La belle vie italienne du capitaine de l’équipe canadienne de water-polo
Petite banlieue de Gênes en Italie, Bogliasco est une commune de près de 5000 habitants campée sur la mer. C’est ici que Jérémie Blanchard a fait son nid depuis plus de trois ans, où il peut vivre de son sport, le water-polo. Et le capitaine de l’équipe nationale canadienne se plait dans ce mode de vie unique.
L’équipe masculine de Water-Polo Canada disputait les Championnats panaméricains du 20 au 25 novembre, à Ibagué, en Colombie. À l’issue du tournoi qui a permis aux Canadiens de se qualifier pour les Championnats du monde, Jérémie Blanchard est rentré chez lui, en Italie.
C’est ici qu’il joue professionnellement pour le Bogliasco 1951, dans la Serie A2.
«C'est vraiment un mode de vie que j'adore. Tu t'entraînes tous les jours. Chaque samedi, t'as un match. Un samedi le match est à la maison, l’autre est à l'étranger. On peut aller à Rome, en Sicile, à Trieste, près de la Croatie», souligne par visioconférence celui qui a grandi à Longueuil.
Blanchard en est à sa 6e saison professionnelle et a aussi joué par le passé pour des équipes à Naples et en France. «J’ai trouvé une place incroyable ici», résume-t-il à propos de Bogliasco.
«Évidemment, on n’est pas des joueurs de hockey ou de soccer, mais ça nous permet de vivre de notre sport. Je suis quand même chanceux, je pense que c'est le rêve de plusieurs athlètes, et que pour plein de raisons, ça n’arrive pas. Alors j'en profite», assure-t-il, bien conscient qu’il devra travailler après sa retraite.
Il a d’ailleurs obtenu un baccalauréat en formation à distance à la TELUQ.
C’est dans cette commune italienne que Jérémie Blanchard mène sa vie comme joueur professionnel de water-polo. (Photo: gracieuseté – Sidvics)
Le début d’un cycle olympique
Quand Jérémie Blanchard ne porte pas le maillot de Bogliasco, il porte celui de l’équipe canadienne. Il est le capitaine de l’équipe nationale depuis trois ans et demie, un rôle qu’il affectionne particulièrement.
«J’ai toujours été capitaine de mes équipes juniors, que ce soit en club ou avec les équipes nationales. J’ai toujours aimé ça», affirme-t-il. Son rôle inclut de s’assurer que tout le monde, de la fédération aux entraîneurs et aux joueurs, soient sur la page, aient les mêmes objectifs.
Dans un sport où les rassemblements nationaux sont moins nombreux que d’autres, le capitaine doit garder contact avec les membres de la formation, mener le groupe dans la piscine et créer des activités à l’extérieur de celle-ci. Une jeune formation, par ailleurs, qui amorce un nouveau cycle olympique.
Leur 2e place aux Championnats panaméricains et la qualification aux Championnats du monde qui a suivi était ainsi une belle façon d’amorcer ce nouveau cycle.
«Il nous manquait deux gros joueurs. Ajouter à ça les quelques joueurs qui quittent après chaque cycle olympique, on est arrivé là avec une équipe vraiment jeune. Puis lancer ce cycle avec cette qualification pour le Mondial, c'était vraiment important pour notre progression», estime-t-il.
La dernière qualification de l’équipe masculine aux olympiques remonte aux Jeux de Pékin, en 2008. «L'objectif du joueur de water-polo, peu importe où dans le monde, ce sont les Jeux olympiques», soutient Jérémie Blanchard.
Selon Jérémie Blanchard, l'équipe canadienne de water-polo se situe généralement autour du 12e rang mondial. (Photo : gracieuseté)
Piscine du cégep et Saint-Lambert
Bien avant d’être le capitaine de l’équipe nationale, le jeune Jéremie Blanchard de 10 ans s’était inscrit à une activité d’initiation au water-polo d’un camp de jour au cégep Édouard-Montpetit.
«Moi et mon meilleur ami, on avait commencé le water-polo juste pour passer nos après-midi l’été. Puis la fille qui s’occupait de ça, c’était la fille du club de water-polo de Saint-Lambert. Et en septembre, on a commencé avec le club aussi», raconte-t-il.
Depuis, il en a fait son sport. D’abord parce qu’il aimait les sports d’équipe et que ça lui permettait de jouer et passer du temps avec ses meilleurs amis. Puis parce qu’il aimait les exigences du sport.
«C’est sûrement le sport le plus difficile. Tu pousses vraiment ton corps aux limites, puis j’ai toujours aimé ça me pousser tous les jours, surtout en gang», explique l’athlète de 27 ans.
On pourrait d’ailleurs croire qu’il a le physique de l’emploi, avec ses 6 pieds 2 et 230 livres – son apogée physique estime-t-il. À la position de centre, il assure cependant être un des «petits» joueurs sur la scène internationale.
«C’est sûrement la position la plus physique, la plus violente, peut-être même la plus exigeante. Ça prend un certain physique. Mon coéquipier centre dans l’équipe canadienne doit être 6 pieds 6, puis un bon 245, 250 livres. Ce sont des bœufs!» image-t-il en riant.
Singapour en juillet
Les Championnats du monde de water-polo seront disputés à Singapour en juillet 2025. Le Canada tentera de battre son plus récent résultat, en 2023, où il avait terminé 12e.
D’ici là, Jérémie Blanchard poursuit sa saison en Italie et profite de sa vie d’athlète au bord de la mer sans trop penser à l’après-carrière.
«Pour l’instant, je ne me pose pas trop de questions», assure-t-il.
Des spectateurs et des mamans
Y a-t-il beaucoup de spectateurs aux matchs de water-polo professionnels?
«Ça dépend des piscines. Ça peut aller entre 15 partisans qui sont des mamans et des grands-mamans des gars, à des piscines qui sont vraiment bien organisées, qui ont 500 partisans et un gars au micro», explique Jérémie Blanchard.
«Ce n'est pas là-dessus que les clubs font de l’argent. C'est vraiment avec les commanditaires», ajoute-t-il.