Les hôpitaux Pierre-Boucher et Charles-LeMoyne à capacité maximale aux soins intensifs
Depuis les dernières semaines, la situation s’est particulièrement aggravée aux soins intensifs des hôpitaux Pierre-Boucher et Charles-Le Moyne. À l’hôpital Charles-Le Moyne, le nombre de patients COVID aux soins intensifs a doublé depuis la période avant les Fêtes. Entre 12 et 14 lits de l’unité COVID des soins intensifs sont occupés, et une forte majorité de ces patients sont intubés. Les 16 places de la section «verte» des soins intensifs sont également comblées. À cela s’ajoute la trentaine de patients atteints du coronavirus soignés sur les étages. «On est à capacité maximale», indique le chef des soins intensifs Dr Germain Poirier, qui n’hésite pas à dire que le centre hospitalier est dans une situation «assez critique», comme bon nombre d’autres hôpitaux du Grand Montréal. À l’hôpital Pierre-Boucher, quant à lui identifié depuis le 18 décembre comme étant dans une situation critique, l’entièreté des 15 à 16 lits des soins intensifs sont occupés et, en date du 5 janvier, 10 d’entre eux l’étaient par des patients atteints de la COVID. Des gens qui se présentent à l’urgence et dont la condition nécessite une hospitalisation sont transférés vers d’autres centres hospitaliers. À ceux qui affirment que le réseau de la santé est toujours saturé, l’intensiviste et cardiologue Dr Lior Bibas rappelle qu’une maladie très contagieuse et sévère est maintenant dans l’équation. «On est à 120%. Oui, c’est toujours comme ça, mais là, c’est juste pire.» Le pire à venir ? C’est toutefois ce qui attend le centre hospitalier pour les prochains jours qui «inquiète beaucoup» le Dr Bibas. Jusqu’à maintenant, très peu de personnes ayant contracté la COVID-19 lors de rassemblements du temps des Fêtes se sont présentées à l’urgence. «Dans le cours normal des choses, ça peut prendre 5, 10 ou même 14 jours avant l’apparition de symptômes. Et les gens viennent à l’hôpital environ une semaine après les premiers symptômes», analyse-t-il. Il anticipe que ces cas se manifesteront donc dès la semaine prochaine. [caption id="attachment_89985" align="alignright" width="355"] Dr Germain Poirier, chef des soins intensifs de l’Hôpital Charles-Le Moyne[/caption] «Ma crainte, c’est lorsqu’il n’y aura plus d’hôpital où transférer les patients. On sera forcé d’agrandir nos soins. On a l’espace, les équipements, les médecins, mais pas le personnel infirmier et le personnel de soutien, s’inquiète-t-il. On se retrouvera dans une situation où on ne pourra pas offrir les meilleurs soins.» Le Dr Germain Poirier anticipe aussi une telle recrudescence. «Avant les Fêtes, on ne pensait pas que ce soit possible qu’il y ait une explosion de cas [aux soins intensifs]. Maintenant, tous les scénarios sont possibles», est-il forcé de constater. À qui la faute? Le Dr Lior Bibas soutient que «l’enjeu majeur, c’est la fatigue COVID [qui entraîne un relâchement dans la population] et les rassemblements. Il faut réduire ces contacts, pour protéger tout le monde. Je comprends l’escalade de moyens du plan du gouvernement.» «On doit faire plus, car ça ne marche pas en ce moment», tranche-t-il.