Actualités

Deuil périnatal : « un rêve qui s’efface »

Il y a 12 heures
Modifié à 14 h 45 min le 22 octobre 2024
Par Tristan Ouimet

touimet@gravitemedia.com

Martin St-Denis Levesque et Jade Bouchard-Thibault vivent un deuil périnatal depuis le 15 septembre. Perdre un enfant décédé à la naissance, c’est «un rêve qui s’efface», un événement tragique difficile à décrire, qui prendra du temps à guérir.

Le couple Martin St-Denis Levesque et Jade Bouchard-Thibault, à la marche lumineuse, au parc de la Cité. (Photo : Le Courrier du Sud – Tristan Ouimet)

Le couple a participé le 15 octobre à la marche lumineuse, au parc de la Cité de l’arr. de Saint-Hubert, organisée par le CISSS de la Montérégie-Est dans le cadre de la Journée nationale de la sensibilisation au deuil périnatal. 

Invitée à témoigner de son histoire, Mme Bouchard-Thibault raconte au Courrier du Sud qu’elle s’en allait accoucher de son bébé et que le couple ne savait pas que cela allait arriver. 

«Je me faisais provoquer parce que j’ai eu une grossesse quand même assez difficile. J’ai eu le diabète de grossesse et la prééclampsie, informe-t-elle. J’étais à 38 semaines et on avait décidé de me provoquer pour éviter les complications. Toute la semaine, ça allait bien, je n’avais pas de complications, je m’en allais accoucher dimanche et quand je suis arrivée, ils n’ont pas trouvé le cœur.»

«C’était vraiment difficile d’accepter d’accoucher d’un enfant décédé et de ne pas pouvoir l’entendre rire, pleurer, sourire, ajoute-t-elle. C’est dur à expliquer. C’est comme un rêve qui s’efface. Tu sais que tu retournes à la maison avec la chambre du bébé qui va être vide.» 

L’an dernier, Jade Bouchard-Thibault a également fait une fausse couche. 

La marche lumineuse a permis au couple de comprendre qu’il n’est pas le seul à vivre un deuil périnatal et que des gens peuvent les soutenir, comme sa travailleuse sociale de l’hôpital, qui était présente à l’événement. 

«Il y a des jours où ça va bien, d’autres où ça va mal, commente Mme Bouchard-Thibault. On dirait que depuis cet événement [du 15 septembre], on n’arrête pas de voir des poussettes lorsqu’on se promène. Ça va nous suivre toute notre vie, mais ça va s’apaiser avec le temps.»

Deuil de jumeaux 

Izabel Provost, participante à la marche lumineuse, au parc de la Cité. (Photo :  Le Courrier du Sud – Tristan Ouimet)

Également participante à la marche lumineuse, Izabel Provost, de Saint-Hubert, a eu recours à la fécondation in vitro, qui lui a permis de tomber en enceinte de deux jumeaux, en juin 2023. 

Elle a perdu l’un d’eux à 10 semaines de grossesse, a-t-elle abordé dans le balado MAM discute. Autour de 12 semaines de grossesse, elle a appris que l’autre jumeau était diagnostiqué d’une trisomie 21.

Deux semaines plus tard, elle a passé un test qui a révélé que l’interruption médicale de grossesse s’imposait. Elle a ainsi accouché de son bébé à 16 semaines. Il portait le nom d’Eden. 

Aujourd’hui, Izabel Provost est à nouveau en processus de fertilité.

«Même encore aujourd’hui, je ne sais pas si on se rend vraiment compte de tout ce que ça implique, exprime-t-elle. C’est sûr que moi, comme je suis en processus de fertilité, j’ai dû me remettre dans les essais bébés. Donc, le deuil, c’est sûr qu’il se fait moins bien dans ce cas-ci, parce qu’on a moins le temps de le vivre.»

«Ça reste flou et on apprend aussi qu’un deuil, ça peut s’étaler sur plusieurs années et que ça peut bien aller dans les premières années et puis tomber de haut», renchérit-elle. 

Cette dernière a souligné la présence d’intervenants, dont ceux de MAM – autour de la maternité, à qui elle a déjà demandé de l’aide dans le passé. En 2020, Mme Provost avait fait une fausse couche, à 10 semaines de grossesse.

Une marche pour sensibiliser 

Des intervenants étaient présents à la marche. (Photo :  Le Courrier du Sud – Tristan Ouimet)

Avec des partenaires, le CISSS de la Montérégie-Est a organisé la marche lumineuse ; un événement fort en émotions, ponctué de silence et de pleurs. 

La marche autour du lac s’est majoritairement déroulée dans le silence. 

Au pavillon d’accueil, des intervenants du CISSS de la Montérégie-Est, Les amis du crépuscule, Le Berceau – Centre périnatal et MAM – autour de la maternité, qui étaient identifiés par de petites étoiles dorées, étaient présents pour appuyer les familles.

Les participants pouvaient prendre des oursons en peluche et des étoiles en bois, une façon de rendre hommage à leur bébé perdu. 

Les codes QR sur les murs menaient à un lien où les familles pouvaient écrire le nom de leur bébé perdu et un petit mot. Ces derniers ont été projetés sur un écran. 

Quelques statistiques

Il n’existe pas de statistiques sur le nombre de décès périnataux survenus à l’hôpital Pierre-Boucher au fil des ans. Selon Julie Sénécal, cheffe d’administration de programmes familles enfance jeunesse 0-5 ans au CISSS de la Montérégie-Est, il reste «stable».

À l’échelle du Québec, 435 décès périnataux ont eu lieu en 2022, comparé à 492, en 2021, ainsi que 454, en 2020, selon Statistiques Canada.