Actualités

Longueuil : évaluation archéologique pour documenter le passé

le mardi 27 août 2024
Modifié à 14 h 59 min le 27 août 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

En prévision de la construction en 2026 de la nouvelle usine d'eau potable Mario-Petrone, qui s’élèvera près de l’ancienne usine datant de 1943, la Ville de Longueuil a mandaté une analyse archéologique du terrain situé entre les rues de Châteauguay et Jean-Béliveau, à la hauteur de la route 132. Ce site abritait autrefois, au 19è siècle, le terminus du chemin de fer du Grand Tronc. Des maisons d’employés de la compagnie s’y dressaient également sur l’emblématique Brick Row

C’est la pause au chantier archéologique lors du passage du Courrier du Sud. Quatre tranchées profondes de plus ou moins deux mètres sont creusées. Archéologue chez Archéo consultant, François Guindon explique la démarche en cours.

Une bouteille intacte de liniment Ménard. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault) 

«On évalue la présence et l’état des vestiges archéologiques avant la construction de la nouvelle usine Mario-Petrone. On sait qu’il s’agit d’un endroit sensible, indique-t-il. Ça ne veut pas dire que les vestiges ne seront pas détruits, mais il y a beaucoup de mesures que nous pouvons prendre pour les documenter avant qu’ils ne soient détruits.»

Plaque tournante 
La nouvelle usine sera construite à l’emplacement de l’ancien terminus du Grand Tronc, premier réseau international de chemin de fer en Amérique qui reliait Longueuil à Portland, dans le Maine. «Comme il n’y avait pas encore de pont reliant Montréal à la rive-sud, les marchandises et passagers étaient transportés d’une rive à l’autre par traversier. Ça bouillonnait d’activités ici. À cette époque, Longueuil était un nœud ferroviaire névralgique pour le Canada», rappelle avec passion M. Guindon.

Biberon intact
Plusieurs objets et fragments d’objets divers reposent dans des bacs en plastique en attendant une analyse plus poussée. «L’archéologie, ce sont avant tout des fragments. Quand on trouve une pièce de musée, on est bien content!» s’exclame le spécialiste en montrant un biberon intact de la marque Pyrex qu’il estime daté de la première moitié du 20è siècle. 

L’archéologue François Guindon montre un biberon de la marque Pyrex qui vient d’être trouvé. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Ici, un fragment de vaisselle avec des imprimés datant de la fin du 19è ou du début du 20è siècle, là, un éclat de céramique Buckingham datant de la même époque. Même un bouchon de verre de sauce HP datant de plus d’un siècle! «À cette époque, on ne faisait pas table rase comme aujourd’hui avant de construire. On démolissait les vieux bâtiments, on étendait du sable pour faire une couche égale et on reconstruisait par-dessus», explique l’archéologue.

Dans l’une des fosses, on remarque la présence de traces de briques rouges et de mortier, souvenirs effacés des maisons en briques rouge du Brick Row construites pour les employés du Grand Tronc. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Une résidante du secteur, Isabelle Nadeau, ignorait ce qui se passait et s’est arrêtée pour en savoir plus, au grand plaisir des archéologues prêts à répondre à ses questions. «C’est intéressant de connaitre l’histoire de Longueuil de cette façon. Je n’avais aucune idée qu’il y avait un terminus ferroviaire ici-même au 19è siècle.»

Une passante, Isabelle Nadeau, s’entretient avec un archéologue. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault) 

Laboratoire et présentation
Un laboratoire sera ouvert au public jeudi prochain, 29 août, au Centre culturel Jacques-Ferron. Sur place, les gens pourront participer au traitement des artéfacts découverts en compagnie d’archéologues qui leur apprendront les bases du traitement de la culture matérielle. L’activité est gratuite mais il faut s’inscrire sur Ovation.

Une présentation des résultats de l’inventaire archéologique aura lieu en décembre. 

Les maisons en briques rouge construites pour les ouvriers du Grand-Tronc, le Brick Row. (Photo: Le Monde en Images, 20530)

Pour en savoir plus sur l’histoire du chemin de fer à Longueuil, consultez l’article suivant publié dans Le Courrier du Sud en 2019.