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De Laflèche à Oxford : Clarisse Émond-Larochelle revient sur un séjour «mythique» en Angleterre

le mercredi 21 décembre 2022
Modifié à 16 h 11 min le 21 décembre 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Clarisse Émond-Larochelle, lors de sa graduation. (Photo : gracieuseté)

C’est dans le majestueux décor de l’Université Oxford que Clarisse Émond-Larochelle, une Hubertine originaire du secteur Laflèche, a complété sa maîtrise en développement international. Celle qui a obtenu une bourse Rhodes afin de poursuivre ses études à la prestigieuse institution est de retour au pays depuis le mois d’août et reconnaît qu’elle a vécu une expérience hors du commun.

Toges à porter lors des soupers et examens. Pavillons cachés derrière des murs. Grande population étudiante internationale. Le séjour anglais de Clarisse Émond-Larochelle a été bien distinct de ses années à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Oxford, c’est certainement mythique. Il y a un petit quelque chose de magique, déjà juste le décor est exceptionnel, on se sent vraiment petits dans nos shorts!» raconte l’étudiante, rencontrée au café Philanthrope de l’UQAM.

Devant l’ampleur de la réputation de l’école, elle admet avoir eu un petit symptôme de l’imposteur avant de trouver sa zone de confort.

«T’arrives ici et c’est wow! Il y a tellement de richesse et de bourgeoisie, des grandes familles qui envoient leurs enfants là depuis des centaines d’années et moi j‘étais : ok, Laflèche. Mais en même temps, j’essayais de ne pas me laisser aller à l’idée que je n’avais pas ma place. Obtenir la bourse, ça m’a aidée, parce qu’il y avait des gens qui m’avaient dit : on apprécie ton dossier, on pense que tu devrais faire tes études là», ajoute-t-elle.

De retour au Québec depuis le mois d’août, Clarisse Émond-Larochelle étudie maintenant à l’École du Barreau. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

 

Maisons d’Harry Potter

L’université anglaise est séparée en collèges. La Québécoise faisait partie du Collège Pembroke.

«C’est comme des maisons d’Harry Potter, illustre-t-elle. Il y en a une quarantaine et tous les étudiants appartiennent à une maison, qui gère entre autres les accommodements pour dormir, les cafétérias ou tout ce qui est relié au style de vie.»

Ces collèges se fondent d’ailleurs dans la ville, cachés derrière des façades de bâtiments rappelant l’histoire de l’une des plus vieilles universités au monde.

«Il faut que t’ouvres des portes dans des murs de briques pour passer de l’autre côté et là tu vois un grand jardin : ça c’est le collège Pembroke. Mais en marchant dans la rue, tu ne peux pas savoir», mentionne celle qui poursuit actuellement ses études à l’École du Barreau.

Il y a toutefois un côté un peu moins enchanteur dans ce monde caché «très individualisé», estime-t-elle. «À l’UQAM, par exemple, tout le monde a les mêmes opportunités ou presque. Tu veux faire un changement de cours, c’est le même processus. Mais à Oxford, tout est selon ce que tu demandes. Des fois tu cognes à des portes, ça ouvre, et des fois, ça n’ouvre pas. Pour moi, ç’a été un choc culturel.»

Le décor majestueux d’Oxford. (Photo : gracieuseté)

 

Un peu moins magique en pandémie

Clarisse Émond-Larochelle devait partir à Oxford à l’automne 2019, mais a repoussé son départ d’un an. Son voyage a donc commencé en pleine pandémie.

Elle se dit toutefois chanceuse dans sa malchance, alors que contrairement à la cohorte de 2019, elle connaissait le contexte qui l’attendait. L’expérience a néanmoins été difficile par moments.

«La première année a été la pire, alors qu’on a vécu deux confinements nationaux. Je vivais dans une maison avec quatre autres étudiants, mais on avait plus ou moins le droit d’interagir entre nous, on ne pouvait pas inviter des gens à l’intérieur, alors ç’a été difficile de rencontrer des gens. Et ma chambre était toute petite. J’avais un lit simple, un bureau, une commode et juste assez d’espace pour un tapis de yoga!» se remémore l’étudiante.

Le plus gros impact de la pandémie s’est cependant ressenti sur ses études.

Alors qu’elle avait prévu faire sa maîtrise sur les violences sexuelles dans les milieux migratoires, avec potentiellement un terrain d’études en Méditerranée, elle a dû changer de cap. Nouvelle recherche, les initiatives de justice réparatrice au niveau communautaire par rapport aux crimes de violences sexuelles, et nouveau terrain d’études, le Canada.

Cela ne l’a pas empêché d’aller jusqu’au bout de sa maîtrise et elle est aujourd’hui graduée d’Oxford.

«Je suis encore aux études, alors je ne sais pas encore comment ça va affecter ma vie. Une chose est certaine, c’est que j’aurai créé un réseau exceptionnel», soutient-elle.

 

Redonner le pouvoir à la victime

Avec sa maîtrise, Clarisse Émond-Larochelle a voulu démontrer en quoi les programmes de justice réparatrice contribuent au développement humain et à ce que les gens se sentent mieux à la fin du processus.

«La justice réparatrice, c’est un système sur mesure selon ce dont les parties ont besoin. Ça implique souvent une médiation des deux côtés. Les médiateurs font beaucoup de travail avec la victime et l’agresseur. Il peut y avoir un face-à-face, ou un échange de lettres ou de messages», explique l’étudiante. 

«La recherche m’a permis de mettre en lumière que de manière générale, ces programmes au niveau communautaire favorisent de façon significative une reprise de pouvoir des victimes», ajoute-t-elle.

Elle évoque par ailleurs que la justice réparatrice voit le crime d’agression sexuelle comme un crime relationnel, alors que le système conventionnel verra davantage le crime comme une atteinte à des valeurs fondamentales.

«La relation est tellement importante parce que le crime est souvent commis par un proche avec qui on a une relation et on ne peut pas l’effacer du jour au lendemain. Je trouve que c’est un peu la valeur ajoutée de ce système. La victime a l’impression qu’elle peut se faire entendre et que la personne devant elle, qui oui l’a agressée, mais qui est aussi un proche, va être traitée avec humanité. Elles ont donc bien plus tendance à dénoncer.»

 

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