire crise» que le Québec ait connu en 50 ans, affirme Claude Poirier

le mardi 13 octobre 2020
Modifié à 15 h 19 min le 13 octobre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Aux yeux de Claude Poirier, la crise d’Octobre est la «pire crise» que le Québec ait connu en 50 ans. «Et on n’a pas de quoi être fier; il y a eu mort d’homme.» Si le sentiment de révolte des felquistes pouvait être légitime, les Canadiens-français étant «traités de drôle de façon» à l’époque, la violence n’était pas la voie à suivre, selon M. Poirier. «Ils ont voulu apporter du changement au Québec, ils ont voulu faire avancer les choses, mais ils ne s’y sont pas pris de la bonne façon. Le changement, il est arrivé par le gouvernement de Jean Lesage.» Avec le regard de celui qui a été négociateur lors de prises d’otages et d’enlèvements pendant de nombreuses années, M. Poirier retient que les felquistes qui ont enlevé Pierre Laporte, ministre du Travail du gouvernement de Robert Bourassa, étaient des amateurs. «C’était des jeunes qui n’étaient pas structurés pantoute», estime-t-il. «Dans une négociation, poursuit-il, lorsque l’otage meurt, le ravisseur perd tout pouvoir de négociation. Un otage mort, c’est lourd, ça n’a plus de valeur. C’est pour ça que la cellule qui a enlevé James Richard Cross, ils l’ont gardé pendant 60 jours.» Un constat le laissant croire que la thèse «la plus plausible» est celle de la mort accidentelle de Pierre Laporte, qui s’était gravement blessé en tentant de fuir par une fenêtre. «Je ne crois pas que c’était voulu.» M. Poirier s’avance même un peu plus sur les circonstances entourant la mort du ministre. «Selon l’information que j’ai pu obtenir, au moment de mettre M. Laporte dans le coffre, il était vivant. Ils voulaient le mener à l’hôpital.» Quant à la Loi sur les mesures de guerre qui a fait débarquer des centaines de soldats dans les rues de Montréal, le 16 octobre, elle «n’était pas nécessaire», croit Claude Poirier. «On a paniqué», résume-t-il. La Sûreté du Québec était chargée de l’enquête pour retrouver Pierre Laporte, alors que la police de Montréal et la GRC pilotaient le dossier de l’enlèvement de M. Cross. «Et les autorités policières n’étaient pas préparées à une situation semblable. On n’avait rien connu de tel au Québec.» Chauffeur de Robert Lemieux À l’époque, Claude Poirier travaillait à CJMS. «Ce n’était pas la boite aux lettres du FLQ, qui envoyait ses communiqués à CKAC», rappelle-t-il. Il se souvient du 5 octobre 1970. Il était assis dans sa voiture lorsqu’il a entendu à la radio que cinq individus étaient recherchés pour avoir enlevé le diplomate James Richard Cross. Durant les négociations entre le FLQ et le gouvernement, des circonstances ont amené Claude Poirier à être le chauffeur de Robert Lemieux, négociateur pour les felquistes. «Lemieux refusait d’embarquer dans les voitures de la SQ qui l’auraient mené à Hydro-Québec, où il y avait les discussions avec Me Demers, mandaté par le gouvernement.» Claude Poirier le conduisait donc, à bord de sa voiture de CJMS, de l’Hôtel Iroquois, dans le Vieux-Montréal, jusqu’à cet édifice du centre-ville. Il se souvient qu’il montait aux étages, mais n’assistait pas aux réunions. Il le conduisait aussi à l’hôtel Le Reine Élizabeth, où le conseil des ministres a siégé pendant quelques jours. «J’avais toutes les nouvelles avant tout le monde! se remémore-t-il. Il me racontait tout dans la voiture et me disait que ça n’avait pas de sens, qu’ils étaient fous ces gens-là!» Sur le même sujet: Crise d'Octobre: chronologie des événements 50 ans de la crise d'Octobre: un devoir de mémoire