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Logements abordables : abordables pour qui, demandent lecteurs et experts

le vendredi 10 mai 2024
Modifié à
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Un projet de logements locatifs verra le jour sur le site de l’ancien motel Royal-Labarre, à Longueuil. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Archives)

L’annonce de la construction de logements abordables sur le site de l’ancien motel Royal-Labarre à Longueuil a fait fortement réagir nos lecteurs, dont plusieurs ont critiqué l’utilisation du terme «logement abordable» pour des logements locatifs entre 1300$ et 2000$ par mois. Le Courrier du Sud a donc sondé deux intervenants pour approfondir la question.

Selon la définition de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), «un logement est considéré comme abordable s’il coûte moins de 30 % du revenu avant impôt du ménage».

On parle ainsi d’un revenu par ménage au minimum entre 52 000$ et 80 000$ par année pour que ces logements soient considérés comme abordables, selon cette définition.

Yvon Rudolphe, chargé de cours au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l'ESG UQAM, croit pour sa part que le terme «logement abordable» relève de la sémantique marketing et politique.

«Il s’agit toujours de voir ce que l’on veut dire en bout de ligne. On sous-tend que ça devrait être abordable, mais abordable pour qui?» relève-t-il.

«Ce que la SCHL définit, elle calcule ça sur le revenu brut, avant impôt. Bon, évidemment, tout le monde paie des impôts, c’est ce qui nous reste dans les poches qui est important», ajoute M. Rudolphe.  

«Pas du tout»

Lorsqu’on lui demande si ces loyers peuvent être considérés comme du logement abordable, Marco Monzon est catégorique : «non, pas du tout».

«Certains programmes du fédéral – c’est quelque chose qu’on leur a apporté –, quand ils font des projets et parlent de logement abordable, ils vont se baser sur la moyenne ou le loyer médian sur le territoire. Et souvent, ça reste très élevé, surtout maintenant qu’on voit comment les coûts augmentent», indique le directeur général du Comité logement Rive-Sud.

M. Monzon reproche en outre l’utilisation du terme logement abordable «comme une ligne de presse».

«Si on parle de logement abordable, il faut dire clairement c’est abordable pour qui. Parce que les premières personnes frappées par la crise du logement, ce sont les ménages à faible revenu», ajoute-t-il.

Celui-ci voit davantage pertinente la construction de logements sociaux avec le Programme de supplément au loyer, qui assure par exemple qu’un locataire paie 25% de son revenu. «Là, on sait que c’est abordable, parce qu’il reste 75% de l’argent aux gens», souligne M. Monzon.

 

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