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Le Moyne, quartier le plus défavorisé de Longueuil, en voie de perdre son frigo communautaire

Il y a 3 heures
Modifié à 15 h 04 min le 18 octobre 2024
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Emilie Mongrain croit que la nécessité du Frigo du coin n’est plus à démontrer. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)

À peine deux ans après sa création, le projet en sécurité alimentaire le Frigo du coin devra vraisemblablement fermer ses portes le 15 novembre. Situé dans le quartier le plus défavorisé de Longueuil, Le Moyne, il est incapable d’obtenir un financement récurrent.

Né de la Table de vie de quartier de Le Moyne en 2022, le Frigo du coin est un petit marché ouvert quelques jours par semaine où les résidents du quartier peuvent venir prendre gratuitement les aliments qu’ils veulent. Entre 60 et 70 familles viennent chaque semaine et 250 foyers sont inscrits.

Cependant, le financement du Fonds québécois d’initiatives sociales est échu et le projet survit depuis grâce à des dons ici et là, notamment par les budgets discrétionnaires des députés.

«C’est apprécié, mais ça nous fait gagner un demi-mois, un mois. On ne peut pas vivre comme ça, on est obligé de quêter à petits morceaux», déplore Emilie Mongrain, chargé de projet et unique employée du Frigo du coin.

Le milieu communautaire de Le Moyne interpelle ainsi le gouvernement du Québec.

Ce que demande le Frigo du coin et son fiduciaire, le Comité Action Populaire LeMoyne (CAPL), c’est un financement annuel de 100 000$, «juste pour son fonctionnement de base». On parle ici du salaire de son employé, du loyer et de l’électricité pour le local et du transport pour la nourriture offerte par Moisson Rive-Sud, notamment.

«Au fond, 100 000$ pour 250 foyers et 60 à 70 familles qui viennent chaque semaine, ça fait pas cher la tête pour un gouvernement. On a de la difficulté à comprendre qu’un projet comme ça, dans un tel quartier, ne soit pas financé», ajoute Mme Mongrain.

 

Le Frigo du coin occupe un petit local de la Halte Marie-Rose, à Le Moyne. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)

 

Plus que du soutien alimentaire

Avant l’existence du Frigo du coin, des organismes en soutien alimentaire comme le CAPL et la Mosaïque œuvraient au sein du quartier. Mais aucun dans ce format de «marché».

«On voulait quelque chose de complémentaire aux offres qui existent déjà. Avec des plages horaires adaptées aux gens, comme le soir. Il y aussi un volet d’accompagnement, de créer des liens, de pouvoir les référer à différentes ressources», explique Fanny Labrecque, coordonnatrice au CAPL.

Selon elle, le style «marché» aide en outre à respecter la dignité des gens, qu’ils n’aient pas à attendre dans une file pour un panier qu’ils n’ont pas choisi.

«Des fois, on a des gros arrivages, la courge est très populaire en ce moment. Mais les citoyens ne savaient pas trop quoi faire avec ça, alors l’intervenante peut faire cette éducation-là. On ne voit pas ça ailleurs», soutient-elle.

D’ailleurs, les gens qui gravitent autour du projet sont unanimes : le Frigo du coin a prouvé sa nécessité. Les organismes en soutien alimentaire sont d’ailleurs plusieurs à recommander le projet à leurs membres, car eux-mêmes «sont à plein rendement».

À moins d’un mois d’une potentielle fermeture, les représentations auprès des différents paliers vont se poursuivre, dans l’espoir d’en arriver à une solution. Mais l’équipe est inquiète.

«Où vont aller ces familles-là? Si le gouvernement n’est pas capable d’investir dans un projet qui soutient un droit aussi fondamental que celui de manger, je ne sais pas vers qui on va se tourner», souligne Emilie Mongrain.

 

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