Dissolution du caucus: « Brossard Ensemble n’avait plus d’Ensemble que le nom », affirme un membre du conseil
Si le geste posé par la mairesse Doreen Assaad de dissoudre son caucus a pu surprendre, plusieurs élus de Brossard ont affirmé au Courrier du Sud qu’il «fallait s’y attendre». L’harmonie n’était plus au rendez-vous depuis un bon bout de temps au sein de l’équipe d'élus de Brossard Ensemble. C’est le 8 septembre que la mairesse et chef du parti Brossard Ensemble a annoncé aux principaux intéressés, de même qu’aux médias et à la population, sa décision de dissoudre le caucus. Les 9 conseillers élus sous la bannière du parti en 2017, de même que le conseiller Antoine Assaf, qui avait joint les rangs de Brossard Ensemble en février dernier, siègent donc désormais comme indépendants. La mairesse continuera d’agir comme chef du parti politique, qui demeure actif. «La cohésion n’était plus là» «Ce geste a pris du courage, mais je voyais depuis quelque temps qu’il y avait des divergences d’opinions sur des visions, des façons de faire, affirme Doreen Assaad, en entrevue au Courrier du Sud. La cohésion qu’on avait en début de mandat n’était plus là et je voyais que ça allait mener à une cassure.» Elle ajoute que ce «geste audacieux» ne vise pas à être négatif. «Être dans la chicane ou créer un climat de conflit, c’est synonyme d’une ancienne façon de faire à laquelle je n’adhère pas.» «Il est tellement important pour moi que les élus puissent s’exprimer librement, poursuit la mairesse. Je voulais qu’ils aient l’opportunité de vivre ça.» Bien qu’elle croit que les prochains mois puissent être «un peu plus corsés», Doreen Assaad assure qu’elle continuera de «diriger dans le respect». «Je m’attends à ce que certains dossiers soient défendus avec passion, indique-t-elle. C’est sain et c’est normal de procéder comme ça.» Climat tendu Approchés par Le Courrier du Sud à la suite de l’annonce du 8 septembre, plusieurs conseillers ont réagi à la nouvelle. Si certains d’entre eux ont réitéré leur appui à Doreen Assaad, plusieurs autres ont décrit un climat de plus en plus tendu à l’hôtel de ville. Manque de communication avec les conseillers et au sein du parti, quartiers négligés, dossiers qui tombent dans l’oubli; les élus en ont long à dire sur le style de gestion de la mairesse. «Les vieux quartiers, on ne sait pas ce qu’on fait là, indique un membre du conseil qui préfère ne pas être identifié. Il n’y en a que pour les nouveaux quartiers. Et quand on a un problème dans notre district, on doit passer par Service Brossard pour que ça se règle…» Selon un autre élu, les conseillers pouvaient s’exprimer, mais n’étaient pas écoutés. «Elle le savait que certains étaient mécontents; ils le disaient haut et fort. Son geste est un coup de théâtre pour qu’elle soit sans reproche. Je suis secoué, mais on va continuer. C’est peut-être un mal momentané pour un bien qui va durer.» «Elle a décidé d’enfermer tout le reste du conseil en dehors de sa bulle, affirme un autre membre du conseil. Lors de la dernière assemblée, trois points ont été battus. Pourtant, les coups de semonce avaient été donnés lors des comités de planification, à l’effet que la majorité n’était pas d’accord. Malgré cela, ils s’entêtent à vouloir faire passer leurs dossiers.» Au cabinet de la mairesse, on indique qu'au contraire, lors du comité de planification, une majorité d'élus étaient en faveur des points qui ont été battus lors de l'assemblée du 25 août. «Des élus ont changé leur opinion entre le comité de planification et la séance du conseil sans en aviser la direction générale, le cabinet ou la mairesse», précise-t-on au journal. «Les affaires importantes ne l’intéressent pas, poursuit l'élu. Quand on l’appelle pour l’informer d’une situation, elle nous envoie à ses subalternes qui en ont déjà plein les bras.» «Elle n’a pas compris ni son rôle, ni le nôtre; le problème est là», ajoute-t-il. Afin d’illustrer le climat de discorde qui règne à l’hôtel de ville, plus d’un élu a par ailleurs mentionné au journal que tout le personnel de la direction générale avait été renouvelé depuis l’arrivée en poste de Mme Assaad, que la majorité des membres du conseil d’administration de Brossard Ensemble avaient quitté et que la Ville n’avait plus de siège à de nombreux comités et instances d’agglomération. Le président de Brossard Ensemble réfute cependant l’information concernant le C.A. du parti. «Seulement une personne a quitté le C.A. depuis sa création, et ce, car elle devait déménager à l'extérieur de la ville, indique Louis-Philippe Trudel au journal. Nous avons bonifié le groupe également avec deux nouveaux membres cette année. Il n'y a aucune crise au sein du parti de Brossard Ensemble», ajoute-t-il. Le Journal de Montréal révélait par ailleurs le 9 septembre que la mairesse était visée par une plainte de harcèlement psychologique provenant de son ancien conseiller politique. Un «électrochoc» pour le conseil Certains élus sont de leur côté toujours derrière Doreen Assaad. «La mairesse est quelqu’un qui a beaucoup de courage, soutient Sophie Allard. Le conseil avait besoin d’un électrochoc.» «La porte de la mairesse est toujours ouverte, poursuit-elle. On n’est pas toujours d’accord, c’est certain, mais on discute et on avance. Malheureusement, je me suis rendu compte que certains élus aimaient mieux diviser que discuter. C’est leur modus operandi.» Mme Allard assure qu’elle sera toujours là pour appuyer la mairesse et dit espérer que ses collègues garderont en tête «la raison pour laquelle les citoyens les ont élus». «Les élus auront l’opportunité de réitérer leur adhésion à Brossard Ensemble et de renouveler leur confiance en la mairesse, affirme quant à lui Christian Gaudette. Mme Assaad ne sortira que plus forte de cet exercice démocratique», soutient-il. En prévision des élections 2021 Doreen Assaad ne cache pas que son geste a été posé avec en tête les élections de l’an prochain, afin de lui donner la flexibilité nécessaire pour présenter une équipe de candidats qui «adhèreront et défendront les valeurs et la vision de Brossard Ensemble». La mairesse rappelle que les prochaines années seront déterminantes pour l’avenir de Brossard, avec la mise en service du REM, la revitalisation du boul. Taschereau, des milliards de dollars d’investissements immobiliers et une population qui a de fortes chances de franchir le cap des 100 000 habitants dans les cinq prochaines années. «J’ai besoin d’être entourée d’une équipe solide pour faire face aux importants dossiers qui s’en viennent, déclare-t-elle. On verra dans les mois à venir si on a des idées qui se rejoignent. Brossard Ensemble aura ainsi l’opportunité de présenter une équipe en partie renouvelée pour les élections de 2021.»