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L’Electrip, le petit autobus électrique de Longueuil qui voit grand

Il y a 11 heures
Modifié à 14 h 02 min le 14 février 2025
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Ancien ingénieur chez Bombardier, Jonathan Beaulieu travaille sur l’Electrip depuis près de 10 ans. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)

Le prochain autobus à joindre les flottes de transport en commun en Amérique du Nord pourrait bien avoir été conçu à Longueuil. Et pour le cofondateur de l’entreprise Letenda, Jonathan Beaulieu, il ne fait aucun doute que l’Electrip cadrerait avec les besoins actuels de l’industrie.

Plusieurs mois après avoir complété ses derniers essais à Saint-Eustache, l’Electrip est stationné dans un quartier industriel de Longueuil, lors de la visite du journal.

C’est ce modèle qui a permis à l’entreprise de tester son innovation avec les sociétés de transport, aéroports et campus d’université, notamment.

«On a fait des démos un peu partout au Canada et aux États-Unis avec ce véhicule-là», explique fièrement Jonathan Beaulieu, un ancien ingénieur de chez Bombardier qui a monté le projet avec un autre ancien de Bombardier, Nicolas Letendre.

Les essais à Saint-Eustache, qui ont duré six mois, se voulaient donc en quelque sorte la fin de la phase de développement de ce midibus électrique.

«Ça s’est super bien passé! Il n’y a eu aucun bris sur le véhicule qui a empêché les opérations pendant les 6 mois. Ces tests-là ont permis de valider les chiffres d’autonomie qu’on disait dans nos brochures», ajoute le cofondateur.

Budgets serrés, cibles pour électrifier

Neuf ans après sa fondation, Letenda est ainsi fin prête pour la prochaine étape : la production.

Et dans le contexte actuel – restrictions financières, cibles importantes d’électrification des flottes d’autobus d’ici 2030 –, Jonathan Beaulieu voit en son midibus un compromis idéal pour desservir une partie des trajets.

«On n’essaie pas de remplacer les bus sur les grandes avenues. Il y a des trajets qui ont besoin de grands autobus. Mais on doit aussi offrir du service sur le reste du territoire et ces véhicules-là n’ont pas besoin d’avoir 80 places. 44 places, c’est bien suffisant!» assure-t-il.

Celui-ci indique que 20% des véhicules du transport collectif en Amérique du Nord ont la dimension de l’Electrip (30 pieds), un chiffre «qui pourrait grandir avec l’électrification des transports». Il réitère en outre que son entreprise est la seule en Amérique du Nord dans ce créneau.

 

L’Electrip peut se brancher à n’importe quel garage de transport collectif adapté aux autobus électriques. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)

 

Fabriquer le midibus, la partie facile

Le principal défi dans le monde de l’autobus électrique? Certainement pas de développer et fabriquer le véhicule. «C’est là-dedans qu’on est bon!» lance Jonathan Beaulieu, avant d’ajouter que les défis viennent «des autres éléments».

Les défis logent plutôt dans la question du financement postpandémique, alors que plusieurs projets d’électrification ont ralenti et que l’intérêt des sociétés de transport ne s’est pas concrétisé.

Mais l’entrepreneur évoque également le cas d’entreprises en électrification qui ont eu leur part de difficultés au cours des dernières années.

«C’est sûr que ç’a donné une ombre sur le reste de l’industrie. D’un point de vue investisseur, le véhicule électrique est moins à la mode qu’il y a 4, 5 ans. Sans savoir comment ça se passe ici, comment on se positionne, nos objectifs, l’industrie de l’investissement va plus vers les technologies comme l’intelligence artificielle», reconnait-il.

«Mais il y a quand même un besoin en électrification des transports, les sociétés nous disent qu’elles en ont besoin, les cibles du gouvernement sont encore là, alors on continue de se positionner là-dedans», nuance le cofondateur de Letenda.

C’est d’ailleurs plein d’optimisme qu’il répond lorsqu’on lui demande où il voit l’Electrip dans les 10, 15 prochaines années.

«On en voit partout en Amérique du Nord! C’est une dimension vraiment intéressante pour débuter dans un marché et on n’est pas en compétition contre d’autres manufacturiers canadiens dans le transport collectif!» soutient-il.

 

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