DPJ de la Montérégie : signalements stables et hausse des délits à caractère sexuel
À l’heure du bilan de Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Montérégie, présenté le 13 juin, l’organisation a relevé des enjeux qui perdurent – nombre de signalements, besoin en main-d’œuvre – et d’autres qui font surface, comme la hausse des délits à caractère sexuel.
Si l’organisation note une certaine stabilité sur le plan des signalements reçus, elle est toutefois toujours autant sollicitée. Avec un peu moins de 21 000 signalements traités pour la période d’avril 2022 à mars 2023, elle en a retenu 5 805, soit une hausse de 370 par rapport à l’année dernière.
«On peut présumer que la situation s’est peut-être un peu aggravée, bien que dans la dernière année, on a revu certaines pratiques, certains processus et outils pour bonifier nos pratiques et s’assurer que les enfants ne tombent pas dans les mailles du filet», a souligné Marie-Josée Audette, directrice de la DPJ de la Montérégie.
Adolescents
Alors que l’application de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents fête ses 20 ans, la DPJ révèle que plus de 1 504 adolescents contrevenants ont reçu des services en Montérégie; une hausse de 270 par rapport au bilan précédent. Une grande majorité de ceux-ci sont des garçons.
La voie hors du système judiciaire est par ailleurs privilégiée par la DPJ pour les différents délits commis, alors que sur les 875 décisions rendues par le directeur provincial, 717 proposaient une sanction extrajudiciaire.
Celles-ci se traduisent notamment par des mesures de réparation envers une victime à la suite d’une médiation, des mesures de réparation envers la collectivité ou des mesures de développement des habiletés sociales.
La Direction chiffre à 96% le nombre d’adolescents qui terminent les activités prévues au cours de ces sanctions.
«On a de bonnes raisons de croire qu’ils ne s’inscrivent pas dans une récidive par la suite», estime Mme Audette.
Délits sexuels
Au cours de la présentation du bilan, la DPJ a de plus dévoilé une augmentation dans les dernières années des délits à caractère sexuel, bien que cette augmentation ne soit pas chiffrée.
Nathalie Gaudreau, criminologue, déléguée à la jeunesse et animatrice du programme PACIS au CISSS de la Montérégie-Est, explique l'approche de la DPJ face aux délits à caractère sexuel.
Pourquoi ces délits sont-ils plus fréquents de nos jours? C’est en lien avec les dénonciations également plus élevées, croit Marie-Josée Audette.
«Le mouvement #Moiaussi a vraiment créé une plus grande dénonciation. Il y a une plus grande sensibilisation de la population, d’abord chez les jeunes, donc on associe notamment l’augmentation à cet aspect, parce qu’on peut présumer que les délits étaient présents auparavant», indique-t-elle, ajoutant que l’utilisation des réseaux sociaux joue un rôle très grand dans ce genre de délit.
La Direction a également souligné le travail du Programme pour les adolescents qui ont commis une infraction sexuelle (PACIS), qui met l’accent sur la réhabilitation de ces jeunes.
«Les études le démontrent partout, plus on équipe les gens, plus on les aide à se structurer dans toutes les sphères de leur vie, plus on va être gagnant», relève Mme Audette.
La main-d’œuvre, une épine dans le pied
La question de la main-d’œuvre est revenue comme un défi important des deux derniers bilans de l’organisation en Montérégie et celui-ci n’a pas fait exception.
Les chiffres sont d’ailleurs évocateurs : sur le plan de l’évaluation et de l’orientation, il manque une quarantaine d’intervenants sur 140. Pour l’application des mesures, c’est environ 30 personnes qui pourraient être ajoutées, tandis que du côté de la réadaptation et des éducateurs, on parle de dizaines, et peut-être même une centaine d’employés manquants.
«La situation demeure préoccupante», admet Mme Audette, qui assure que des actions sont posées en ce sens, comme l’intégration d’étudiants dès leurs premières années de cégep ou d’université.
D’ailleurs, elle ne tarit pas d’éloges envers les intervenants qui travaillent dans l’organisation.
«Ils sont extraordinaires. Ce sont des gens dévoués, engagés, qui en font bien au-delà de ce qui est attendu d’eux», exprime Mme Audette.
La Montérégie en chiffres
Signalements traités : 20 820
Signalements retenus : 5 805
Taux de rétention des signalements : 27,9%.
Signalements provenant des employés d’organismes publics : 33,9%
Enfants pris en charge par la DPJ : 5 335 (2 114 chez les 6 à 12 ans)
Enfants pris en charge par la DPJ demeurant en milieu familial : 44,2%
Enfants pris en charge par la DPJ demeurant chez une personne significative (grand-parent, voisin) : 15,4%
Adolescents contrevenants ayant reçu des services de la DPJ : 1504
Nombre de garçons parmi ceux-ci : 1173 (78%)
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