Haïti : le parcours d’une Longueuilloise pour rentrer au pays
Après un an de démarches infructueuses afin de ramener son mari et sa fille de trois ans au Canada, Fabiola Dasque a pris les grands moyens : elle s’est rendue par elle-même en Haïti pour accélérer les choses. Une décision qui a porté ses fruits – sa famille est maintenant ici avec elle –, mais qui n’a pas été sans heurts.
Le 6 avril, Fabiola Dasque partait pour Haïti. «J’ai déposé la demande de visa, puis je suis partie. Je ne sais pas ce que j’allais faire, je ne savais pas comment ça allait se passer, mais je suis partie», raconte-t-elle.
Arrivée au Cap-Haïtien, elle a fait le voyage jusqu’à la capitale, Port-au-Prince. La Longueuilloise détaille ensuite toutes les démarches, notamment avec l’ambassade canadienne.
Cela a commencé par la prise de données biométriques (empreintes digitales et photo) de son mari, puis l’obtention du visa pour son mari, mais pas pour la petite, ensuite son obtention pour la petite, mais l’impossibilité d’obtenir la vignette pour le visa, suivis des démarches pour obtenir un visa sans vignette, l’obtention de ce visa pour son mari, mais pas pour la petite, et finalement l’obtention pour la petite également.
«J’ai su le 20 qu’il y avait un vol d’évacuation le 25 pour les Canadiens et leur famille. Au début, ils voulaient me mettre moi, mais j’ai dit que je ne partirai pas sans ma famille. Ils ont ensuite donné le ok pour mon mari. Le 24, je ne savais pas encore si j’allais pouvoir quitter avec la petite. Ç’a vraiment été un parcours difficile», souligne-t-elle avec émotion.
«J’ai rencontré des gens extraordinaires à l’ambassade. J’ai aussi appelé au bureau de Denis Trudel, où j’ai obtenu un soutien inestimable d’Emily Brossard [l’adjointe de circonscription chargée des dossiers d’immigration]», tient à préciser la dame.
Situation explosive
En plus de toutes ces démarches, Mme Dasque devait composer avec la réalité d’un pays en crise.
Durant la vingtaine de journées pendant lesquelles elle était en Haïti, elle s’est notamment fait voler son portefeuille et son sac à main par des gens armés, d’autres gens armés ont pris le logement de son mari – forçant la petite famille de Mme Dasque à déménager chez une tante dans un autre quartier –, et elle entendait constamment des coups de feu.
«Quand j’ai atterri à Dorval, je pleurais. Toutes les émotions sont sorties. Après tout ce que j’ai vécu, c’était lourd tout ce parcours-là. Je me suis dit : je suis chez moi», raconte-t-elle.
Mais Mme Dasque ne voulait pas en rester là. Elle tenait à offrir des fleurs à Emily Brossard pour son aide et à souligner l’aide que lui a apportée l’ambassade canadienne à Port-au-Prince.
«Il est facile de critiquer, mais très difficile de dire qu’une personne nous a fait du bien. Je suis très reconnaissante du soutien de ces personnes», conclut-elle.
Le rôle insoupçonné d’un député
Denis Trudel ne s’est peut-être pas lancé en politique pour réunifier des familles, mais son bureau joue un rôle important en ce sens. Et pour le député fédéral de Longueuil-Saint-Hubert, c’est l’aspect le plus méconnu et le plus revalorisant de son rôle de député.
Alors que son équipe accueillait le 3 mai une quinzaine de résidents longueuillois d’origine haïtienne qui tentent de ramener leurs enfants avec eux, le député souligne que son équipe arrive parfois à faire la différence dans ce genre de dossier.
Il cite les cas d’autres familles haïtiennes que son équipe a pu aider par le passé, ainsi que celui d’un père algérien dont la famille a pu le rejoindre ici.
«Moi, je me suis engagé pour l’indépendance, pour la langue française, la culture. Mais souvent, on obtient plus de résultats dans ça, au quotidien. […] Tu ramènes les enfants de quelqu’un. Ça fait des années qu’ils ne les ont pas vus et tu les ramènes. Tu changes la vie des gens, simonac!» lance M. Trudel.
«Toute la game électorale, la game parlementaire à Ottawa, des fois, c’est un jeu de théâtre. Les dossiers ne se règlent pas là. Ça prend du temps un projet de loi, t’avances, tu recules, on change des virgules. Ici, oui il y a des délais aussi, mais c’est concret!» ajoute-t-il.
Le politicien indique par ailleurs qu’il y a 500 cas ouverts en immigration à son bureau, une tendance à la hausse. Il déplore que le gouvernement ne se soit pas assuré d’avoir les services requis pour pouvoir accueillir ces gens adéquatement.
«Tout est dans l’ordre, leurs dossiers sont complets, ils font juste attendre parce que le gouvernement est débordé. Mais écoute-la, la madame ici, on n’en a rien à foutre que tu sois débordé. Il faut trouver des solutions», soutient M. Trudel.