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La Maison de Jonathan : un appui aux jeunes quand le cadre scolaire ne fonctionne pas

le dimanche 09 octobre 2022
Modifié à 11 h 47 min le 07 octobre 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Isabelle Lord, dans un des locaux de l’organisme où les jeunes peuvent apprendre à faire de la peinture sur verre. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

Depuis 1981, La Maison de Jonathan offre des services éducatifs et sociaux afin de valoriser les adolescents pour qui le parcours scolaire est semé d’embûches. L’organisme a d’ailleurs connu une expansion importante dans la dernière année dans le but de bonifier ses programmes directement dans les écoles, en plus de poursuivre ceux en son enceinte.

L’équipe basée dans le Vieux-Longueuil est ainsi passée de 26 à 43 employés au cours de cette période.

«C’est le fun parce qu’on vient bien se compléter dans nos programmes», mentionne au Courrier du Sud la directrice clinique de La Maison de Jonathan, Isabelle Lord.

«On travaille pour le maintien scolaire, mais aussi pour la prévention au maintien scolaire. Nos programmes ne rejoignent pas tous la même clientèle. Dans les écoles, on est plus en prévention, tandis qu’ici, ce sont des jeunes qui ont décroché ou qui songent à décrocher du milieu scolaire. On dessert le avant, le pendant et l’après!» ajoute-t-elle.

Les programmes en milieu scolaire ont pris de l’ampleur dans l’organisme. Ceux-ci comprennent notamment du tutorat, du mentorat et de l’animation. (Photo : gracieuseté)

 

Le symptôme «ça va pas»

Pour une majorité de jeunes qui viennent passer quelques jours ou plusieurs mois dans les locaux de l’organisation, le cadre scolaire régulier ne fonctionne pas.

«Ce qui unit les jeunes ici, c’est qu’à l’école, il y a le symptôme "ça va pas", qui est souvent relié à l’estime de soi ou son sentiment de capacité. Certains ont des problématiques familiales, d’autres de consommation. Ils ont un gros bagage scolaire, donc la compréhension en classe ou l’accueil des pairs est vraiment difficile», soutient Mme Lord.

«On est adaptatif, donc rejoint une majorité de jeunes qui ont de la difficulté à être dans les normes.»

-Isabelle Lord

La Maison de Jonathan offre ainsi au jeune de sortir du milieu le temps d’une année scolaire et vise à lui redonner confiance à l’aide d’ateliers artistiques, manuels et scolaires.

À l’intérieur même des salles de l’organisme, il peut ainsi s’initier à l’ébénisterie, la couture ou la musique, le tout dans une démarche de cheminement vers un objectif, par exemple celui d’aller sur le marché du travail ou de retourner à l’école.

 

Les jeunes peuvent notamment travailler dans l’atelier d’ébénisterie. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

 

Mme Lord souligne l’aspect plus personnalisé de l’approche, comparativement à l’enseignant qui doit s’occuper d’une classe complète.

«Ce n’est pas qu’il n’y a pas de bienveillance dans le cadre régulier, mais ça va avec la capacité. Un adulte pour 30 élèves ou un adulte pour deux ou trois jeunes, ce n’est pas pareil», note-t-elle.

Enlever le capuchon

Si le maintien scolaire est l’un des principaux objectifs de l’organisme, il y a très peu de référence à l’école dans son bâtiment.

Il n’y a pas de cloches. Les jeunes dînent avec les intervenants. Même le langage est adapté. Il n’y a pas de professeurs, il y a des animateurs. Il n’y a pas d’élèves, il a des jeunes.

«Souvent, le scolaire représente quelque chose comme une menace. Alors quand ils arrivent ici, nous, on défait ça», explique Isabelle Lord.

Cette dernière souligne en outre les nombreuses belles histoires d’adolescents qui sont passés par La Maison de Jonathan, certains ayant même fait leur stage à l’organisme quelques années plus tard.

«Il y a une confiance qui ressort après leur passage ici qui est vraiment agréable. Il y a aussi le côté un peu typique du jeune qui arrive avec son capuchon sur la tête, bien renfermé, avec le besoin de garder son sac à dos. Et à la fin de l’année, il n’y a plus le capuchon, on voit ses yeux. Même sa posture change!» assure-t-elle.