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Entre biodiversité et nuisance : la victoire d’Anne et d’Anatoly

le mercredi 03 juillet 2024
Modifié à 15 h 54 min le 03 juillet 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

La dernière modification de divers règlements en matière de nuisances, de paix et de bon ordre adopté au conseil de ville de Longueuil le 2 juillet 2024 est une victoire pour Anatoly Khomenko et Anna Neshytaya, adeptes d’un entretien paysager laissant place à la nature.

«Une précision sera ajoutée au cadre réglementaire afin qu’il soit permis de laisser pousser du gazon, une pelouse, des broussailles ou d’autres herbes d’une hauteur de plus de 30 centimètres si c’est dans le cadre d’un aménagement présentant une variété de plantes entretenues à des fins d’ornement ou de culture maraîchère», explique la Ville de Longueuil.

Un papillon Monarque se délectant du nectar des fleurs dans le jardin du jeune couple. (Photo: Anna Neshytaya)

Ces modifications s’appliqueront dans tous les arrondissements de la ville.

Rencontrés chez eux, boulevard Gaétan-Boucher (arr. de Saint-Hubert), Anatoly Khomenko et Anna Neshytaya sont des passionnés de la biodiversité. 

«Quand nous avons acheté notre maison en 2021, le terrain était pratiquement mort», indique M. Khomenko en sillonnant son terrain où plusieurs arbustes, plantes et fleurs poussent en liberté, à l’avant comme à l’arrière.

Plainte

En juin dernier, à la suite d’une plainte, le couple a reçu une missive de la Ville les informant qu’ils devaient couper les herbes hautes situées sur leur terrain dans les 5 jours suivant la réception de l’avis. La même situation s’était produite en 2022 et la Ville était revenue sur sa décision. 

«Cette année, c’est peut-être un autre inspecteur qui est passé. La personne n’était peut-être pas au courant de notre situation», avance l’amoureux de la nature.

Cas d’espèce 
Le 14 juin, la Ville a accusé réception des arguments de M. Khomenko : «Tel que demandé dans les années antérieures, nous vous demandons de bien vouloir couper les hautes herbes (pelouse/gazon/mauvaises herbes/herbes nuisibles). Quant aux arbustes, annuelles, et vivaces, plantes valorisées, vous n’avez pas à les couper.»

Le jardins du couple Khomenko – Neshytaya se veut un éloge à la biodiversité. (Photo: Anatoly Khomenko)

En complément d’information au Courrier du Sud, la Ville ajoute : «Ainsi, pour prendre l’exemple de l’arrondissement de Saint-Hubert, la limite passe de 15 à 30 cm et pourra maintenant excéder 30 centimètres si les plantes sont entretenues à des fins d’ornement ou de culture maraîchère, distinction que nous ajoutons officiellement à la réglementation aux suites de réflexions entourant des situations similaires à celle de M. Khomenko.»

Biodiversité
M. Khomenko insiste : «Il n’y a pas d’herbes nuisibles, invasives et indésirables sur mon terrain, assure-t-il. Quand nous en trouvons, nous les arrachons avec nos mains. Nous n’utilisons pas de pesticides et essayons de multiplier les plantes indigènes qui aident à contrôler les envahisseurs et qui sont mieux adaptées aux conditions climatiques et aux sols locaux.»

Pour le couple originaire de Biélorussie, toutes les plantes qui se trouvent dans son jardin sont des plantes valorisées, ainsi que des plantes et des herbes ornementales. 

On y retrouve entre autres le cornouiller stolonifère, le lilas, le chicot du Canada, la murette, le pommetier, l’asclépiade, la centaurée bluette et bien d’autres.

«Avec les changements climatiques en cours, nous aurons de plus en plus besoin de ce type de verdure pour abaisser la température des milieux urbains, poursuit M. Khomenko. Il faut aussi des plants plus grands qui accumulent l'eau et créent de l'ombre diminuant d’autant les besoins d’arrosage.»

«Notre jardin est visité par les papillons Monarque, Argus bleu et Machaon, les bourdons, les abeilles de terre, plusieurs oiseaux comme le cardinale rouge, le geai bleu, le merle d'Amérique et les étourneaux», ajoute de son côté Mme Neshytaya.

Si le couple affirme comprendre qu’une Ville doit réglementer, il demande à la Ville de faire la différence entre les terrains abandonnés et les terrains ouverts à la biodiversité.

«Partout les villes laissent maintenant des parties de parcs revenir à l’état plus naturel. Même Hydro-Québec ne coupe plus systématiquement le gazon en-dessous de ses lignes à haute-tension», fait valoir M. Khomenko.

Même la Ville de Longueuil déploie depuis le mois de mai une gestion écologique de la végétation sur certains secteurs de son territoire.

La Ville de Longueuil déploie depuis le mois de mai une gestion écologique de la végétation sur certains secteurs de son territoire. (Photo: site internet de la Ville de Longueuil)

Quoi qu’il en soit, avec la modification apportée aux divers règlements en matière de nuisances, de paix et de bon ordre, abeilles, bourdons, papillons et autres insectes pourront continuer à profiter des plantes et des fleurs d’Anne et d’Anatoly!
 

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