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La retraite après 53 ans à la Ville de Brossard

Il y a 2 heures
Modifié à 16 h 26 min le 24 octobre 2024
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Passionné d’histoire, Claude Déziel a vu la ville grandir. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

C’est de l’ordre de l’exploit, de l’exception : Claude Déziel a pris sa retraite le 30 septembre, après avoir œuvré pendant 53 ans pour le même employeur, la Ville de Brossard. En un demi-siècle, celui qui est surnommé l’«Encyclopédie» a vu les collègues passer, et la ville de Brossard grandir et se transformer.

«Cinquante-trois ans, ça paraît long, mais il me semble que c’est vite. C’est vite passé, en tout cas pour moi!, constate Claude Déziel. Ça me fait quelque chose, de laisser mes collègues. C’est comme ma maison.»

Comme un symbole du temps qui a passé, il souligne que Brossard n’était qu’une «petite bourgade» d’à peine 15 000 habitants, à sa première année comme employé en 1971. 

Pour l’amoureux d’histoire qu’il est, les transformations qui se sont opérées sous ses yeux, les quartiers qui se sont construits, la ville d’à peine 65 ans qui s’est modernisée, tout est fascinant. Depuis 45 ans qu’il prend sa ville en photo, pour garder des témoignages de cette évolution. 

Toujours les pieds sur les chantiers, d’abord comme chaîneur (aide-arpenteur), M. Déziel a été aux premières loges. «Il y avait énormément de nouvelles constructions, on travaillait continuellement», relate-t-il à propos de ses débuts. 
Au fil des ans, il a occupé entre six et sept postes (homme d’instrument, surveillant de travaux, chef d’équipe…) et a gravi les échelons, se perfectionnant aussi à Polytechnique et par des études collégiales.

Il a commencé à gravir les échelons en devenant chef d’équipe pour la Ville de Longueuil lors des fusions. Il a réintégré la nouvelle ville de Brossard en 2006, comme chef de section. 

Jusqu’à tout récemment, il était chef de section de la division des services techniques. 

M. Déziel a reçu des hommages chaleureux à la séance du conseil municipal d'octobre. Sur la photo, il est en compagnie de la mairesse Doreen Assaad et du directeur général Guy Benedetti. (Photo : gracieuseté)

Le bureau « dans la chambre des maîtres » 

En 1971, Claude Déziel ne se destinait pas à une carrière à la Ville de Brossard. 

Après avoir laissé tomber les études collégiales en architecture, il songeait à faire le saut vers un programme professionnel, mais il était trop tard pour s’inscrire à une prochaine session. M. Déziel a donc pris une année sabbatique, ce qui était «rare à l’époque», convient-il.

C’est un ami qui quittait le service de génie de la Ville de Brossard qui lui a suggéré d’y envoyer son CV, sachant qu’il y aurait une place et que la Ville embauchait des étudiants. 

«Dans ma tête, c’était une année pour ensuite aller au cégep et au professionnel, souligne M. Déziel. Et comble de malchance, mon application s’était perdue!»

L’ami a tout de même pu transmettre les coordonnées de M. Déziel au directeur du service de génie. 

Le Brossardois se souvient de sa première journée, le 13 septembre 1971, lorsqu’il a dû se présenter au bureau du génie… qui était en fait un duplex adjacent à l’hôtel de ville, à l’époque situé sur le boul. Matte (aujourd’hui le boul. Milan). 

«Le chef de service était dans la chambre des maîtres! Ça faisait drôle, c’était le bureau du génie! Un monsieur assez taciturne, sévère, m’a accueilli et le rideau était fermé. J’avais 18 ans, j’étais petit dans mes souliers!»

Rien qui ne l’a fait reculer, toutefois. 

Claude Déziel (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

Et c’est un peu par hasard qu’il a découvert que son emploi temporaire est devenu permanent, quelque six mois plus tard. «J’ai vu sur ma paie qu’on avait enlevé 50 sous pour club social. C’était en fait le règlement 407, qui spécifiait les avantages sociaux. Voilà, j’étais permanent!»

Profiter

De toutes ces années au sein de la Ville, M. Déziel retient surtout le travail à l’extérieur ainsi que l’esprit d’équipe et de camaraderie comme éléments qu’il a le plus appréciés.

«On ne voyait pas les journées passer, il y avait toujours du nouveau.  Même les entrepreneurs revenaient. C’était une petite et une grande famille», évoque-t-il.

Prendre la décision de mettre fin à ce grand chapitre de vie n’a néanmoins pas été trop difficile pour Claude Déziel. «J’ai quand même 71 ans, si je veux profiter un peu, il faut arrêter!»

Pour le moment, aucun plan de retraite à l’horizon, hormis réaliser quelques menus travaux à la maison, prendre l’air et bouger. Bref, comme le résume M. Déziel, apprivoiser la retraite».