Jean-Pierre Ferland: entre la vie, l’amour et la scène
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(Photo gracieuseté)
CHANSON. Avec La vie m’émeut, l’amour m’étonne, sorti en novembre, Jean-Pierre Ferland ramène sous les projecteurs des chansons qui ont vécu un peu plus dans l’ombre de ses grands classiques. Une approche qu’il privilégie également pour son spectacle Avant de m’assagir, présenté le 8 avril à L’Étoile Banque Nationale.
Son spectacle, ce sont donc ces chansons, mais aussi leur histoire. «C’est pour ça que le spectacle est original et différent cette année. Sans expliquer mes chansons, je les présente et je dis pourquoi je les ai faites. Je leur donne un peu plus de personnalité.»
Nouveau directeur musical, nouveaux musiciens, nouvelle approche, à la fois pour le disque et le spectacle. Premier titre de l’album, Le chat du café des artistes est l’unique pièce tirée du mythique Jaune. Si la pièce n’a pas manqué de lumière depuis sa sortie en 1970, ayant été reprise par plusieurs artistes, Ferland avait envie de la revisiter.
Le public a ici l’occasion de la redécouvrir dans une version encore plus mystérieuse, voire sombre. «Je voulais en profiter pour refaire les orchestrations, refaire ma voix. Je l’aime beaucoup. Je l’avais faite d’une certaine façon, et puis ç’a évolué, explique-t-il. Je voulais lui donner un petit coup de pouce encore.»
Le travail avec le directeur musical André Leclerc lui aura également permis de redécouvrir sa voix. Ce dernier lui a fait remarquer qu’il essayait de chanter fort alors qu’il avait un grain de voix qui invitait davantage à la confidence; une voix plus «charmante».
«J’ai découvert autre chose… à 83 ans, vous me direz qu’il était temps! Et effectivement, je préfère cette tessiture. C’est la mienne et avec le temps, j’ai développé une sorte de grain. En vieillissant, la voix change. Et sans prétention, j’ai l’impression que je chante mieux qu’avant.»
De l’importance de la famille
Jusqu’à tout récemment, les cinq frères de Jean-Pierre Ferland ignoraient à qui était adressée sa touchante Mon frère. Ils auront appris aux funérailles de Jacques – l’un des frères – qu’elle lui était destinée. Depuis son enregistrement il y a quelques mois, elle détient une charge émotive encore plus grande pour Jean-Pierre Ferland.
«Je suis dans le studio, je la chante, et je sais que mon frère Jacques est malade. Je sors et m’aperçois que je suis très ému, que je l’ai chantée de façon très touchante, sans savoir pourquoi. Mon téléphone sonne: on m’apprend que mon frère vient de mourir, à 60 ans. Je ne m’attendais pas à ce qu’il parte si vite. La chanson a pris une toute autre envergure. Ce n’est plus la même chose, c’est comme un adieu.»
La famille revient aussi dans cet album, avec Maman ton fils passe un mauvais moment, chanson qu’il avait écrite à Paris et qui illustre le cheminement de la vie, des moments très heureux et chanceux aux épreuves plus difficiles, où il n’y a que le réconfort d’une mère pour apaiser.
«J’avoue que si je suis un grand amoureux, c’est grâce à ma mère, relate le chanteur. C’est la première femme que j’ai vraiment aimée.» «Je suis quelqu’un de très familial», observe-t-il.
Toujours l’amour
Amour de la scène, amour du public, amour tout court, c’est ce qui aura guidé et guide encore la carrière et la vie de Jean-Pierre Ferland. D’où le titre La vie m’émeut, l’amour m’étonne.
«Sans amour je n’aurais jamais fait ce métier, et la vie a été très charmante à mon égard. Elle m’a aimé, j’ai aimé la vie que j’ai vécue, jusqu’à maintenant en tout cas, dit-il simplement. Et je ne pense pas que je vais partir maintenant!» «Et avec le temps, je ne me lasse pas de chanter, j’ai toujours hâte d’être sur scène, continue-t-il. C’est ma meilleure amie.»
On comprend que la retraite n’est simplement pas une option et qu’il est encore bien loin, le moment où le chanteur décidera de «s’assagir».
«Assagi? Je ne le serai jamais. J’ai trop de caractère. S’assagir, ce n’est pas mourir, mais c’est partir, abandonner. Je suis très loin de ça.»«Tous les chanteurs et auteurs-compositeurs ne le diront pas, mais on fait ce métier pour être aimé. Quand on a connu ce qu’est le succès et l’amour des gens, on ne peut laisser ça comme ça. C’est plate à mort.»