Halte du coin : un déménagement « le plus tôt possible »
Le directeur général de la Halte du coin Pierre Rousseau espère un déménagement «le plus tôt possible» du refuge d’urgence de la rue Bourassa. Il est bien conscient de l’ampleur du défi de trouver l’emplacement et les installations idéales pour cette ressource de première ligne aux personnes itinérantes.
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Espace de 5000 à 5700 pieds carrés, cour intérieure, capacité d’accueil de 35 personnes – et option d’expansion –, possibilité d’aménager cinq à six douches; M. Rousseau dresse la liste de critères que devrait idéalement remplir le nouveau lieu qui accueillera la Halte du coin.
«Surtout, on ne veut pas d’un grand terrain comme présentement, où deux intervenants doivent communiquer avec des walkie-talkies et gérer un parc, plus l’intérieur de l’église», note M. Rousseau.
Il rêve à un lieu qui lui permettra de faire davantage d’accompagnement et d’interventions, et moins de «gardiennage». «Il y en a toujours un peu, c’est normal, mais il nous faut un lieu avec un accès contrôlé, soulève-t-il. Ça ne peut pas être les portes tournantes tout le temps.»
À ces critères, la mairesse Catherine Fournier ajoute que le zonage doit permettre l’installation de ce type de ressources.
«La crise du logement, c’est aussi une crise de locaux pour la Ville et les organismes, rappelle-t-elle. Des locaux, on n’en a pas beaucoup et il faut que ce soit adapté. Nous aurons besoin du soutien des CISSS et du gouvernement du Québec.»
(Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)
S’il s’agit d’un déménagement forcé, M. Rousseau ne peut néanmoins que s’en réjouir. L’église ne compte qu’une toilette, en plus de trois toilettes chimiques à l’extérieur, et aucune douche.
«Il y a eu des fortes pluies : l’eau est entrée dans les bureaux. Les employés sont habillés comme en hiver, ici. On donne deux couvertures de laine plutôt que deux, énumère-t-il. On n’est pas dans la dignité.»
La Halte compte une vingtaine de lits (35, en période de grands froids) et actuellement, plus de 10 demandes par jour sont refusées.
Où?
Le comité de relocalisation, mis sur pied par la Ville de Longueuil, s’est rencontré une première fois le 16 octobre. Des organismes, le CISSS de la Montérégie-Centre, la Table itinérance Rive-Sud, le Service de police de l’agglomération de Longueuil et la direction du développement social à la Ville sont notamment du nombre.
«Tous les scénarios sont sur la table», souligne la mairesse.
M. Rousseau espère que la future Halte se situera dans un rayon de 45 minutes de marche du métro. «Le défi sera de trouver un lieu juste assez proche et juste assez loin», expose-t-il.
«On veut que la Halte soit à la bonne place, du premier coup.»
-Pierre Rousseau, directeur général de la Halte du coin
Aux yeux de la Ville de Longueuil, la proximité entre services n’est pas essentielle.
«Je discutais avec des spécialistes et il y a une vertu à avoir des ressources dispersées, relève Mme Fournier. Si c’est trop facile, entre guillemets, ça enlève une responsabilisation de la personne itinérante.»
Chose certaine, la Halte du coin s’éloignera de son site actuel, où l’on retrouve une forte concentration de ressources pour personnes itinérantes.
«Il y a un point d’équilibre, une capacité d’un quartier à accueillir des ressources, avance la mairesse. La Halte a été fondée dans l’urgence, le lieu a été choisi dans l’urgence. Maintenant, il y a des préoccupations, on les comprend et on est d’accord. Je ne dis pas que la cohabitation sociale sera nécessairement plus facile ailleurs, mais je crois que ce quartier en fait déjà beaucoup.»
Le défi de l’acceptabilité
Pierre Rousseau se dit bien conscient que l’acceptabilité sociale d’un refuge où des itinérants ayant des enjeux de santé mentale et des problèmes de consommation peut être ardue à obtenir.
Il compte tout mettre en œuvre pour bien informer ceux qui deviendront les voisins de la Halte. Quatre étudiants à la maitrise en communication lui ont d’ailleurs offert leurs services pour bâtir une stratégie de communication. Déjà, il envisage du porte-à-porte et des assemblées d’information.
«Je veux rassurer au maximum la population qui aurait des inquiétudes, qui sont tout à fait normales», mentionne-t-il.
«Je crois que les gens vont comprendre que les itinérants sont des citoyens à part entière, ajoute-t-il. Il ne faut pas s’arrêter aux 4-5 plus tannants. Ils ne sont pas méchants, ils sont différents.»