L’église vendue et démolie, la Halte devra déménager
La Halte du coin à Longueuil, un refuge pour personnes en situation d’itinérance qui héberge quotidiennement 30 personnes, devra déménager, puisque l’église Notre-Dame-de-Grâce dont elle loue les locaux depuis août 2020 est sur le point d’être vendue et détruite.
«Nous sommes régulièrement obligés de refuser deux ou trois personnes, faute de place, déplore le directeur général de la Halte du Coin, Nicholas Gildersleeve. C’est pourquoi notre ressource doit être maintenue.»
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, abonde en ce sens. «Il y a un besoin, convient-elle. On ne peut pas juste fermer [la Halte] et renvoyer ces gens-là à la rue.»
Mme Fournier souhaite relocaliser la Halte dans un endroit où elle pourra poursuivre ses activités de façon pérenne.
La Halte du coin a été mise sur pied au début de la pandémie de COVID-19, lorsque des personnes en situation d’itinérance ont refait surface dans la foulée de la fermeture de la station de métro de Longueuil et des restaurants 24h.
«Au métro Longueuil, les gens arrivaient de partout: Sherbrooke, Venise-en-Québec, Terrebonne, explique l’agente du programme RÉSO du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), Émilie Daigle. Ils avaient perdu leur emploi et leur logement. Plusieurs se sont ainsi ramassés au métro Longueuil.»
Le fait que la nouvelle élue à la tête de Longueuil parle de relocaliser son organisme rassure toutefois le DG de la Halte. «Nous avons un bon contact avec la mairesse, souligne-t-il. Notre projet semble faire partie de ses priorités.»
L’église fera place à un projet d’habitations sociales
La vente de l’église inquiète tout de même M. Gildersleeve. «Ça va aller vite. Ils sont déjà à notarier l’acte de vente. Le jour où ils vont clôturer le terrain pour démolir l’église, nous devrons partir», explique-t-il.
Il appréhende une rupture de service au cours de la transition. «C’est ma plus grande crainte», confie-t-il.
La vocation du terrain sera maintenue même une fois l’église démolie. Elle fera place à un projet d’habitations sociales et communautaires.
«C’est un projet […] à vocation particulière pour des gens qui sont en processus de transition vers une sortie de l’itinérance», explique Mme Fournier.
Elle souligne également que l’organisme Le repas du passant, qui offre des repas à prix modique dans le sous-sol de l’église, sera réintégré à même le nouvel immeuble.
La mairesse espère que le projet d’habitations voit le jour dès 2022.
Le financement des activités de la Halte constitue un autre enjeu pour les dirigeants de l’organisme. M. Gildersleeve, qui affirme avoir du financement jusqu’au printemps, se dit confiant de la participation de la Ville et d’Ottawa. Il s’inquiète toutefois du silence du ministre québécois délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.
«On va devoir obtenir des confirmations des gouvernements provincial et fédéral afin de s’assurer que [l’organisme] reste implanté dans la communauté, confirme Mme Fournier. On espère que la volonté politique sera au rendez-vous très rapidement.»