Location à court terme à Longueuil : 325 inscriptions officielles, pour le meilleur et pour le pire
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Depuis mars 2023, la Ville a reçu moins d’une dizaine de plaintes de citoyens, transférées à Revenu Québec. (Photo: Le Courrier du Sud – Valérie Lessard)
Voilà maintenant un an et demi que la Loi sur l’hébergement touristique permet la location à court terme sans qu’un règlement municipal ne puisse l’interdire. Une permission assortie de l’obligation de détenir un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). À Longueuil, on compte 325 inscriptions officielles.
Et depuis mars 2023, la Ville a reçu moins d’une dizaine de plaintes de citoyens, transférées à Revenu Québec. Les inspecteurs sont intervenus dans une dizaine de dossiers pour une première inspection.
«Les désagréments qui sont causés à Longueuil ou ailleurs le sont plus en fonction du type de locataire qui décide de faire du bruit et de ne pas respecter l’harmonie des quartiers résidentiels, expose la Ville. En cas de nuisance dans les rues, le SPAL [le Service de police de l’agglomération de Longueuil] doit être contacté.»
La Ville n’évoque pas d’enjeu quant à des inscriptions sans numéro d’enregistrement.
Dans un quartier tranquille
Un résident de l’arr. de Saint-Hubert a contacté le Journal pour faire état des changements qu’il observe dans sa rue, depuis qu’un voisin opère un Airbnb dans le sous-sol de sa résidence.
«C’est tous les jours, on voit des gens des États-Unis, de l’Ontario, des Maritimes. Il y a constamment du va-et-vient, relate-t-il. Ça roule vite, alors qu’on est un quartier tranquille, avec des familles et de jeunes enfants.»
«Ça brise la tranquillité du quartier, renchérit un autre voisin. Certains font des <@Ri>check-in<@$p> tard la nuit.»
Des comportements jugés douteux ont aussi été observés durant une nuit de juillet. Les deux résidents évoquent de jeunes femmes attendant dans des voitures et des échanges d’argent, ce scénario se produisant à répétition pendant quelques heures. Des cris et du bruit ont dérangé le voisinage.
«On peut lire entre les lignes, ce n’était pas un party de jeux vidéo, insinue le voisin. Ça fait partie de notre paysage, on n’a pas choisi ça.»
Les policiers sont intervenus durant la nuit et le lendemain. Le SPAL indique qu’aucun constat n’a été émis, et que les propriétaires ont été interpellés.
Cette nouvelle réalité dérangerait plusieurs résidents de cette rue de l’arr. de Saint-Hubert.
«Le quartier est vraiment contre ça. Surtout que ça peut avoir une incidence sur le prix de nos maisons», craint-il.
Les citoyens qui ont discuté avec le Journal souhaitaient témoigner de façon anonyme, craignant d’être identifiés par le propriétaire qui loue le logement dans son sous-sol sur Airbnb.
« Fléau »
L’un des deux résidents a dénoncé le problème auprès de sa conseillère municipale et de la Ville de Longueuil, en juillet dernier. Celle-ci confirme avoir transféré sa plainte à Revenu Québec, responsable d’inspecter en cas de déclaration frauduleuse, notamment. Ses enquêtes sont confidentielles.
«Mais ce n’est pas le problème de Revenu Québec, la tranquillité des quartiers!» lance le citoyen.
Il questionnait aussi la légalité du logement situé au sous-sol, sans adresse distincte de celle de la maison. Cette situation est toutefois conforme à la définition de résidence principale telle que stipulé par la Loi sur l’hébergement touristique.
Le deuxième citoyen déplore que la Loi sur l’hébergement touristique ait «pelleté le problème» des enjeux de cohabitation aux quartiers.
«La Ville s’en lave les mains, les policiers ont autre chose à faire. La loi est un peu sortie de nulle part. Au lieu d’ouvrir les valves, ils devraient s’assurer que les personnes qui souhaitent avoir un Airbnb aient l’autorisation du voisinage, suggère-t-il. Là, c’est à nous de se battre pour faire renverser ça.»
Depuis l’entrée en vigueur de la loi provinciale, les recours des villes pour encadrer l’hébergement temporaire dans les résidences principales sont limités.
«La Loi permettrait aux municipalités d’interdire, zone par zone, les établissements d’hébergement principal. Cela représente la tenue de démarches référendaires complexes pour chacune des ±1800 zones du territoire», explique la Ville.
Des démarches que la Ville a décidé de ne pas entamer. «Cependant, nous continuons d’épauler les citoyens qui pourraient vivre des désagréments», assure-t-elle.
Aucune nouvelle zone d’hébergement touristique commerciale n’est ajoutée sur le territoire.