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Le conseil municipal approuve le projet de l’ancienne église anglicane

le mercredi 17 février 2021
Modifié à 10 h 50 min le 04 juin 2021
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Sous la recommandation du Comité consultatif d’urbanisme (CCU), les élus de Saint-Lambert ont approuvé les dérogations mineures ainsi que le plan d’implantation et d’intégration architecturale du projet de l’ancienne église anglicane, le 15 février.

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Le directeur du génie, de l'urbanisme et de l'environnement Éric Painchaud ainsi que le conseiller en urbanisme Richard Boulet ont tout d’abord rappelé les grandes lignes du dossier et présenté les principales dérogations mineures demandées. Le projet comporte d’abord des marges réduites sur trois des quatre côtés, soit sur la rue Elm, l’avenue Lorne et du côté de l’église Saint-Barnabas.

«L’intention derrière le projet est d’offrir une certaine accessibilité aux nouveaux commerces, d’avoir une relation entre la rue et le public, a précisé M. Boulet. Le fait de rapprocher le bâtiment de la rue permet une relation avec la rue plus importante. Ç’a été grandement pris en considération par les membres du CCU lors de leur analyse.»

M. Boulet a ajouté que l’emprise municipale importante permettra tout de même un dégagement du bâtiment par rapport à la rue.

Le projet compte par ailleurs 4 étages, alors que seulement 3 ½ sont permis dans ce secteur, et utilise un béton préfabriqué qui n’est actuellement pas autorisé par le règlement. Les dérogations mineures ont été approuvées à 5 contre 3 par les conseillers.

Plusieurs conditions

Le conseil devait aussi se prononcer sur le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) du projet. Ce dernier comporte plusieurs conditions, soit l’implantation d’une plaque commémorative soulignant l’histoire de la première église anglicane; la présentation au CCU d’un document détaillé, préparé par un architecte spécialisé en patrimoine, et incluant un inventaire des divers éléments à conserver; l’intégration de lattes de bois clair à l’escalier extérieur en projection arrière de l’agrandissement; l’entreposage des déchets à l’intérieur du bâtiment et leur collecte du côté de l’avenue Lorne; et que les arbres plantés soient des arbres à grand déploiement.

Le PIIA a été adopté à 4 contre 3, le conseiller Francis Le Chatelier ayant dû quitter la séance avant la tenue du vote.

Pas d’unanimité

Malgré ces adoptions, le projet de l’ancienne église anglicane ne fait pas l’unanimité. Ainsi, 39 commentaires ont été reçus de 36 citoyens dans le cadre d’une consultation publique tenue de façon virtuelle. De ce nombre, 62% étaient en désaccord avec le projet proposé contre 31% en accord, tandis que 7% indiquaient avoir besoin de plus d’informations pour pouvoir se prononcer. Une pétition de citoyens s’opposant au projet a également été déposée.

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Les citoyens critiquent entre autres la mauvaise intégration du projet dans le secteur, le peu d’espaces verts inclus dans le projet, les normes imposées par la Ville qui ne seraient pas respectées, le peu d’informations divulguées par les promoteurs sur l’occupation et l’usage des bâtiments ainsi que «le manque de transparence de la Ville», qui n’aurait pas consulté les citoyens de façon ouverte et proactive.

Un état de fait que certains conseillers n’ont pas hésité à souligner lors de l’assemblée.

«Ce qu’on fait aujourd’hui, c’est sacrifier un immeuble patrimonial pour faire une espèce de pastiche qui n’a pas d’acceptabilité sociale», a commenté Bernard Rodrigue.

«Un des éléments que la Loi prévoit par rapport aux dérogations mineures est qu’elles ne doivent pas porter atteinte à la jouissance des propriétaires des immeubles voisins. Ce qu’on nous a présenté ne respecte pas ce critère-là», a-t-il ajouté.

«C’est difficile de toujours être unanime mais il y a une majorité, a répondu le maire Pierre Brodeur. Le CCU est unanime et le conseil est appelé à voter.»

«Justement, on vient de faire une consultation publique et la majorité des gens se sont exprimés en défaveur du projet, l’a relancé Loïc Blancquaert. Quand on consulte les gens, logiquement, on se doit de tenir compte de leur opinion.»

«Nous sommes élus pour prendre les décisions, difficiles à l’occasion, mais toujours en ayant en tête les intérêts supérieurs de la ville», a renchéri le maire.

Le conseiller et président du CCU Philippe Glorieux a quant à lui soutenu que le projet «permettra d’avoir un bâtiment qui sera non seulement honorable mais qui répondra aux nombreux critères sur la qualité même de construction de ce bâtiment et de son état patrimonial».

«Nous avons 30 personnes qui sont d’un avis autre mais sont-elles représentatives des 22 000 habitants de notre ville?» s’est-il questionné.

Siégeant au CCU, la conseillère Brigitte Marcotte a quant à elle affirmé qu’elle avait voté en faveur du projet pour que le dossier «monte au conseil».

«Je vais ce soir admettre mon erreur. J’aurais dû, comme membre du CCU, exprimer ma dissidence. Ce que je souhaitais, c’est amener enfin les discussions au conseil municipal. Mais je suis très déçue des débats tenus.»

Comité de démolition

Le dossier de l’église anglicane sera maintenant transmis au Comité de démolition, qui devra tenir des consultations publiques sur le sujet avant de prendre sa décision.

«Le promoteur sera présent lors de ces consultations, pour répondre aux questions et aux préoccupations des citoyens», explique le maire Pierre Brodeur.

Une fois qu’il aura reçu la recommandation du Comité de démolition, le conseil municipal tranchera une fois pour toute sur le dossier.