Croire en soi et atteindre les sommets, version Bruny Surin
TÉMOIGNAGE. «J'ai essayé une première fois, une deuxième, une troisième encore... Savez-vous combien de temps j'ai dû mettre pour atteindre mon plus grand objectif, celui de remporter une médaille d'argent au 100 mètres des Mondiaux d'athlétisme de 1999, avec un record canadien de 9,84 secondes? Quinze ans. On me disait de prendre ma retraite quand j'avais 29 ans; j'ai atteint mon but à 32.»
Voilà l'un des multiples exemple qu'a utilisé le médaillé olympique Bruny Surin, le 2 novembre, pour inspirer une centaine de jeunes athlètes et accompagnateurs présents à l’auditorium de l’école Gérard-Filion à atteindre les plus hauts sommets.
Persévérance, abnégation et foi en soi étaient à l'honneur, avec un Surin décontracté, très près de son public, qui a parlé plus longtemps que prévu.
Surin, 48 ans, s'est mesuré avec succès aux coureurs les plus rapides de la planète dans les années 90, remportant l'or au relais 4 x 100 mètres aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 et aux Mondiaux de 1995 et 1997, ainsi que l'argent au 100 mètres aux Championnats du monde de 1995 et 1999.
Surin ne l'a pas toujours eu facile. Il a raconté avoir débuté l'athlétisme en saut en longueur et en triple saut, constatant rapidement que ses chevilles ne tenaient pas le coup.
À ses premières compétitions internationales de course, peu connu et sans notoriété, se loger était un défi et il a même dormi sur le plancher d'une chambre. Il a rappelé que le présent champion du monde, Usain Bolt, qui reçoit aujourd'hui un demi-million de dollars par événement d'athlétisme, devait souvent quêter de l'argent pour participer à ses premières compétitions.
Des jours difficile
Autre épisode difficile de sa vie d'athlète: le scandale du dopage des Olympiques de Séoul, en 1988, où le Canadien Ben Johnson a été testé positif quelques heures après avoir remporté le 100 mètres.
«J'étais en début de carrière et je m'entraînais en Italie. Je me faisais dire que nous étions des dopés et que je m'étais exilé pour mieux me doper. Les commanditaires ne voulaient plus s'associer à nous et le financement devenait difficile.»
Surin est tout de même resté parce qu'il avait des objectifs ambitieux et qu'il s'y accrochait. «Il faut des objectifs pour passer à travers des périodes d'incertitude ou d'insuccès. Quand j'ai terminé 2e au 100 mètres des Mondiaux de 1999, j'étais encore plus heureux que le médaillé d'or car je savais d'où je venais et j'atteignais un objectif si longtemps désiré.»
Cela lui a aussi permis de traverser une journée d'enfer aux Jeux olympiques d'Atlanta, en 1996. «J'étais là en tant que 2e au monde et je n'ai obtenu que la 5e place lors de ma demi-finale, donc non-classé pour la finale. J'étais stoïque. J'ai cherché des réponses jusqu'à la fin d'une nuit sans sommeil pour comprendre ce qui s'était passé. J'ai réalisé que je courrais pour le pays, les gens, les commanditaires, sauf pour moi. Je n'avais plus le même goût de m'entraîner ou de courir. Dès lors, j'ai ramené la barque dans la bonne direction et j'ai repris la marche vers mes objectifs.»
Une belle récompense a suivi avec sa médaille d'or au 4 x 100 mètres à la fin des Jeux.
Toujours des objectifs
Toute sa carrière, il a tout fait pour que son futur ne soit pas entaché par le regret de ne pas être allé au bout de ses rêves.
«Et déjà, je me fixais de nouveaux objectifs pour la suite de ma carrière. Je me voyais lancer ma ligne de vêtements et une offre pour représenter un commanditaire comme NIKE m'a permis de m'introduire dans ce milieu. Aujourd'hui, j'ai encore des défis et je ne m'ennuie pas de ma carrière de coureur. Je regarde ça à la télévision, comme tout le monde.»
Même pas de jogging pour lui. «J'étais un coureur de puissance et un coureur de longue distance médiocre. Ça n'a pas changé, mais je garde la forme avec des activités convenant à mes genoux vieillissants», confie-t-il avec un rire complice.