Immeubles de la rue Charron: Ententes à l’amiable avec quelques locataires

Les immeubles du 40 et des 42-44-46, rue Charron (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)
Quelques locataires des immeubles 40 et 42, 44 et 46 de la rue Charron dans le secteur Le Moyne de l’arr. du Vieux-Longueuil ont pu conclure une entente à l’amiable avec le gestionnaire.
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Selon le Comité logement Rive-Sud, l’un des gestionnaires de Maher & Du Tremblay Gestion immobilière a conclu des «ententes assez avantageuses» pour quelques locataires.
Si Louis Jodoin, membre du Comité, se réjouit de cette récente avancée, quelques ombres au tableau demeurent, selon lui, à commencer par le refus des propriétaires de remettre une copie papier de l'entente aux locataires concernés.
«Tant mieux si certains ont pu signer des ententes, mais il reste que, jusqu’à maintenant, c’est une minorité. Il y a une majorité [des résidents de ces 32 logements] à qui le propriétaire ne s'adresse pas», s’inquiète-t-il aussi, évoquant entre autres des locataires vivant avec des problèmes de santé mentale.
Selon ce qu’a appris le Comité, le propriétaire dit avoir été mal compris et aurait repoussé au 21 octobre la date limite exigeant le départ des locataires. Ce qui respecte le délai de trois mois que doit accorder un propriétaire lors d’évacuation pour travaux majeurs.
Le gestionnaire aurait affirmé avoir l’intention de faire venir la police, le matin du 21 octobre, pour expulser les locataires qui auront refusé de partir.
Des rénovations effectuées sans permis
Louis Jodoin ne voit pas «comment la police pourrait forcer l’expulsion de locataires en vertu de quelque chose qui n’est pas légal».
En effet, au cours des dernières semaines, le gestionnaire a entamé des rénovations sans s’enquérir des permis nécessaires à la Ville de Longueuil.
La Ville confirme au Journal qu’un inspecteur s’est rendu sur les lieux la semaine dernière. Il a constaté que des travaux avaient été réalisés pour des rénovations autres que celles pour lesquelles des permis avaient été accordés. Des permis autorisaient la réfection de cuisines et de salles de bain de deux appartements du 40, rue Charron.
Un avis a ainsi été transmis au gestionnaire, lui exigeant de cesser les travaux et de se conformer à la réglementation en se procurant un permis.
Selon le Comité logement Rive-Sud, le fait que seuls des permis de réfection de cuisine et de salle de bain pour deux appartements aient jusqu’ici été demandés témoigne également d’un autre manquement.
«L’avis envoyé à des locataires évoque des travaux majeurs. Si c’est fait dans les règles de l’art, le propriétaire devrait avoir déjà le permis avant d’envoyer un avis aux locataires leur disant de s’en aller», soutient Louis Jodoin, qui est en communication avec la Ville.
De plus, des travaux électriques ont été entamés la semaine dernière, au 40, rue Charron.
«Ils ont commencé à faire des travaux en catimini, en barrant l’accès à la salle électrique, sans donner d’informations aux locataires», relate-t-il.
Normalement, ce type de travaux, qui peuvent avoir une incidence sur le prix du loyer, nécessitent un permis.
Rappelons que des résidents de ces deux bâtiments ont reçu un avis d’évacuation d’une durée de 18 mois, le 21 juillet, en vue de travaux majeurs. On leur demandait d’avoir quitté pour la fin septembre. En plus de ne pas respecter le délai de trois mois prescrit par la loi, l’avis n’offrait aucune indemnité aux locataires.
Le gestionnaire n’avait pas répondu aux appels et courriels du journal en lien avec la publication de ce dossier.
Rôle de «facilitateur»
Conseillère du district Le Moyne–Jacques-Cartier, Colette Éthier juge cette histoire «préoccupante». Elle croit que la Ville doit jouer un rôle de «facilitateur», au-delà de s’assurer du respect de la réglementation.
«Il faut se demander comment être proactif, comment aider les gens en situation de précarité, dans les limites de nos responsabilités, avance-t-elle. Il faut trouver une solution pour que les acteurs du milieu soient rassemblés autour de la table et mettre les gens en contact avec les ressources.»
Parallèlement, l’élue se questionne aussi sur la façon de faciliter le travail des propriétaires, afin de les aider à offrir des logements abordables.
«Les bâtiments doivent, tôt ou tard, être rénovés. Il existe des subventions à aller chercher pour les logements abordables», évoque-t-elle.