Les candidats à la mairie de Longueuil s’expriment sur l’environnement
Les candidats à la mairie de Longueuil étaient réunis mardi soir, au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke, pour discuter d’environnement, à l’invitation du groupe citoyen La Planète s’invite au Parlement-Longueuil.
Eau potable et déversements
Concernant la gestion de l’eau potable, tous les candidats se sont d’abord entendus pour dire que de la sensibilisation et de l’éducation devront être faits auprès des citoyens pour qu’ils modifient leurs habitudes de consommation.
«Il va aussi falloir instaurer graduellement une tarification volumétrique des services d’eau pour le secteur des industries et des commerces», a également avancé Josée Latendresse.
«On peut prendre exemple sur des bons modèles, a quant à elle proposé Catherine Fournier. Des villes ont établi certains programmes d’incitatifs pour l’acquisition de bacs récupérateurs d’eau de pluie, par exemple.»
Jean-Marc Léveillé, lui, a retourné la responsabilité vers la Ville. «Il y a à peu près 30% de l’eau potable chaque année qui est perdue dans le sol à cause d’une fuite d’aqueduc. On peut demander aux citoyens de faire attention, mais la première qui doit faire attention, c’est la Ville elle-même.»
S’il a appuyé les propos de son adversaire quant à la responsabilité de la Ville dans le gaspillage d’eau potable, Jacques Létourneau a ajouté que «ça ne vient pas dédouaner la responsabilité des citoyens par rapport à l’utilisation de l’eau». «Mais je pense qu’il faut y aller avec une approche non coercitive. Ça ne sert à rien de mettre en place une police d’utilisation de l’eau.»
Concernant le nombre alarmant de déversements d’eaux usées dans le fleuve relevés à Longueuil au cours des dernières années, les candidats ont présenté diverses solutions.
Si Jacques Létourneau s’est engagé à construire le plus rapidement possible une nouvelle usine d’épuration, ses adversaires croient qu’il faut d’abord et avant tout investir dans la mise à niveau des infrastructures actuelles.
«La principale cause des déversements d’eaux usées, c’est quand il pleut trop, parce qu’on a encore beaucoup trop d’égouts pluviaux qui se versent dans les égouts, a expliqué Jean-Marc Léveillé. La première chose à faire est de mettre les tuyaux à la bonne place pour s’assurer que l’eau arrive à la bonne place.»
Gestion et réduction des déchets
En ce qui a trait à la gestion et à la réduction des déchets, Josée Latendresse croit que tout un travail doit être fait en amont et en aval du ramassage.
«Présentement, on a peu d’installations pour être capables de trier, transformer, recycler et même biométhaniser. Le traitement doit être fait à proximité pour être efficace.»
Rappelant que malheureusement, une partie du recyclage se retrouve encore dans les sites d’enfouissement, Jacques Létourneau croit qu’une stratégie gouvernementale est nécessaire. «Il y a des pas qui ont été faits, mais il y a tout un travail d’éducation à faire. Combien de gens nous disent : ramener les poubelles à toutes les semaines? Quand on fait un pas en avant, il ne faut pas faire un pas en arrière. Il faut éduquer les gens, leur expliquer.»
«À première vue, il manque effectivement de recycleurs, a avancé Jean-Marc Léveillé. Pourquoi? Parce que notre recyclage est mal fait. Les produits qu’on envoie sont de mauvaise qualité. Alors la première chose, c’est de s’assurer de la qualité du recyclage.»
«Il faut tout faire pour réduire la production de déchets à la source, alors c’est clair qu’il faut agir vers le zéro déchet, a soutenu Catherine Fournier. On s’engage aussi à évaluer la performance de nos centres de tri et à rendre publiques les données quant à la quantité des matières résidentielles qui sont recyclées et les rejets annuels qui s’en vont à l’enfouissement.»
Urbanisme et îlots de chaleur
Deux candidats ont ciblé le redéveloppement du boul. Taschereau dans la lutte aux îlots de chaleur.
«Notre première priorité va être de reconfigurer le boul. Taschereau d’un bout à l’autre et d’en faire un endroit où il va y avoir des arbres, du logement social, du logement abordable, et tout ça, dans une mesure compatible avec notre plan d’environnement», a expliqué Jean-Marc Léveillé.
«C’est une horreur!, a quant à lui lancé Jacques Létourneau au sujet de l’importante artère. Alors qu’on parle d’un axe Panama/métro Longueuil qui passe par Taschereau, il faut planifier quelque chose d’autre que ce que l’on connaît pour l’impact environnemental, mais aussi comme modèle de consommation.»
«Il faut verdir les quartiers, a quant à elle lancé Catherine Fournier. Quand on fait de la densification, il faut éviter à tout prix d’enlever les arbres matures qui participent à garder un peu de fraîcheur et il faut intégrer des critères dans les nouvelles constructions pour que des espaces verts soient prévus.»
«Au niveau des nouveaux développements, va falloir qu’on les réfléchisse beaucoup plus globalement, a affirmé Josée Latendresse. On a perdu une grande part de notre canopée avec l’agrile du frêne. On a été extrêmement lents à réagir face à cette problématique; il va falloir qu’on soit beaucoup plus proactifs.»
Milieux naturels et biodiversité
Afin de protéger les milieux naturels et la biodiversité, Josée Latendresse croit à nouveau qu’il faudra travailler en amont.
«Lorsqu’on protège un milieu naturel, pour être capable de le faire respecter, il faut réfléchir la relation qu’on a avec nos développeurs. Jusqu’à maintenant, on n’a pas suffisamment travaillé avant les développements», a-t-elle affirmé.
Rappelant de son côté qu’un peu plus de 35% du territoire de Longueuil est déjà protégé, Jean-Marc Léveillé a soutenu qu’il faudra «revoir les façons de faire». «Parce que juste protéger des zones, à un moment donné, on va empiéter même dans les chambres à coucher. C’est pour ça qu’on veut créer des forêts urbaines sur des secteurs que l’on peut densifier en termes d’arbres.»
Pour Jacques Létourneau, «c’est plus facile de parler de la protection de l’environnement que de le mettre en pratique». «Tout le monde est pour la protection de l’environnement, mais quand il s’agit de créer des emplois, c’est toute une partie de bras de fer avec les gens. Mais je l’ai toujours dit, l’enjeu du développement durable ne peut pas toujours tomber du côté de l’économie. Il faut avoir le courage politique de dire non.»
«Il faut justement avoir l’ambition de le faire et à la Coalition Longueuil, c’est justement notre proposition phare, soit celle de protéger 1500 hectares de milieux naturels, a enchaîné Catherine Fournier. La préservation des boisés et des milieux humides en milieu urbain, c’est une des meilleures stratégies de lutte contre les changements climatiques parce que ce sont les puits de captation du carbone les plus importants.»
Transports collectif et actif
Afin de combattre le recours à l’auto solo et d’encourager les gens à utiliser le transport collectif, les candidats s’entendent pour dire qu’il faut améliorer l’offre de services.
«Il faut réfléchir les circuits entre les quartiers et les arrondissements pour qu’on soit capables d’offrir beaucoup d’options est-ouest, pour que ce soit facile et simplifié», a avancé Josée Latendresse.
«Le métro se terminait à Longueuil en 1967; 50 ans plus tard, il se termine toujours à la même place, a quant à lui déploré Jacques Létourneau. Ce qui me préoccupe est qu’on parle de terminer le deuxième lien dans l’est de Montréal en 2029. Longueuil, c’est pour quand? 2039? 2049? Moi je vais me battre auprès de Québec pour avoir une date.»
Si Catherine Fournier appuie le développement d’un lien structurant est-ouest, elle croit qu’il faut bien desservir l’ensemble des quartiers. «Il faut appuyer le plan stratégique du RTL, qui propose entre autres le déploiement de nouvelles lignes d’autobus, notamment dans les secteurs plus négligés.»
Mais selon Jean-Marc Léveillée, ces projets verront le jour si Longueuil exige sa part du gâteau.
«Il faut se repositionner à l’ARTM [Autorité régionale de transport métropolitain] et ça presse. Ça prend un leadership dans ce groupe-là qui va arrêter de faire en sorte que Montréal pige dans le plat de bonbons et que Québec se fasse des tunnels à 10 G$.»
Les candidats se sont par ailleurs entendus sur le fait que les aménagements et la signalisation pour le transport actif, de même que la sécurité des cyclistes et piétons, doivent être améliorés.
Engagement et comportement citoyen
Finalement, pour convaincre les citoyens de l’importance de poser des gestes pour combattre les changements climatiques, les candidats ont proposé des moyens diversifiés, mais ont tous prôné la cohérence et le leadership de la Ville.
Jean-Marc Léveillé a proposé d’avoir un bureau de l’environnement qui donnerait aux citoyens l’information requise et pourrait conseiller la Ville pour lui permettre de prendre des décisions éclairées.
En plus de vouloir encourager la participation citoyenne, Catherine Fournier a suggéré que la Ville se dote d’un Plan d’exemplarité environnementale et qu’elle dresse son bilan carbone pour voir comment diminuer sa production de GES.
Jacques Létourneau a rappelé l’importance de ne pas culpabiliser les gens, mais plutôt de mieux les informer et de travailler en collaboration avec les organisations du milieu pour changer les habitudes et les façons de faire.
Josée Latendresse a quant à elle proposé des incitatifs pour encourager la voiture électrique, entre autres par l’ajout de bornes de recharge et la possibilité pour les voitures électriques d’utiliser les voies réservées.
Activités de l’aéroport
Le sujet de l’aéroport de Saint-Hubert et de son développement est évidemment revenu sur la table lors du débat.
«Notre première priorité va être de négocier la cessation des vols de nuit non urgents, s’est engagé Catherine Fournier. Par rapport au projet de développement, ce qui va devoir être pris en compte dans une future consultation citoyenne, c’est intégrer la gestion environnementale dans les données qui seront analysées.»
«L’aéroport va se développer; il ne faut pas faire croire aux gens qu’il ne se développera pas, a quant à lui avancé Jacques Létourneau. Ce n’est pas un sacrilège de parler de développement économique et de redistribution de la richesse, mais il faut que ça se fasse dans l’acceptabilité et en tout respect de l’environnement.»
«C’est sûr qu’on a été déçus quand DASH-L a sorti son plan d’affaires, a affirmé Josée Latendresse. Ça baigne dans un pôle d’innovation et on arrive avec un plan d’affaires qui donne l’impression d’être déjà dans le passé. Il va falloir qu’on réfléchisse à quelque chose d’autre. Et on ne sera jamais partenaire d’un plan qui empêche les citoyens de dormir.»
Si Jean-Marc Léveillé souhaite lui aussi faire de Saint-Hubert un pôle de nouvelles technologies en aéronautique, il ajoute qu’au niveau de la gouvernance «il est temps qu’on mette DASH-L au pas. Ça fait 20 ans que les plans sont déposés et qu’ils ont un plan de développement économique qui est un échec. Cet échec-là fait en sorte que Longueuil ne bénéficie pas du développement de l’aéroport.»