Lettre ouverte de Sylvie Parent: Protection du français: les élus du conseil devront s’engager à ce que Longueuil soit exemplaire
Le déclin de la langue française au Québec est un phénomène documenté et démontré depuis fort longtemps. Afin d’inverser cette tendance qui s’accélère, il est impératif d’agir sur tous les éléments de l’écosystème linguistique pour que le français retrouve sa vitalité d’autrefois. La version originale de la loi 101 imposait l’unilinguisme français en matière d’affichage et de justice, obligeait les enfants d’immigrants et les francophones à fréquenter les institutions primaires et secondaires de langue française, agissait sur la langue du travail et des affaires et dictait la langue qui devait être utilisée par le gouvernement du Québec et par les municipalités. En agissant sur tous les fronts, la Charte de la langue française devait faire en sorte que le français devienne et demeure la langue commune dans l’espace public tout comme l’anglais est la langue commune à Toronto, Calgary, Edmonton ou Vancouver. Le ministre Simon Jolin-Barette affirme depuis plusieurs mois que des mesures costaudes seront adoptées par le gouvernement du Québec et que la Charte de la langue française sera complètement révisée et adaptée à la réalité actuelle. L’un des éléments phares de la nouvelle mouture de la loi 101 devrait être, à mon avis, l’exemplarité de l’État en matière linguistique. L’exemplarité linguistique pour un gouvernement se décline par le biais de la langue utilisée par les employés de l’État lors des interactions directes à l’oral et à l’écrit avec les citoyens ou encore par la langue des communications numériques utilisée pour transmettre de l’information. Si tous les échanges entre l’État et ses citoyens se font en français, alors sa position ne suppose aucune ambigüité pour les nouveaux arrivants : la langue commune de l’espace public est le français. Malheureusement, à Longueuil, plusieurs élus indépendants ou faisant partie de l’opposition officielle sont en faveur d’assouplissements linguistiques afin de rendre disponible en anglais et dans toutes les langues du monde un outil de communication de premier plan comme le site Web de la Ville. Les principaux arguments de cette position sont l’ouverture sur le monde et l’accessibilité universelle à l’information diffusée par une ville pour ses citoyens. Conséquemment, la Ville de Longueuil, municipalité de langue française dont le nombre de nouveaux arrivants croît année après année sur son territoire, se verrait encore contrainte de ne pas imposer le français comme langue commune. À titre d’exemple, le parti de l’opposition officielle va même jusqu’à publier une version anglaise de tous ses communiqués. Et lorsque des citoyens les questionnent à ce sujet lors de la séance publique du conseil de ville, ils affirment que ce n’est pas le temps de réveiller le dragon des vieilles chicanes linguistiques. Ce que ces élus disent tout haut à ceux qui n’ont pas le français comme langue d’usage : « There is no need to learn french ! Keep using english ! ». À titre de mairesse de Longueuil, j’affirme haut et fort que notre ville doit désormais être exemplaire en matière de langue si l’on veut contribuer à l’effort collectif et faire du français la seule véritable langue commune de l’espace public et endiguer l’anglicisation en cours. À cet effet, lors de la séance du conseil de ville du 20 avril, j’ai déposé une résolution qui amènera les élus à se prononcer sur l’urgence d’agir en matière linguistique. Je souhaite ardemment que cette résolution soit adoptée à l’unanimité et que toute action qui va à l’encontre de l’exemplarité de l’État dans l’usage du français soit rectifiée. Longueuil, cinquième plus grande ville du Québec, doit se positionner fièrement et de manière intransigeante en faveur de la protection de la langue française. Sylvie Parent, mairesse de Longueuil