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Halte du Coin : un endroit digne pour sortir de la rue

Il y a 2 heures
Modifié à 16 h 56 min le 13 décembre 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

La Halte du Coin peut accueillir jusqu’à 40 personnes pour dormir la nuit. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

La Halte du Coin, déménagée sur le boul. Curé-Poirier depuis octobre, est un endroit qu’apprécie Jacob Beaulieu. Le jeune adulte de 21 ans qui s’est retrouvé en situation d’itinérance il y a un mois se sent maintenant plus en sécurité.

«Le monde dans la rue m’a tellement détruit, se désole l’homme originaire de la Rive-Sud rencontré sur place lors des journées portes ouvertes. Je me suis fait tabasser pour une couple de dollars.»

Celui qui a vécu d’importants problèmes de consommation de drogue n’était pas fier de voir son comportement changer après avoir consommé plusieurs substances.

«Maintenant, c’est beaucoup mieux. Ça fait plus qu’un mois que je n’ai pas consommé de substances illicites», se réjouit-il.

Il espère que d’autres jeunes adultes dans la même situation que lui iront chercher l’aide dont ils ont besoin.
«Moi, je suis tombé là-dedans, mais je ne souhaite pas ça à personne, souligne-t-il. Il faut en parler. Restez sains, faites du sport et trouvez-vous une passion.»

«Si je m’endors ici, au moins je n’ai pas peur que quelqu’un me fasse du mal.»
-Jacob Beaulieu

Un endroit digne

«Des conditions dignes pour des comportements dignes». Le directeur général Pierre Rousseau de la Halte du Coin, à Longueuil, a répété ces mots à plusieurs reprises pour expliquer ce qui le motive à accompagner les personnes en situation d’itinérance.

M. Rousseau a fait le tour du bâtiment avec le Courrier du Sud lors des portes ouvertes du nouvel emplacement du refuge pour sans-abris sur le boul. Curé-Poirier Est, le 3 décembre. Sur deux étages, la Halte du Coin peut abriter jusqu’à 40 personnes.

Le bâtiment comporte de nombreuses salles, dont un dortoir avec une trentaine de lits au sous-sol, une dizaine au 2e étage pour les bénéficiaires vivant avec des problèmes de santé mentale, une cuisine, des sofas pour se reposer, une salle de divertissement et des salles d’interventions. Une cour clôturée, comprenant des douches mobiles, est également à la disposition de la clientèle.

Une salle communautaire. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Une cour clôturée, comprenant des douches mobiles, est également à la disposition de la clientèle. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Autrefois établi dans l’église Notre-Dame-de-Grâce, le refuge se retrouve aujourd’hui dans de meilleures conditions. M. Rousseau constate depuis le déménagement un changement «notable» quant au respect des règles et des autres.
«Ici on peut contrôler nos accès, explique le directeur général. Ce n’est pas le même environnement. Quand tu donnes un environnement digne, les comportements vont changer.»

En raison des ressources mises en place, celui qui était autrefois policier estime que les intervenants sont mieux outillés pour venir en aide à la clientèle.

«Nos intervenants sont maintenant plus en position d’intervention, d’attention, de considération, de bienveillance et de faire des liens avec [les personnes en situation d’itinérance]», poursuit-il.

M. Rousseau s’est assuré d’aller consulter le voisinage afin d’établir une cohabitation harmonieuse avec les gens du quartier.  La cohabitation a d’ailleurs posé plusieurs enjeux, aux anciennes installations. Rappelons aussi que la Halte du coin de la rue Bourassa était entourée de tentes de fortune.

«C’est une occasion de les sensibiliser à l’idée qu’on doit tous vivre ensemble, dans le respect de l’un et de l’autre et dans nos différences, estime-t-il. Ce sont des différences qui font peur, puisque les citoyens ne connaissent pas tout le temps le phénomène de l’itinérance, mais [les gens qui viennent ici] sont du bon monde.»

Même si son souhait serait d’accueillir toutes les personnes qui ont besoin d’aide, M. Rousseau est conscient que les ressources de la Halte du Coin sont limitées.

«C’est sûr qu’on aurait un impact sur le voisinage [si on accueillait davantage de personnes], mais la qualité des services qu’on voudrait donner ne ferait pas la job, soutient-il. Les gens qui aident, ils cassent des fois parce ils portent la misère, ils portent la détresse et il faut faire attention de ne pas développer une fatigue de compassion.»