Le milieu communautaire rêve à un pôle social et culturel
Un regroupement d’une dizaine d’organismes et d’acteurs du milieu communautaire longueuillois s’est montré intéressé par la Maison de la Congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM). Ils imaginent y créer un pôle social, économique et culturel, où l’interaction et la concertation des divers joueurs seraient mises à profit.
Ce pôle pourrait réunir des organismes de divers secteurs complémentaires. Les bureaux leur seraient loués, alors que seraient partagés les espaces communs, le tout, sous un même toit et sous une même gouvernance collective.
«L’appropriation d’un bâtiment inscrit dans l’histoire de Longueuil par son propre milieu», résume avec enthousiasme David Miljour, directeur général du Pôle d’économie sociale de l’agglomération de Longueuil, l’un des principaux joueurs impliqués.
Besoins multiples
Depuis le début du processus de mise en vente par la congrégation, Bâtir son quartier agit comme partenaire, afin de trouver des acquéreurs potentiels.
«Leur approche en est une d’utilité sociale et communautaire, plutôt que de vendre au plus offrant», relève Caroline Freulon, agente de développement chez Bâtir son quartier.
Un comité de pilotage a été mis sur pied, réunissant le Pôle d’économie sociale de l’agglomération de Longueuil, la Corporation de développement communautaire de l’agglomération de Longueuil (CDC-AL), Habitations communautaires Longueuil, les Habitations Paul-Pratt, le Conseil des arts de Longueuil et un représentant de la Ville de Longueuil.
Un sondage mené au sein du milieu a identifié les besoins des organismes, et a du même coup confirmé la pertinence d’un tel projet collectif.
«Les organismes sont souvent dans des locations commerciales. Ils subissent des hausses injustifiées et agressives, qui ont un impact sur leur mission», identifie David Miljour.
Durant la pandémie, plusieurs organismes ont aussi connu une croissance, qui s’accompagne d’un besoin de locaux plus grands.
Projet structurant
Mais surtout, l’acquisition d’un tel lieu répondrait à cet intérêt pour une gouvernance collective – «avoir les rênes!» exprime M. Miljour.
«On entend souvent parler de projets immobiliers, mais au plan locatif, c’est très peu répandu. Ça pourrait faire un projet très structurant, estime-t-il. On pourrait arriver à créer un laboratoire d’innovation.»
Serait-ce un organisme à but non lucratif, une coopérative, une entreprise d’économie sociale? Cela restera à décider. L’idée d’une propriété collective est toutefois bien ancrée. «Les locataires deviennent partie prenante de la gestion, détaille Mme Freulon. Collectivement, il y a une plus grande capacité d’action.»
Des 55 000 pieds carrés disponibles, un peu moins de la moitié constituent des espaces de bureaux. Les espaces communs, comme la chapelle, pourraient devenir des lieux utiles à tous.
«Des salles multifonctionnelles comme ça, pour des conférences ou des assemblées générales, il n’y en a pas actuellement. On exige toujours plus de la Ville, mais on peut aussi se demander comment nous, on peut contribuer davantage», réfléchit M. Miljour.
Quant à la vocation des quelques chambres, «on est en train d’analyser le potentiel de développement résidentiel, avance Mme Freulon. Ça pourrait, hypothétiquement, devenir des logements communautaires.»
En plus des organismes pleinement investis, d’autres y jettent un regard intéressé. «On veut bien faire les choses et travailler en complémentarité avec ce qui existe déjà», assure M. Miljour.
Soumettre un dossier
Le regroupement soumettra à la Congrégation un dossier décrivant le projet et son plan financier. Habitations communautaires Longueuil a reçu une aide de 25 000$ de la Ville de Longueuil, tirée du fonds de développement social, afin de réaliser les étapes de faisabilité.
«On est au stade d’élaboration, des études de viabilité pour la recherche de financement. Ce financement va nous permettre d’aller plus loin», se réjouit M. Miljour.
Ce dernier mise sur une acquisition et une entrée progressive des organisations dans le bâtiment en 2022.
«Nous voulons garder l’espace toujours vivant, dans une optique d’utilité sociale. Pour la communauté, c’est extrêmement bénéfique.»
– David Miljour, directeur général du Pôle d’économie sociale de l’agglomération de Longueuil
Héritage historique
Les deux maisons, sises à l’avant du terrain, sont aussi à vendre.
La Maison Marie-Rose-Durocher (aussi appelée «Maison de Fondation»), a été construite en 1812 et est classée immeuble patrimonial. Première école modèle de Longueuil, elle peut être visitée par le public. Elle fait partie du centre Marie-Rose, espace muséal parmi les Sanctuaires du fleuve.
Bâtir son quartier travaille avec les Sœurs afin de trouver une vocation à ces deux maisons patrimoniales. Les religieuses espèrent que soit maintenue la vocation d’interprétation historique des lieux, qui constituent le noyau fondateur des Sœurs SNJM, congrégation fondée en 1843.
La préservation de ces bâtiments est «prioritaire et dans nos plans, confirme David Miljour. C’est notre mémoire collective.»
Des discussions et analyses sont en cours avec des partenaires du milieu culturel. La Société d’histoire de Longueuil et la Société historique et culturelle du Marigot sont aussi partie prenante de la réflexion, notamment concernant la voûte des archives, dans la Maison de la Congrégation. Elles souhaiteraient y installer leurs archives, qui seraient aménagées dans de bonnes conditions, et accessibles au public, «dans un esprit communautaire et de mise en valeur du patrimoine local que l'on a acquis au fil des décennies», indique la directrice générale du Marigot, Louise Levac.
La Maison Marie-Rose-Durocher, aussi appelée «Maison de Fondation» (Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)
Soeur Lisette Boulé, conseillère provinciale, sur le balcon de la maison Daniel Poirier. (Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)