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Le phénomène préoccupant des gangs de rue

le mercredi 18 mai 2016
Modifié à 0 h 00 min le 18 mai 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

SOCIÉTÉ. Douze gangs de rue occupent le territoire de Longueuil, comptant un total de 300 membres. Leurs chiffres d'affaires combinés, provenant en grande partie de la prostitution juvénile, atteignent les 400 000$ par mois, selon le directeur général de la Maison Kekpart, Richard Desjardins. Différents acteurs œuvrant auprès des jeunes comptent mobiliser leurs efforts pour s'attaquer à ce cancer.

Des représentants du Service de police de l'Agglomération de Longueuil (SPAL), de la Commission scolaire Marie-Victorin, des centres jeunesse et d'autres organismes communautaires ont formé un comité, dont Richard Desjardins fait partie. Ils souhaitent unir leurs forces en privilégiant la prévention dans les écoles et l'intervention dans les divers lieux publics ciblés par les gangs de rue: les bars, les arcades, le métro, etc.

Les interventions visent les jeunes filles qui sont présentement prisonnières de ce milieu, mais aussi les personnes à risque. «Ce sont souvent des jeunes qui n'ont pas de contact avec leurs parents, qui ont une très faible estime d'eux-mêmes et qui ont de mauvaises fréquentations», établit M. Desjardins.

Heureux de cette nouvelle concertation des différents intervenants, le directeur général de la Maison Kekpart déplore tout de même le manque d'acteurs sur le territoire. «Nous aimerions avoir d'autres partenaires en Montérégie. À Longueuil, il n'y a que nous, puis Macadam Sud aussi sur le terrain.»

Longueuil fait partie des cinq villes priorisées par le ministère de la Sécurité publique afin de lutter contre la prostitution et les gangs de rue. Des subventions sont prévues cinq prochaines années.

Plus facile aujourd’hui

Si la prostitution et les gangs de rue ne datent pas d'hier à Longueuil, un nouveau facteur est entré en jeu au cours des dernières années: les médias sociaux.

«Le recrutement est maintenant plus facile pour les milieux de délinquance. Avant, ils devaient fréquenter les filles à l'école, dans les bars, entre l'école et la maison. Maintenant, tout se fait par Internet, même te commander une fille», relève Richard Desjardins.

Il importe ainsi de sensibiliser les jeunes aux techniques employées par les gangs de rue pour recruter des filles. «La lune de miel dure un mois: la <@Ri>dope<@$p> est fournie, il achète plein de bijoux, de vêtements, il est gentil. Après, il dit: "maintenant, tu dois travailler pour moi". Il sait où habite la famille de la fille et peut s'en servir comme menace.»

Les recruteurs s'assurent aussi que les ponts avec la famille, les amis et l'école soient coupés.

Parents à l’affut

Le travail de sensibilisation doit donc aussi s'effectuer auprès des parents, qui doivent demeurer à l’affût de certains signes, croit Richard Desjardins.

«Si votre fille arrive toujours avec de nouveaux vêtements, si elle délaisse ses amis, confronte sa famille, connaît de moins bons résultats scolaires et développe des problèmes de comportements, prenez deux minutes pour y penser.»

Et si ce sont entre autres les gangs de rue qui dirigent la business de la prostitution juvénile, ils ne la font pas vivre seuls, rappelle M. Desjardins.

«Il n'y a pas un jeune de 18 à 25 ans qui peut se payer une prostituée à 100 ou 150$ l'heure», lance-t-il simplement.