Communauté

La balade des gens heureux

le samedi 31 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 31 octobre 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

PORTRAIT. La réputation de l'organisme Baladeur René de Longueuil n'est plus à faire. La popularité toujours croissante de ce service de transport de groupe ne fait qu'allonger la liste d'attente depuis quelques années, signe de l'attachement des aînés et des personnes à mobilité réduite pour ce service qui, au-delà du transport, contribue à briser l'isolement.

Presque tous les jours de la semaine, les deux minibus de Baladeur René fonctionnent à pleine vapeur. L'an dernier, 5665 personnes ont monté à bord de l'un des véhicules, que ce soit pour les routes sélectives ou les petites escapades.

L'organisme à but non lucratif compte sur des ententes avec pas moins de 74 organismes communautaires et résidences. Il offre des parcours, allant chercher les bénéficiaires directement aux résidences, pour les emmener, par exemple, au Centre communautaire des aînés.

«Là, ils jouent aux cartes ensemble et on leur présente aussi une petite conférence sur des sujets divers. Puis, le Baladeur les ramènent», expose le directeur du conseil d'administration de Baladeur René, André Dessureault.

Différents trajets sont proposés, dont certains permettent aux bénéficiaires de se rendre notamment à la Place Longueuil pour faire les courses. Cette sortie, réalisée en partenariat avec un CLSC, s'adresse particulièrement aux personnes à mobilité réduite. Des intervenants du CLSC accompagnent d'ailleurs les bénéficiaires et des fauteuils roulants supplémentaires sont prévus.

Une sortie pour échanger

«30% des personnes qui utilisent Baladeur René ont 90 ans et plus. 30% ont 85 ans et plus. S'ils ne faisaient pas cette sortie, ils ne sortiraient tout simplement pas, ou prendraient un taxi. Dans le minibus, c'est toujours le même groupe, alors les gens se connaissent et peuvent échanger», illustre M. Dessureault, qui a reçu le prix Hommage aux bénévoles 2014 de la Ville de Longueuil.

Et comme les chauffeurs sont toujours assignés au même trajet, un attachement se crée également à leur égard. «Quand l'un d'eux s'absente pour une raison ou une autre, tout le monde pose des questions! Il y a un lien de confiance qui s'établit.»

L'organisme offre aussi diverses petites escapades (sortie au musée, au casino, à la cabane à sucre, etc.). Une virée aux pommes a d'ailleurs déjà été organisée, dans le confort du minibus. Étant donné que la majorité des usagers se servaient d'une marchette ou d'un fauteuil roulant, ils pouvaient difficilement se déplacer dans un verger. L'autobus a alors circulé près des pommiers, et tous ont cueilli les pommes par la fenêtre.

Deux dollars symboliques

Pour chaque sortie, il en coûte 2$ par usager: 1$ aller, 1$ retour. Les prix n'ont pas augmenté depuis 10 ans. «Ce n'est pas vraiment avec cela qu'on fait notre financement. C'est plutôt symbolique, pour encourager les personnes à respecter leur engagement et à se présenter!»

Les commandites et les subventions servent à l'entretien des minibus, qui doivent être renouvelés tous les trois ans et demi.

Aucune masse salariale ne figure parmi les dépenses, puisque Baladeur René fonctionne uniquement grâce aux 24 bénévoles, dont 17 chauffeurs. Il s'agit d'ailleurs du seul organisme de la région œuvrant auprès des aînés à être géré entièrement par des bénévoles. «Ce sont des aînés bénévoles au service des aînés!», lance M. Dessureault, à la retraite depuis 1999.