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Il veut offrir une nouvelle vision de la poésie dans les écoles de Longueuil

le mercredi 11 septembre 2024
Modifié à 14 h 37 min le 11 septembre 2024
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Emmanuel Hyppolite donne des ateliers de slam – une forme de poésie orale – dans les écoles secondaires depuis environ 12 ans. Et pour la prochaine année scolaire, il veut littéralement «donner» 60 ateliers à 10 écoles défavorisées de Longueuil, à travers une campagne de sociofinancement.

S’il est aujourd’hui un slameur éloquent qui vit avec bonheur sa carrière d’artiste, Emmanuel Hyppolite a autrefois été un élève longueuillois démotivé, décrocheur, qui ne savait pas trop quoi faire de sa vie.

Et ce sont ces jeunes qui vivent la même chose aujourd’hui qu’il souhaite inspirer.

«J’essaie souvent de me rappeler moi, d’où je viens, dans cette classe-là. J’aurais aimé ça qu’un slameur ou un artiste vienne, partage son histoire, qu’il dise : je viens de la même ville que toi, j’ai passé par les mêmes défis que toi, lâche pas, tu peux y arriver, tu peux passer de l’autre côté», explique-t-il.

Ses ateliers comprennent deux volets : un sur son parcours et un atelier d’écriture.

Ne pas attendre les budgets

À travers les années, il s’est toutefois rendu compte que les écoles devaient souvent gérer un budget limité et qu’elles ne pouvaient pas toujours le recevoir.

De là est venue l’idée d’offrir ses ateliers à dix écoles de la ville où il a grandi.

 

Emmanuel Hyppolite aimerait offrir gratuitement des ateliers de slam dans quelques écoles, dont son ancienne école secondaire, Jacques-Rousseau. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)

 

«Je me suis dit : au lieu d’attendre que les écoles aient le budget ou dépendent de programmes, je vais mobiliser ma communauté, et en échange, moi je vais offrir ces ateliers-là gratuitement», souligne l’artiste.

Il s’est ainsi fixé un ambitieux objectif de 20 000$ pour réaliser ce grand projet.

La poésie comme bouée de sauvetage

Emmanuel Hyppolite estime que la poésie a été une bouée de sauvetage pour lui.

«J’ai réalisé dès mon enfance que j’écrivais thérapeutiquement. Je viens d’un milieu dysfonctionnel et ça m’aidait à extérioriser mes idées, ma frustration, mes colères. À l’époque où je me cherchais un peu, des amis m’ont invité à une soirée où j’ai présenté un texte et les gens ont dit : wow, t’es bon! J’ai eu une ovation debout. Ç’a été à ce moment que je me suis dit : ok, pourquoi pas faire une carrière avec ça!» raconte-t-il.

L’écriture l’a ainsi amené vers une carrière de poète, d’acteur, d’interprète et plus récemment de scénariste, où il a travaillé sur la série La dernière communion, diffusée à Télé-Québec.

Pour les jeunes, il croit que le slam est une belle porte d’entrée à la poésie.

«Je pense qu’ils peuvent découvrir une autre vision de la poésie. À l’école, parfois, la poésie, c’est très classique, ça peut être un peu plate. Là, tu leur offres une poésie qui est plus libre. Ils disent : ah ouais, c’est cool. Je peux juste m‘exprimer pis écrire», soutient Emmanuel Hyppolite.

Et parfois, c’est à travers son parcours qu’il réussit à toucher les élèves.

«J’étais à l’école Gérard-Filion l’année dernière et c’était une classe avec des potentiels décrocheurs, des jeunes qui ont vécu des choses assez dures. Et il y en a qui pleuraient, qui disaient : ça me parle, les choses que t’as vécues», témoigne-t-il.