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Dépôt à neige : des rejets détournés pour épargner le boisé Du Tremblay

Il y a 3 heures
Modifié à 14 h 30 min le 24 septembre 2024
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Vue aérienne du site de neiges usées Du Tremblay. (Photo: Gracieuseté)

À Longueuil, les rejets du dépôt à neige Du Tremblay se déversent dans le ruisseau Massé et débordent à l’occasion dans le boisé Du Tremblay, avec les contaminants inhérents aux neiges usées. La Ville agrandira le bassin de décantation et détournera les eaux afin qu’elles soient dirigées vers le chemin du Tremblay. En parallèle, elle effectuera l’urbanisation de cette artère.

Les chlorures, provenant des sels de déglaçage, et les matières en suspension sont les principaux contaminants que contiennent les rejets du dépôt à neige. 

Ceux-ci passent d’abord dans un bassin de décantation, qui retient certaines matières en suspension et d’autres contaminants. «Dans l’effluent, des matières en suspension plus fines vont passer, tout comme les chlorures qui sont complètement dissous dans l’eau», relève Christian Barrette, chef de division gestion environnementale des sites et conformité.

Ces rejets se retrouvent dans un fossé et se jettent dans le ruisseau Massé, lequel traverse le milieu fragile qu’est le boisé Du Tremblay, qui abrite l’habitat de la rainette faux-grillon. 

«Malgré que le dépôt soit conforme, on ne peut pas dire que les rejets n’ont pas d’impact», soutient M. Barrette. 
«Par souci de protéger le boisé et le ruisseau, on a fait une évaluation du dépôt. On a même essayé d’évaluer une façon de retirer les chlorures, mais on n’a pas trouvé. On est arrivé à la conclusion que le bassin devait être agrandi», explique-t-il.

Celui-ci doublera pratiquement de superficie, durant une première phase de travaux qui doit s’échelonner d’octobre à décembre.

La Ville s’est appuyée sur les recommandations d’un rapport de SNC Lavalin, qui avait notamment pour mandat de faire une optimisation du dépôt, d’étudier différents scénarios et de réévaluer la conformité du site.

Normes sévères

À cette solution s’ajoute celle du détournement de l’effluent de site de neiges usées.

«On a fait beaucoup de prélèvements dans le boisé. On a vu qu’occasionnellement, on dépassait certaines normes, expose M. Barrette. Il y a des normes de rejet pour le dépôt à neige, mais aussi des normes de toxicité aigüe et chronique sur les organismes, qu’on n’est pas obligé de respecter, mais qui peuvent avoir un effet. Celles-là sont plus sévères. On a mesuré des concentrations supérieures à ces limites.»

Les impacts sur le milieu sont toutefois difficiles à mesurer.

Des travaux réalisés en 2025 permettront de détourner les eaux usées vers le chemin du Tremblay, via l’égout pluvial, et de les acheminer jusqu’au fleuve Saint-Laurent, «qui est beaucoup moins sensible, dû au fort pouvoir de dilution», précise M. Barrette. 

La Ville n’interviendra pas directement dans le boisé du Tremblay, mais des barrières à sédiments seront installées avec de s’assurer que rien ne se répande dans le milieu naturel pendant les travaux. Longueuil a obtenu un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

«La Ville pose déjà des gestes pour limiter les conséquences des activités de déneigement. Par exemple, en soufflant la neige sur les terrains, nous réduisons la quantité de neige transportée dans un dépôt et diminuons la pression sur nos milieux naturels», fait aussi valoir la conseillère municipale du district du Boisé-Du Tremblay Lysa Bélaïcha.  

Un contrat de 1,58 M$ a été accordé pour ces travaux à Excavation Civilpro, à la séance du 17 septembre. 

Lysa Bélaïcha (Photo : Gracieuseté)

Urbanisation

De pair à ces chantiers, la Ville entamera des travaux d’urbanisation du chemin du Tremblay, car ses infrastructures d’égout ne se rendent actuellement pas au site du dépôt à neige. 

Ces travaux permettront d’ajouter un lien cyclable, de boucler l’aqueduc et de «donner un peu d’amour» à cette artère d’importance, décrit M. Barrette.

Le chantier sera mis en branle en 2025.

«Nous avons inscrit des sommes importantes au Programme triennal d'immobilisations (PTI) pour 2025, dont 1 560 000 $ pour la réduction des répercussions environnementales du dépôt à neige du Tremblay et 4 600 000 $ pour l’urbanisation du chemin du Tremblay», soutient Mme Bélaïcha. 

Plus de 85% du financement du projet d'urbanisation de l'artère sera assuré par des subventions provciale et fédérale.

 

Plus grande sensibilité

Si le délai entre le rapport de SNC Lavalin produit en 2021 et le début des travaux peut sembler long, Christian Barrette expose que ce projet a nécessité plusieurs études et démarches. 

«Quand une autorisation ministérielle est impliquée, c’est beaucoup de travail. Ça dépasse même ce qu’on pourrait penser : on a dû faire une étude d’intégration au paysage, pour un dépôt déjà existant et caché», illustre-t-il. 

«Ça démontre qu’on tenait à prioriser ces travaux, ajoute Mme Bélaïcha, et c’est en phase avec nos engagements environnementaux. C’est une chose de vouloir protéger nos boisés et c’en est une autre de vouloir les maintenir dans un état qui est sain. C’était logique pour nous de faire en sorte que ce soit réalisé le plus rapidement possible.» 

«Au niveau politique et des groupes environnementaux qui interpellent les élus, il y a des enjeux apportés et ensuite, c’est de notre responsabilité de donner l’aval pour que les projets puissent se faire», témoigne l’élue responsable associée au dossier de la transition socio-écologique et de l’environnement.


Lysa Bélaïcha. (Photo: Gracieuseté)
 


 

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